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Toulouse and 2 losers | S01E06 - Heurts & bonheurs... Part 2

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Dexter1309
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Re: Toulouse and 2 losers | S01E05 - Du bénéfice du doute

Message par Dexter1309 » lun. 30 janv. 2012 9:40

Nacer Barazite qui a signé à Monaco :oops:

fan de ce joueur depuis pas mal de parties
Seule la victoire est belle....c'est pour cela que je hais la défaite


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elvis
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Re: Toulouse and 2 losers | S01E05 - Du bénéfice du doute

Message par elvis » mar. 31 janv. 2012 16:59

J'ai enfin refait tout mon retard mon cher Charly :) . Franchement j'adhere, c'est prenant et trés bien écrit mais en meme temps t'es journaliste ^^ J'aime beaucoup comme Ivo le personnage Debeve au deux personalité :mrgreen:

J'avoue que j'aimerais bien un peu plus d'extra-sportif mais bon comme tu dis si bien c'est ton staile ! :wink:


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Charles Le Téféciste
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Re: Toulouse and 2 losers | S01E05 - Du bénéfice du doute

Message par Charles Le Téféciste » ven. 03 févr. 2012 0:21

:161: ivo : merci merci d'être passé par là pour laisser un com' mon ami portugais ! (dans la vraie vie d'IRL j'ai une bonne amie qui a trouvé l'amour du côté de Lisboa. Il s'appelle Jaime. Il a la trentaine... tu le connais ? :mrgreen: ) effectivement j'essaie d'instaurer ce paradoxe dans la personnalité de Debève (intra et extra-diégétique d'ailleurs...), sinon côté résultats y a des hauts et des bas...
:161: dexter : effectivement j'étais content de voir qu'il avait rejoint l'ASM IRL ! j'espère qu'il leur apportera autant qu'il le fait dans ma partie, très utile et surtout polyvalent : il peut évoluer MOD, MOG et MC ! parfait pour ma compo :roll:
:161: elvis : merci cher ami de laisser tes impressions ! et encore content que tu aimes aussi ce cher coach picard :hooo: pour l'extra-sportif je vais tenter d'en apporter un peu plus, mais j'ai déjà tant à faire sur la vie sportive du club, de l'entraîneur aux joueurs, leurs envies d'ailleurs, les joueurs à superviser, etc. :hehe:

en tout cas, merci à tous les trois d'être passés par là !

la suite très très vite... (finalement l'épisode 6 sera sûrement en 2 parties...) :wink:
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Charles Le Téféciste
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Re: Toulouse and 2 losers | S01E05 - Du bénéfice du doute

Message par Charles Le Téféciste » lun. 20 févr. 2012 1:49

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Heureusement qu'il est là. Heureusement qu'Aymen Abdennour est là. C'est, à peu de choses près, ce que doit se dire Mickaël Debève, regard éteint, en ce mardi matin de pluie. Face à lui, Julien Ricarrere, kiné du club, attend quelques secondes avant de se lever et de laisser le coach seul avec ses pensées. Sur le bureau, un dossier médical : il concerne Daniel Congré. Il y est écrit, entre autres, fracture de fatigue du bas du dos. "Putain, sept semaines", finit par souffler l'entraîneur. Le mois de novembre commence bien mal.

Le lendemain, à l'entraînement, Mika est toujours aussi sceptique. Sa défense est décimée. Ninkov et Congré sont blessés pour près de deux mois chacun. Momo Fofana peine à retrouver sa forme d'antan et enchaîne les prestations médiocres avec la CFA 2, au point que sa prolongation de contrat tarde à être validée. Restent Abdennour et Mbengue, heureusement solides et qui répondent présent. Et puis deux jeunes : Rémi Vasseur, titulaire à droite à défaut de mieux, et Giuseppe Prestia, qui va avoir plusieurs matches devant lui pour prouver au staff qu'il mérite les louanges et les espoirs placés en lui. Les semaines qui arrivent vont décider beaucoup de choses, estime Mickaël Debève, notamment pour ces deux jeunes footballeurs. Mais encore une fois, Mika fait avec ce qu'il a. Il a bien essayé d'en parler avec son président, de mobiliser ses recruteurs, les finances ne sont pas au mieux. "Sans les droits télé, il n'y a rien, a répondu Sadran. Et sans départ, pas d'arrivée." Seulement voilà, les seuls joueurs susceptibles de quitter le club (Devaux, Ben Yedder) ne devraient pas apporter suffisamment de liquidités. Et quant aux autres, pistés par de plus gros poissons, leur perte serait encore plus préjudiciable. Il est alors nécessaire de gagner des matches, monter au classement, attirer les lumières des projecteurs. Et espérer quelques millions supplémentaires.

Treizième journée de L1, samedi 5 novembre 2011. Les Toulousains se déplacent en terres bourguignonnes, à l'Abbé-Deschamps, avec une équipe fortement remaniée. Et ça se sent. Les hommes de Laurent Fournier, douzièmes au coup d'envoi, sont les premiers à entrer dans la partie. Profitant des errances d'une défense inédite - où culminent les trois saisons en Ligue 1 de Cheikh Mbengue - l'attaque de l'AJ Auxerre se déploie sans complexe sur une pelouse fraîche et usée. D'autant que, dans ses cages, le portier Rémy Riou, transfuge de Bourgogne cet été, peine à rassurer les siens. Après vingt minutes, d'une manchette peu académique, le jeune gardien toulousain repousse en corner comme il peut une frappe pourtant sans danger d’Édouard Cissé. Il a beau crier après Prestia et Vasseur, les arranguant d'être moins fébriles dans leur pressing, c'est bien lui qui est fautif. Sa sortie approximative sur le corner qui suit, donnant tout le loisir à Adama Coulibaly d'ajuster sa tête puissante dans le but ainsi vidé, ne fera que confirmer cette impression. Riou n'est pas dans un bon soir.

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Rémy Riou, un genou à terre ?

Et cela ne va pas en s'améliorant. Devant lui, les Toulousains se remobilisent pourtant, à l'image des ailiers Tabanou et Braaten. Ces deux-là permutent et percutent, sans arrêt, une équipe auxerroise visiblement rassasiée par l'ouverture du score. Les vagues violettes ne sont pourtant pas marrée, et Mickaël Debève prépare les mots relevés qu'il va servir à ses ouailles à la pause. Mais, alors qu'on se dirige vers la mi-temps sur ce score de 1-0 pour l'AJA, une énième percée du duo en forme change la donne. Équilibriste, Franck Tabanou trouve en bout de course son pendant norvégien Daniel Braaten qui, sans se poser de question, ajuste d'une frappe sèche Olivier Sorin. Un but partout, balle au centre. Et tout le monde aux vestiaires.

La gueulante est moins violente. Debève secoue pourtant les puces de ceux qu'il sent le plus en difficulté, prenant grand soin a contrario d'encourager ses jeunes défenseurs. Tant et si bien qu'au retour des vestiaires, tout le monde semble tirer dans le même sens. Sur une action d'école, initiée par Daniel Braaten sur le côté droit, Franck Tabanou va même doubler la mise sur un service divin de Manu Rivière, permettant au TFC de prendre l'avantage à l'heure de jeu. Les quelques supporters toulousains exultent en tribunes, et le coach peut souffler. Il ne voit pas comment les trois points pourraient s'envoler. "Plus maintenant." Et pourtant : malgré les entrées en jeu de Didot, Lazovic et Bulut, malgré une maîtrise totale du milieu, Toulouse va finir par craquer, en toute fin de match. 84e, Adama Coulibaly prend le meilleur sur Prestia de la tête, et se joue encore de Rémy Riou dans les airs. Un nouveau "passage à vide" du gardien qui coûte cher au TFC. Le ballon termine au fond des filets, ça fait 2-2. Il reste une poignée de minutes et Debève exhorte ses troupes à se "bouger le cul" pour repasser devant, mais rien n'y fait. Que ce soit la colère du coach, ou l'expulsion tardive de Willy Boly.

La semaine qui suit est tout aussi épuisante pour l'entraîneur haut-garonnais. Même si son équipe ne joue pas - c'est la trêve internationale - il est sur tous les fronts. Depuis le match d'Auxerre et la nouvelle belle performance de son milieu, buteur et passeur décisif, Franck Tabanou est annoncé un peu partout en Europe. En Italie, c'est l'Inter, en Espagne, le FC Valence, en Allemagne le Bayern et le Borussia, et enfin Liverpool en Angleterre. Si, jusque-là, Mickaël Debève ne prêtait guère attention aux rumeurs de transferts (après tout la période est propice à ces tractations), un appel reçu ce week-end l'a mis en alerte. Le "scout" violet fixé en Angleterre, Jérôme Fougeron, a récupéré du journaliste Duncan Castles une terrifiante nouvelle. Le club de Liverpool aurait bel et bien fait de Franck Tabanou sa priorité pour le prochain mercato hivernal. Et le joueur, par la voix de son agent Teo Pereira présent en fin de semaine sur le sol britannique, aurait dit oui.

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Vas-y pas Francky, c'est pas bon...

Mardi 15 novembre, quelque part dans Toulouse. Le jeune ailier blond, au visage d'ange et au verbe défavorisé, sort du bureau du boss. Sadran lui a fait comprendre qu'il ne partirait pas cet hiver, à moins d'une offre mirobolante. Le garçon ne veut pas aller au clash, à ce qu'il dit, mais a fini par avouer que la proposition liverpuldienne lui titillait les doigts de pieds. Pourtant, Sadran ne se montre pas préoccupé outre mesure, et rassure son entraîneur : "le départ de Tabanou n'est pas à l'ordre du jour." Lequel entraîneur, en tête à tête avec "Francky", en a eu la confirmation de la bouche même de l'International espoir. "Sauf si…" Sauf si. Sauf si le TFC ne se montrait pas à a hauteur, sauf si Liverpool sortait l'artillerie lourde, sauf si l'a[r]gent du gamin lui faisait tourner la tête. Debève a compris. Il faut parer à toute éventualité. Et, comme de toute manière son couloir gauche est léger, avec le départ désormais acté de Wissam Ben Yedder à l'AC Ajaccio, il lui faudra trouver un nouveau spécialiste. Si possible, pas très cher. Si possible, rapidement.

Et, alors que son équipe s'apprête à recevoir ce week-end Lille, troisième du Championnat, Mika organise une réunion de crise. En moins d'une journée, la cellule de recrutement au complet se retrouve à Toulouse. Sur le pied de guerre. Soucasse représente Olivier Sadran, absent pour cause de rendez-vous marketing en Tunisie avec les propriétaires de l'eau Hayet, en vue d'un possible rachat. Le directeur sportif du club, Beto Marcico, est également présent. Chacun attend les ordres et directives d'un Mickaël Debève qu'ils n'auront vu rarement aussi bouillant. Même à moi il cache cette facette hyperactive de sa personnalité. Mais l'affaire Tabanou l'a fortement contrarié, ça se voit. "Alors, on a quoi ?" Il va droit au but. Il ne veut plus perdre de temps. Quelques noms circulent, certains déjà nommés cet été. D'autres plus exotiques font dresser les oreilles de l'entraîneur. "Il ne nous reste même pas un mois, vous comprenez ?" Tout le monde comprend, mais personne ne prend la peine de répondre à la rhétorique du patron. Sauf Beto, petit homme faussement empoté, aux allures de gentil Maradona, qui siffle et émet un léger ricanement. Dans un français plus qu'approximatif, il explique qu'il a repéré un ailier lors du dernier mondial. "Un Argentin ?" réplique un Debève visiblement irrité par le ton employé par la vieille idole de l'île du Ramier. "En quelque sorte". Le coach ne se satisfait évidemment pas de cette réponse énigmatique et, vexé, rétorque immédiatement : "En quelque sorte ?" L'Argentin répond, dans un même souffle, toujours aussi laconique : "S'il n'en n'a pas la couleur, il en a le cœur".

Nous voilà bien, à part ce "cœur argentin", rien. Aucune piste. Et quand Debève a demandé à Marcico de développer, ce dernier s'est contenté de hausser les épaules. Il ne veut pas s'avancer. Putain ! On est mi-novembre, et il ne veut pas s'avancer ! Mika a bien essayé de le raisonner, employant moulinettes de bras, ton intimidant et autres interjections salaces, mais Beto Marcico n'a pipé mot. Il s'est contenté de sourire. Soucasse a calmé le jeu, son entraîneur et les autres, qui commençaient eux aussi à perdre patience. "Bon, je vais voir tout ça avec Olivier et Beto, Mickaël, ne nous emportons pas", qu'il a fait, avec son terrible accent du Sud-Ouest et sa cravate de jeune cadre de chez Airbus. Réajustant une paire de lunettes invisible, il a voulu clore les débats : "Il y a un match à préparer, je te promets que quoiqu'il arrive Franck ne partira pas avant… Avant… Avant qu'on ait trouvé quelqu'un." En quelques heures, en quelques jours, on était passé du "sauf si" de Tabanou, au "avant que" de Soucasse. Alors, Mickaël Debève a éclaté. Jamais, jamais personne ne l'avait vu réagir comme ça. Il a foudroyé l'atmosphère déjà électrique de la petite salle de réunion. Et fracassé, fracassé son poing sur la surface plane de la table en teck noir, avant de jurer en patois picard. J'ai compris "bande de cons". Et il a pris la porte. Tout le monde était scié.

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Énervé, Mickaël Debève est un homme qui peut briser un stylo Bic 4 couleurs à mains nues. Véridique.

Cette altercation était certainement celle de trop. Comme on dit souvent : c'est la goutte d'eau… qui a fait déborder la Garonne. Car au fond, Mika n'est pas un méchant. Il est plutôt posé et censé, il réfléchit avant de hausser le ton et ne cherche jamais à entrer en conflit. Avec qui que ce soit. D'ailleurs, lui et Beto Marcico n'avaient jamais eu d'altercations jusque là. Pas même une petite tension. Il faut dire aussi que le directeur sportif se fait rare au Stadium, certainement en partie à cause de son statut d'émissaire du club en Amérique latine. Il a encaissé les foudres du coach à cet instant, car la tension a atteint son paroxysme et qu'il était le seul à lui répondre, à lui faire face. Bref, c'est passé. Et même si les deux hommes ne se parlent plus depuis, si Mickaël Debève n'a rien fait qui se rapproche, de près ou de loin, à des excuses, la vie du club suit son cours. Le remplaçant de Franck Tabanou n'a pas été trouvé, mais les recruteurs toulousains sont repartis avec de nouvelles consignes précises. Ils savent désormais quel type de joueur cibler. Marcico, de son côté, a parlé à Sadran. Il s'est envolé le matin suivant pour l'Afrique du Sud, mais n'a pas voulu en dire plus. Gianni Rovereti, recruteur du club, est parti avec lui.

Ronchon et énervé, Mika a essayé de ne pas le paraître devant ses joueurs. Il sait que le match qui arrive, samedi contre Lille, sera une nouvelle étape déterminante, si elle n'est pas décisive. Le LOSC fait parti d'un trio de tête quasi intouchable, avec l'OM et l'OL. Pâles contre les Marseillais le mois dernier au Stadium, les Toulousains vont de nouveau devoir batailler pour ne pas perdre contre une des meilleures attaques du Championnat. Pour y répondre, Debève alignera son équipe habituelle, avec cependant un tout nouvel atout. Âgée de 20 ans, cette carte maîtresse s'appelle Marc Vidal et gardera les cages toulousaines. L'entraîneur haut-garonnais a clairement décidé de faire payer Rémy Riou pour la piètre qualité de son dernier match à Auxerre. Reste à savoir si cette décision est motivée par la frustration actuelle de Debève, et si ce changement est définitif. Devant Vidal, du classique : Mbengue, Abdennour, Prestia et Vasseur en défense, Capoue, Tabanou, Barazite, Sissoko et Lazovic au milieu, et Rivière seul en pointe. A noter la présence d’Étienne Didot sur le banc, comme à l'Abbé-Deschamps.

L'entame de match est catastrophique. Les Lillois, qui imposent un pressing haut dès le coup d'envoi sifflé par Stéphane Lannoy, obligent Toulouse a jouer en reculant. Et dans le sens contraire du jeu. Un peu comme Giuseppe Prestia, qui se troue et prend Eden Hazard pour un partenaire. Le Belge fulgurant ne se fait pas prier : il part défier en tête à tête un Marc Vidal à peine remis de l'annonce de sa première titularisation en Ligue 1. Les joueurs sont entrés sur le terrain depuis même pas deux minutes, et il y a déjà 1-0 pour Lille. La suite de cette première période sera du même acabit : des Nordistes qui jouent haut, qui jouent gros, qui mettent du volume et du rythme, de l'envie et de la vie. En face, il n'y a que des passes manquées, des courses stoppées, Toulouse joue à l'envers. Heureusement, certains violets surnagent, comme Capoue et Mbengue, et la maladresse des attaquants lillois fait le reste. Marc Vidal, sans avoir touché le moindre ballon depuis l'ouverture du score, écoute le sifflement de l'arbitre avec un lancinant soulagement dans le regard. Mi-temps. Il était temps.

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Manu Rivière, titulaire en pointe, désespère et enrage face à la belle mécanique lilloise.

Mickaël Debève, visiblement perturbé, a du mal à trouver les bons mots. Moins incisif qu'à l'accoutumée, il ne sait pas trop où appuyer. Et finalement, c'est son adjoint Martin Meichelbeck qui prend le relais. Un petit peu avec l'accent "naziard" qui va bien, c'est vrai, mais le discours a l'air de plutôt bien passer. Les joueurs remontent leurs chaussettes et n'ont plus le jeu au fond de leurs manches. Le ballon circule bien : Capoue et Sissoko reprennent peu à peu le contrôle du terrain aux Lillois. Et la domination toulousaine se concrétise à l'heure de jeu, sous le coup de boutoir du meilleur des deux Franco-maliens de l'effectif. Moussa Sissoko décoche une superbe frappe des trente-cinq mètres, qui se fiche dans la lucarne droite de Landreau. Même pas cinq minutes plus tard, sur une accélération côté droit dont il est friand ces derniers temps, Darko Lazovic offre à Manu Rivière le but du 2-1. Dans son petit rectangle peint en blanc sur la pelouse abîmée du Stadium, Mickaël Debève exulte pour la première fois du match. Pour la première fois depuis de nombreux jours, l'entraîneur prend également le temps de lâcher un léger sourire.

Mais la joie est de courte durée. Une vingtaine de minutes, tout au plus. Sur un contre éclair mené par la star maison Eden Hazard, Rio Mavuba trompe Marc Vidal et permet aux siens d'égaliser. Il reste moins de dix minutes à jouer, Debève fait entrer Didot, Ben Yedder et Bulut, mais rien n'y fait. Le bloc nordiste résiste bien aux timides assauts franco-turcs et se sort sans heurts de ce mauvais tour. Du côté toulousain, alors qu'on pensait avoir fait le plus dur, cette égalisation tardive est dure à encaisser. Et la défense, encore une fois, n'est pas exempte de tout reproche. Deux nouveaux buts encaissés, et c'est la cinquième place qui s'efface. Le TFC est sixième. Dans une semaine, il recevra d'autres nordistes : Valenciennes est annoncé au Stadium. Le VAFC qui, aussi surprenant que cela puisse paraître, pointe à la quatrième place au classement. Raison de plus, pour Mickaël Debève, de se faire du mauvais sang. "Quand ça va pas…"

Et le Picard ne croyait pas si bien dire. Après Franck Tabanou, un autre membre de son effectif s'avère être convoité. Cette fois, c'est l'agent du joueur lui-même qui demande à rencontrer l'entraîneur et le président. Bien sûr, Sadran délègue l'affaire à Soucasse. Debève, de son côté, déjà bien remonté par l'affaire Tabanou, préfère répondre en personne à ce M. William Verlhac que Cheikh Mbengue n'est pas à vendre. La réunion se tient au siège du club, sur l'île du Ramier. A deux pas du centre d'entraînement. Le représentant du joueur débarque avec tout un tas de feuillets sous le bras. Des entêtes floquées de logo de clubs, plus ou moins prestigieux, dépassent de la liasse de papiers. Le jeune homme, la trentaine, est très courtois. Mais il est également clair : son joueur, au club depuis toujours, souhaite prendre son envol. Prêt à renoncer à la CAN avec le Sénégal, Mbengue aurait tapé dans l'oeil de nombreuses équipes, à en croire Verlhac : "Les plus intéressées sont Paris et Lille, en France, Wolverhampton et Tottenham en Angleterre." Debève, offensif, fait alors remarquer à l'agent que le PSG vient d'annoncer la signature de Béria du Losc… Verlhac ne moufte pas. Il peut. Ce qu'il dit ensuite plonge la pièce dans un terrible silence : "Tottenham vient de transmettre au club une offre de 7 millions pour mon joueur. Cheikh souhaiterait pouvoir quitter le Toulouse Football Club". A peine finit-il de prononcer ces trois mots, que le téléphone de Soucasse se met à vibrer. Mika comprend, à la réaction et au regard désolé de Soucasse, qu'il s'agit de Sadran. Le Président vient de recevoir l'offre des Anglais.

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Cheikh, la pelouse serait-elle plus verte ailleurs ?

Le malaise. Domi Arribagé et Stéphane Lièvre, tous deux anciens joueurs, respectés et influents auprès de l'actuel effectif, ont bien essayé de parler à Cheikh Mbengue. Mais le jeune défenseur, peut-être aguiché par de gros billets et un mauvais agent, a décidé d'aller au clash. Il veut rejoindre Tottenham dès le prochain mercato d'hiver. Olivier Sadran a, pour l'instant, mis son véto. Il ne le lâchera pas au dessous de 10 millions. Et, d'ordinaire bien calme, le terrain d'entraînement du TFC a pris des allures de camp de la désolation. Peu ou pas d'éclats de rire dans la voix des joueurs, en ce vendredi matin. Leur pote, Cheikh, n'est pas là. Comme depuis le début de l'affaire : il refuse de s'entraîner avec les autres, et a évidemment été mis à l'écart de l'équipe professionnelle. Il s'entretient physiquement, dans un coin, avec le préparateur physique Denis Vallour. Ses amis, Moussa Sissoko en tête, ont bien tenté de l'en dissuader, mais Cheikh est resté campé sur ses positions. De son côté, Mickaël Debève vit assez mal la situation, ne sachant pas trop comment s'y prendre. Il a besoin du joueur, mais est vexé et réellement irrité par la décision de l'homme. Il apprécie le garçon, et serait prêt à lui pardonner, mais il exècre l'influence nauséabonde qu'exerce sur lui ce William Verlhac. Un petit prétentieux sorti tout droit d'une école de commerce puante, alors que toute son ascendance est à chercher du côté de la Corrèze. Mais voilà, à l'heure actuelle l'entraîneur toulousain se trouve avec un nouveau défenseur en moins. Après Ninkov et Congré, ça commence à faire beaucoup.

D'autant qu'en face, un bel obstacle se profile. Après Lille, c'est Valenciennes qui débarque ce soir au Stadium. Nord. Et pas forcément plus accessible, si l'on en croit la belle série en cours des joueurs de Daniel Sanchez. Pour palier à la défection de Cheikh Mbengue, Debève choisit de faire descendre d'un cran Franck Tabanou. Tout autant courtisé, lui n'a heureusement pas entamé de bras de fer avec le club. Autour de lui, on retrouve Prestia, Abdennour et Vasseur. Marc Vidal, tout juste convaincant contre Lille, garde pourtant la confiance de son entraîneur en même temps que les cages toulousaines. Devant cette ligne défensive, et c'est là une grosse surprise composée par Mickaël Debève, il n'y aura pas cinq, mais quatre milieux. Exit le trident axial, place à un duo Capoue-Sissoko, épaulé sur les ailes par Lazovic à gauche, et Braaten à droite. Nacer Barazite, suspendu, est en tribunes. En attaque, là aussi c'est une première, ils seront deux : Umut Bulut effectue ainsi son retour, aux côtés de Manu Rivière. Le match peut commencer.

Et il démarre plutôt timidement. Sans doute le temps que les joueurs s'acclimatent au nouveau système de jeu. Pour autant, défensivement l'affaire tient la route, et l'apport d'un attaquant supplémentaire permet à l'ensemble d'avoir plus d'allant offensif. Et de poids aussi. Bulut profite du point d'ancrage qu'est Rivière, jouant avec plaisir autour de l'International espoir français. Ce n'est pourtant pas le Turc qui trouvera le premier le chemin des filets, après une grosse demi-heure de jeu. C'est un garçon en forme en ce moment, qui fait admirer sa technique et sa fougue dans le marasme actuel : Darko Lazovic. Le Serbe, sur une ouverture lumineuse et longue-portée d’Étienne Capoue, allume la mèche et le match, déchirant d'une reprise foudroyante pleine lucarne le pauvre Nicolas Penneteau. Lazovic, encore lui, est à l'origine du second but. Juste avant la pause, sur une course folle au terme de laquelle il dépose plusieurs Valenciennois, il transmet une merveille de centre à Bulut, lequel n'a plus qu'à boucler le travail. Et Toulouse mène 2-0 à la pause. Le Stade chante, et Mika, au fond de lui, ne déchante pas trop. Jusqu'au bout, d'ailleurs, puisque plus rien ne sera marqué de toute la partie. Son équipe a livré une belle prestation, dans ce 4-4-2 inédit, et grimpe de nouveau à la 5e place. Le prémisse de jours meilleurs ?

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Umut Bulut a enfin retrouvé le chemin des filets... Et visiblement, il aime ça !

Pourtant, en off, le climat est toujours aussi tendu à Toulouse. Le ton ne s'adoucit pas entre Sadran et Mbengue, lequel est toujours convaincu qu'il franchira la Manche cet hiver. Le Président ne l'entend pas de cette oreille. Et aux inquiétudes de Mickaël Debève, aux envies du staff de se lancer dans plusieurs pistes pour pallier un éventuel départ, Olivier Sadran répond, implacablement : "Il ne part pas." Les 10 millions jadis demandés par l'homme d'affaire toulousain, se sont peu à peu transformées en 12 puis 14 millions d'euros. Au final, même pour plus, Mickaël Debève a l'impression que le TFC ne vendra pas son joyau. "Question de principe, il ne part pas. Ils nous prennent pour qui ces Anglais ? J'ai pu, j'ai su garder Johan, Dédé, Moussa… Je garde Cheikh. Il ne part pas." Bien que rassuré, l'entraîneur se retrouve malgré lui devant une équation insoluble : pas parti, Cheikh Mbengue reste pourtant sur le flanc. Pas parti, Cheikh Mbengue n'entraîne pas non plus une rentrée d'argent. Alors que les recruteurs s'excitent en Afrique du Sud pour chercher un hypothétique remplaçant à Franck Tabanou, personne ne réfléchit au successeur de Cheikh Mbengue. Tout simplement parce qu'Olivier Sadran a dit : "Il ne part pas." Soit. Maintenant, Debève est contraint de reculer Tabanou d'un cran, et de bricoler une défense où seul Aymen Abdennour est un titulaire indiscutable.

Problème : le prochain adversaire n'est autre que l'Olympique lyonnais. Nouveau morceau de choix pour le TFC en cette fin d'automne, l'OL de Rémi Garde accueillera les Toulousains dans l'agréable position de troisième du Championnat. Mais pour l'instant, même si le match se profile dans un horizon proche, Mickaël Debève a d'autres chattes à fouetter. Sa femme vient de lui faire comprendre qu'elle avait marre du train de vie qu'il menait. "Jamais là, toujours sur ton téléphone, toujours avec tes joueurs, tes adjoints, ton football. Et moi, et moi, et moi ?" La rengaine habituelle, le refrain routinier qu'elle ressasse tous les ans, à l'approche de Noël, depuis qu'il a choisi d'embrasser autre chose que ses lèvres botoxées. La carrière d'entraîneur. Mais voilà, cette fois la crise dure plus qu'à l'habitude, et les hurlements de Léa sont plus difficilement calmés par l'âme charitable du gentil Picard. Il faut dire que Mickaël commence à en avoir marre de cette hystérie. "Elle n'est pas la seule à approcher de la quarantaine, merde. Son gamin, elle l'aura. Peut-être. Mais pour l'heure…" Bref. Il ne lui dit pas tout ça, bien sûr, mais se retrouve malgré tout dans de sales draps. Et ne partage plus les siens. Elle l'invite au restaurant. Historique. Elle veut lui parler. Mika panique...

Elle l'invite, et elle choisit le restaurant. Elle accepte néanmoins qu'il vienne la chercher, dans le cabriolet allemand qui date de son époque lensoise. Léa s'est bien habillée pour l'occasion, tailleur rouge pute et du far à paupières couleur nuit. Les cheveux au vent, l'air de dire "non, non, tu ne me retiendras pas : je suis une femme fougueuse." Mickaël pense à ça alors qu'il la voit sortir de leur villa, prenant bien soin de claquer la porte derrière la mine défaite de son yorkshire "lait-taupe-nougat" comme elle aime le lui répéter, et qu'il se dit qu'elle serait l'exact opposé de cette "femme fougueuse", danseuse de cabaret rencontrée il y a quelques semaines, le temps d'un déplacement à Paris. Cette femme-là, sa femme, n'a rien de Claire. Et en même temps, elle l'a, lui. "Allez, on est pas en avance", il fait. Le coupé Mercedes s'embrase et bondit sur l'asphalte humide. Ce soir, ils mangent à l'Entrecôte. Restaurant bien connu du tout-Toulouse, il offre un menu se limitant à une… entrecôte. Et des frites, et une sauce qu'il trouve personnellement infâme, à mi-chemin entre la crème à l'ail que son grand-père mangeait avec ses escargots et la sauce barbecue du MacDonald's. Mais elle, Léa, semble aimer ça. "Tout le monde mange pareil, c'est génial !" Une sorte de bouffe néo-communiste, se dit Mickaël, où ce bon vieux Karl Marx inviterait à sa table Ronald. Un hoquet bruyant et nauséabond s'échappe de sa gorge à cette pensée burlesque. "Saignante", il fait à la serveuse. Celle-ci a déjà tourné les talons, remplacée dans la minute par une autre saucisse boudinée dans un t-shirt jaune délavé, déposant avec fracas deux assiettes de salade aux noix. "Bon appétit", elle fait. Mika grimace, son appétit n'est ni bon, ni mauvais. Mais qu'importe.

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C'est un fait, ce restaurant est une institution à Toulouse. Mais il faut aimer le principe... Et l'entrecôte-frites.

La soirée s'est déroulée pour les deux "amoureux" comme est passée la viande dans l'estomac de Mika. Avec facilité, mais agrémentée d'amertume en arrière-goût. Ce steak tendre, qui fond sous le palais, a rendu perplexe le Picard, habitué à des mets plus coriaces. Pas une question de cuisson, mais de standing. Bref, il a discuté avec sa femme, un peu. Ils se sont parlés de leurs soucis, un peu. Elle l'a menacé de le quitter, mais il n'a rien voulu entendre. Après près de quinze ans de vie conjugale, de supplices... et puis quoi encore ? La discussion s'est terminée sur une énième demande de chirurgie esthétique, sorte de chantage ultime. Des seins neufs pour une nouvelle vie, etc. La déjà vieille blonde qu'elle était espérait sans doute avec cet artifice faire du gringue à quelques séduisants trentenaires... Mika en avait assez entendu, de toute manière. Ils se sont quittés pas plus avancés qu'avant. Pas plus fâchés non plus.

Depuis, Mickaël crèche chez moi. Dans mon palace toulousain. Un appartement qui ne paie pourtant pas de mine, mais assez spacieux et très bien situé, en plein quartier Saint-Georges. Un des endroits les plus chics de Toulouse, parsemé de brasseries et de bars à vin, de boutiques de luxe et de gens biens. Des gens qui me correspondent, qui ne beuglent pas sans raison et qui s'habillent avec classe. Prada, Dior, Hugo Boss, Armani. Pour moi, c'est devenu plus qu'une envie ou une habitude : une religion. Je m'habille avec style, je téléphone avec style, je mange avec style, je chie avec style. Ce quartier, cette ville, cette vie me conviennent parfaitement. Une bourgeoisie assumée et décomplexée, qui fait battre mon cœur et celui de chacune de mes conquêtes, baisées avec style. Et donc, Mickaël se fond dans ce décor enchanté, ces soirées chez des ami(e)s déluré(e)s, ces nuits qui n'en finissent pas. Je reprends en main sa vie privée, façonne sa vision nocturne, tente malgré tout de lui changer les idées. Je ne parle pas de bitures sur bitures, de virées bourrés de coke et d'alcool jusqu'au petit matin, mais de moments agréables et sans prise de tête à deux. Et plus si affinités. Bien qu'il ne veuille toujours pas aller voir ailleurs, je suis celui qui lui fait tourner la tête.

Cette (courte) période me plaît énormément. On passe beaucoup de temps ensemble, entre deux séances d'entraînements. Et mine de rien, je sens que Mika se détend. Il laisse du temps à sa "chère" compagne, et il laisse du mou à son adjoint, Martin Meichelbeck, pour gérer le sportif et préparer l'équipe. Bien sûr, je le sens toujours aussi affecté par la défection de Cheikh Mbengue. Il le connait depuis presque quatre ans, depuis qu'il est revenu au club, finalement. Cheikh est un chouette garçon, dit souvent Mika, mais terriblement mal entouré et conseillé. Déjà cet été, son agent avait fait le forcing pour qu'il puisse rejoindre Newcastle. Sadran n'avait pas cédé, comme à son habitude, et le joueur avait du se résigner - même si celui-ci n'était pas allé au bras de fer. Cette fois, cela semble être différent. Pourquoi ? Le jeune latéral gauche, qui a choisi cet automne la sélection nationale sénégalaise, celle de son père, est resté discret sur ses motivations. L'argent est plus que déterminant dans ce genre de situations, c'est évident. Mais de l'argent pour quoi, pour qui ? Mika a peur que le défenseur ne soit la cible d'une personne malhonnête, à moins que ce ne soit sa famille paternelle, au Sénégal, qui lui demande toujours plus de "faveurs". Mais le natif de Toulouse ne pipe mot. Rien n'y fait, l'entraîneur se trouve face à un mur. Alors, le mieux que je puisse faire, c'est lui changer les idées. "Le gamin finira par retrouver le droit chemin", je fais, comme si cette assurance, venant d'un type aux cheveux en bataille et au cursus publicitaire, pouvait réconforter quelqu'un de ce milieu. "Passe moi plutôt une autre Bud", me répond Mika, en guise de "passons à autre chose". Je lui tends la canette blanche, toujours dans mes pensées et les doigts graissés par les chips. Et merde ! Je l'avais pas vu venir : il vient de me coller un but. Douloureux de se prendre une reprise des 35 m de Pantxi Sirieix. Même à Fifa.

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Ah, rien de tel qu'un bon vieux Fifa entre amis...

Retour à la réalité, et au terrain. Après avoir reçu Lille et Valenciennes, l'équipe de Mickaël Debève se déplace à Gerland pour y affronter une troisième écurie mieux classée qu'elle : l'Olympique Lyonnais. Troisièmes au coup d'envoi, les hommes de Rémi Garde restent surtout sur trois grosses prestations contre Sochaux, Rennes et Auxerre. En pleine bourre, ils attendent des Toulousains au jeu toujours en convalescence, et qui s'appuieront pour la troisième fois d'affilée sur le jeune gardien du cru, Marc Vidal. Par contre, exit le système de jeu en 4-4-2, Mika renoue avec son traditionnel 4-5-1. Devant Vidal, Tabanou pallie l'indisponibilité subie de Cheikh Mbengue, aux côtés d'Abdennour, Prestia et Vasseur. Au milieu, on retrouve Capoue en sentinelle, puis Barazite et Sissoko associés dans l'axe. Lazovic, excellent contre VA, débute le match sur le flanc gauche ; c'est Braaten qui sera son pendant à droite. Seul en pointe, Manu Rivière est encore préféré à Bulut, malgré le but du Turc la semaine passée. C'est parti.

Et le match ne tarde pas à s'emballer, devant un stade et ses 35 819 spectateurs entièrement acquis à la cause des Rhodaniens. Plus quelques millions de téléspectateurs devant leur écran de télévision, Lyon-Toulouse étant le "choc" de la 16e journée, en direct sur Canal Plus. On ne joue même pas depuis trois minutes. L'attaque locale tient le ballon. Contrôle, extérieur, double-contact, intérieur, Lisandro Lopez vient d'enrhumer Moussa Sissoko. Sourire crispé sur le visage givré de Jean-Michel Aulas. Pourtant, l'attaquant argentin de l'OL perd connement la balle, le pied empêtré dans la pelouse humide de Gerland. Vexé de s'être retrouvé à terre aussi bêtement, Licha se lève d'un bond et, bouillonnant, se rue sur la gonfle perdue. Mais, et ce n'est une leçon pour personne, un Moussa averti en vaut deux. L'international Français anticipe la charge de l'Argentin, se décalant habilement d'un coup de rein. Malheureusement pour l'un, ou pour l'autre, Lisandro a les crampons qui le démangent, et faute de balle, il prend en grippe - ou plutôt il agrippe - la cheville droite du milieu toulousain. Tchak ! Le bruit rompt le silence quelques instants, les brins d'herbe suspendent leur vol, Laurent Paganelli stoppe sa troisième interview de Joël Bats depuis la prise d'antenne. Ballon, Sissoko, Lisandro : trois corps inertes à terre. L'arbitre, pas très loin, est déjà aux petits soins. Pour la forme, il attend que les deux acteurs se relèvent, puis sort sa biscotte. Rouge ! Ce sera rouge, terrible rouge, rouge sang, rouge gorge, le rouge et le noir. Noire, comme la colère de Lisandro, obligé de quitter le pré, obligé de laisser ses coéquipiers à dix. On ne jouait même pas depuis trois minutes.

Les yeux de Mickaël ne vrillent pourtant pas. Cette sortie prématurée, il va falloir l'encaisser. Autant pour eux, que pour nous, se dit le technicien picard. Et merde ! se fait-il à lui même encore, voyant le sens que prend cette rencontre. Les joueurs locaux, même à dix, surtout à dix, remontés comme jamais, ont décidé de jouer le match de leur vie. Encore. Et la première mi-temps se meurt, péniblement, par à-coups, suffoquant une agonie lente et douloureuse. Déjà, voilà la pause, les vestiaires. Mika se rend compte alors que ses tuiles personnelles le touchent plus que prévu. Il comprend l'importance du off dans l'on. De l'obscurité sur la lumière. Mais, à peine le temps d'avoir eu le temps de leur expliquer le sens de ces mots, d'avoir indiqué à Étienne Didot qu'il comptait sur lui pour redynamiser son milieu de terrain (remplaçant le très moyen Lazovic), à peine le temps de pousser une petite gueulante en guise d'encouragements, que voilà ses onze garçons de retour sur la pelouse. Humide. Et la seconde période de s'avérer encore plus dramatique, plus problématique pour un Mickaël un peu paumé. L'ogre lyonnais conserve la balle, prend le jeu à son compte. Et rapidement, tout tourne à l'orage pour le TFC. 64e, Lovren ouvre le score sur corner. 70e, Belfodil prend à défaut Abdennour et marque d'un pointu. 78e, Briand assomme Toulouse et Marc Vidal d'une reprise acrobatique du tibia. Après, Kallstrom se blesse sérieusement et doit sortir, laissant l'OL à 9 contre 11 pour plus de dix minutes. Mais, même avec cette supériorité numérique, même après avoir fait entrer Ben Yedder et Bulut, les Violets n'y sont pas. Mika n'y est pas. Et le score sans appel s'affiche : 3-0. Toulouse retombe à la sixième place.

Couloir des vestiaires lyonnais, Mika sort de conférence de presse. Un petit vrombissement dans sa poche droite. Il dégaine son iPhone. Tiens, un sms. "C'est fini. N'essaie pas de me retenir. Léa"

*** Fin de la première partie ***

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:P la suite bientôt :P

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Re: Toulouse and 2 losers | S01E06 - Heurts & bonheurs... Pa

Message par Charles Le Téféciste » dim. 04 mars 2012 12:55

Vous voulez la partie 2 ou quoi ? :hooo:
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Re: Toulouse and 2 losers | S01E06 - Heurts & bonheurs... Pa

Message par Andyone » dim. 04 mars 2012 16:55

Une écriture magnifique même si j'ai parfois quelques difficultés à tout comprendre :) Les évenements sont très biens décrits et tu parviens à donner un volume à tes personnages et aux divers situations.

Un épisode très tendu au bord de la crise de nerfs :) J'ai bien aimé ta description des problèmes de recrutement pour un club qui ne roule pas sur l'or.

Vraiment du beau boulot! :wink:
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Re: Toulouse and 2 losers | S01E06 - Heurts & bonheurs... Pa

Message par Charles Le Téféciste » dim. 04 mars 2012 17:44

Andyone a écrit :Une écriture magnifique même si j'ai parfois quelques difficultés à tout comprendre :) Les évenements sont très biens décrits et tu parviens à donner un volume à tes personnages et aux divers situations.

Un épisode très tendu au bord de la crise de nerfs :) J'ai bien aimé ta description des problèmes de recrutement pour un club qui ne roule pas sur l'or.

Vraiment du beau boulot! :wink:
Merci Andyone ! Ouais vraiment merci :oops:

C'est vrai que cet épisode était particulièrement compliqué pour l'entraîneur, entre les défaites et les problèmes d'ordre privé... :hehe:

Je balance la suite ce soir !
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Re: Toulouse and 2 losers | S01E06 - Heurts & bonheurs... Pa

Message par Charles Le Téféciste » dim. 04 mars 2012 19:42

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Divorce ? Break ? Séparation ? Mickaël Debève ne sait que penser du sms qu'il vient de recevoir de son épouse… Doit-il dire ex-épouse ? Cette femme, c'est la sienne. D'accord, il la moquait souvent, il plaisantait quelques fois avec ses amis de ses défauts, de ses excès, du fait qu'il aimerait bien avoir une femme comme celle de Cristiano Ronaldo. Mais voilà, Léa était celle, Léa était là. Léa était celle-là, cette femme qui l'aimait, qu'il aimait, qui avait fait de lui ce qu'il était devenu. Un guerrier à l'âme calme, un sanguin au ton courtois et paisible. Elle avait rassasié en lui l'ardeur de son adolescence. Léa, il la connaissait depuis qu'il avait une quinzaine d'années. Depuis que ses premiers poils avaient poussé, un peu partout. Elle, pas forcément la plus belle qu'il ait jamais vu à cette époque, mais celle qui l'avait regardé. Et à ce moment-là, avec sa tête en forme de rien, elle lui avait forcément plu. Et ils s'étaient parlé, et ils s'étaient embrassés, et ils s'étaient aimés. Encore aujourd'hui, ces débuts amoureux lui titillent les intestins, lui vrillent les tripes. Elle est celle, bordel de merde, celle qu'il lui faut. Comment a-t-il pu lui laisser penser le contraire ? Comment a-t-il pu seulement s'en éloigner ? Il ne faut pas qu'elle parte, non, il ne le faut pas…

Alors que dans sa tête, son monde s'écroule, dehors la vie poursuit son cours, son long fleuve tranquille. Enfin, tranquille n'est plus vraiment le mot. Puisque, outre les problèmes de transferts liés aux deux gauchers Tabanou et Mbengue, le club toulousain s'est échoué à une pénible 6e place. Un classement qui, au vu de ses dernières prestations contre des équipes de niveau sensiblement équivalent (match nul contre Lille, victoire contre VA, défaite à Lyon), pourrait s'avérer réaliste. En gros, Toulouse est à sa place mais pourtant Toulouse est à la peine. Les causes ? Toujours les mêmes : un gardien peu rassurant, de nombreuses absences en défense, un milieu pas toujours très régulier, et deux attaquants en mal de buts. Pour Martin Meichelbeck, qui dirige la séance d'entraînement de ce mardi 6 décembre, "la réussite viendra avec le travail". Pourtant, à Lyon il y a deux jours, même en supériorité numérique, même en jouant avec un gars de plus sur le terrain toute la rencontre, Toulouse n'est pas parvenu à provoquer cette foutue réussite. Il y a eu peu ou pas d'occasions à se mettre sous la dent, et certains au club se disent déjà que la situation extra-sportive du club est en train de mettre à mal tous les efforts accomplis jusque là. Et avec cet entraîneur sur le flanc, qui n'est plus réapparu depuis la défaite à Gerland devant les médias, la situation toulousaine commence à faire des vagues.

Tout ça sent la merde, clairement. Je n'aime pas ça, tous ces gens qui en viennent à cracher sur Mika. Je décide de m'éclipser, de prendre de la poudre… Et de m'escamper. Je laisse mon appartement à mon ami intime - bien décidé à s'y terrer encore quelques jours - et je m'envole pour un ciel plus clair. La Côte d'Azur, Nice, évidemment. La musique de la BO de Rango dans les oreilles, je me balade le long de la promenade des Anglais, flâne sous le Soleil sur le Cours Saleya, et puis y reste de bière en bière, le temps d'happy hours interminables. Je finis souvent minable, je retrouve de vieux amis, d'anciennes connaissances, on rit, on boit des coups, on grelotte aussi, en fumant une "dernière" clope. Bref, j’oublie mon âge, les tracas toulousains, le sale temps qui y règne - au propre comme au figuré. Je ne m'embarrasse même pas de sexe ou de cul, de fille ou de flirt, je me contente de vaciller de pub en pub, du Paddy's au Thor, du Mano' au Pompeï. Je fais chauffer ma carte Gold, je libère mes envies, je cogne quelques types, je rigole de bon cœur. Et puis un soir de biture, un soir comme un autre - alors qu'on doit se traîner vers la mi-décembre - je percute une grande blondasse. Une bonne tête de plus que moi, un sein à l'air, un visage en colère. Elle vocifère, je m'excuse en perdant des yeux son regard et en reluquant sa moitié de poitrine blanche comme la neige se ballotant au gré de ses mouvements de bras. "Putain merde, MERDE ! TOI !!!" Je reconnais cette voix...

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Aurore, l'Aurore de mes doux jours...

C'est Aurore ! D'un coup, comme si ma vie en dépendait, je parviens à reprendre mes esprits. Elle et la blonde me font face, plus quelques autres gars et filles… A moins qu'ils ne soient pas avec elles. L'autre fille se calme comme elle voit qu'Aurore me connait, et commence même à blaguer. Moi, encore bien à l'ouest, j'en rajoute encore un peu. Je rigole avec elles, je crois que j'ai l'air heureux. Pas le temps de se raconter nos vies, on se laisse emporter par son flot d'amis, dans un énième bar sombre et bruyant… La soirée s'annonce sympa. Tique. Un mec aux cheveux bleus, me pousse contre un mur aux toilettes, à l'étage du Blue Wales, et me propose de l'exta. Tique. Je me sors de l'embrouille, crache mon sang dans l'évier puis repars m'assoir avec Aurore et sa copine blonde, Oprah. Tique. Je me commande une dernière mousse. Tique. La tête à la dérive, j'enchaine les blancs et les noirs, les trous et les concaves, je sais pas trop où j'en suis, mais je continue à sourire et à raconter des vannes, droit dans mes Converse même si j'entrave que dalle, putain de quadra… Tique. Et puis l'embrouille de fin de soirée s'annonce, moi grande gueule je fais pas attention, j'ai oublié les bons vieux conseils avec tout cet alcool dans mon sang, j'ai pas le temps de comprendre ce qu'il me dit, ce grand type, on dirait du russe. Tique. Ou du chinois, pour moi, c'est du pareil au même, et je commence à l'insulter, à le bousculer, et forcément je me fais bouger, il m'allonge une première fois, puis m'enchaîne à coup de pompes dans le buffet, et bordel je le sens passer. Tique. Autour de moi ça brille dans tous les sens, mes yeux pleurent rouge, j'entends plus très bien, je ne hurle plus je beugle, et je me relève et je veux l'abattre, mais je suis trop faible, trop ivre, trop vieux, et je m'écroule encore, mais cette fois dans les bras de ma merveille, Aurore, je m'étale la bouche contre ses seins, et je suis même pas gêné. Tique. Et là, plus la force ni l'envie de me débattre, hélas. Tique. Mais, je ne suis pas mort. Mon corps s'agite, plus bas. J'ai la… Trique.

Typique. Mes yeux tous gonflés, ma bouche sèche, j'ai soif. Seul dans mon lit, glacial, je déchante : ce n'était qu'un rêve. Un foutu rêve. J'ai dû me pinter trop fort dans un bar, puis rentrer en taxi, fin de l'histoire. Mais là, alors qu'au fur et à mesure que mes pupilles accueillent la lumière du Soleil de décembre, mes oreilles s'éveillent au son d'une douce et grave mélopée, je la vois. Et je l'entends. Si j'ai pu déchanter, Aurore, encore elle, chante. Du Norah Jones, le duo avec les Foo Fighters. Une des plus belles chansons qui soit, au monde. Un morceau qui te fait te sentir tout guilleret, tout vivant, tout heureux d'être là, tout simplement. Et moi je suis là, je l'écoute et je suis là, j'en suis sûr. Vous comprenez ? là, je suis là. Pas avec mon frère à Toulouse, pas dans sa tête, pas dans ces affaires de footeux, de psychologie à deux balles, de joueurs de mes deux qui se la pètent, pas non plus sur la plage en solo, pas sur la banquette arrière d'une voiture dans le troisième sous-sol d'un parking à Bangkok… Non, je suis là, avec elle, et on a l'air d'y être bien. Je dis ça, parce qu'évidemment, je viens de me réveiller, moi, là. Pas moyen encore de me rappeler comment j'y suis arrivé, là, moi. Si j'ai été bon au lit, si même on y a fait quelque chose… Alors je la regarde intensément, et elle se retourne, et elle voit que je suis éveillé. Le bonheur bordel, c'est pas beaucoup plus compliqué finalement. Comment j'ai fait pour m'en passer durant toutes ces années ? Alors qu'il était pas loin, pas à l'autre bout du monde, pas aux Carmes, à Saint-Pierre ou à Esquirol… Il était là. Depuis le début, juste en face de moi, là. Un coup à vous foutre le bourdon.

Et en parlant de machine qui virevolte et qui vrille ses ailes dans un vacarme ahurissant à te décoiffer le plus imberbe des acariens, mon téléphone s'est mis à s'activer. Un message, deux messages, trente-huit messages. "Attends, j'ai dormi combien de temps chérie ?" Même pas gêné ou complexé, moi, je lui ai dit tel quel. "Tu es tombé comme une masse, incapable de faire quoique ce soit. J'ai pas insisté, j'ai pris mon jouet à piles et je t'ai laissé ronfler." Merde, j'ai pas assuré. "Ah euh… Et c'était quand ?" Je me dégonfle pas, au contraire de cette dernière nuit, si j'en crois ma princesse. "Avant-hier, mardi, t'étais défoncé à ce point ?" La réponse m'est tellement évidente que je préfère rien dire. Je me relève sur les coudes, balaie d'un revers de main mon Nokia. Aurore s'approche, hésitante, pensant sans doute que je suis fou. Fou, oui, mais fou d'elle. Je l'attrape par la taille, la fait tourner sur elle-même et placarde sa tête contre mon cou. "Et si on faisait autre chose que dormir ?", je fais, une petite idée derrière la tête. Cette fois, c'est sûr, je ne rêve pas. Même que les draps s'en souviennent.

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Par tous les seins, quelle poitrine !

Bien obligés de sauter hors de notre nid, Aurore et moi décidons de partir arpenter l'arrière-pays niçois. En souvenir du bon vieux temps. Mais avant, je décide de consulter mes messages et mails. J'en ai vraiment beaucoup. Le black-out a vraiment été si long ? Pour l'essentiel, ils viennent du club de Toulouse. Une bonne vingtaine de messages vocaux de types, l'air tantôt affolé, tantôt inquiet, voire carrément furieux, qui me demandent ce-que-je-fous-bordel. Je reconnais Lièvre, Arribagé, mais aussi le mauvais français de Martin Michel, le bras droit de Sadran, Soucasse, et enfin, Olivier Sadran lui-même. La question qui revient le plus souvent : "Où est passé Mickaël ?" Je ne comprends pas tout de suite. A vrai dire, je n'ai toujours pas compris. Mika ? Mais il n'est pas ici ! Merde à la fin, on a chacun notre vie ! Puis je réfléchis, je me dis que, du coup, ça voudrait dire qu'il est resté cloîtré chez lui, ou au contraire qu'il a fui. Et tous pensent, légitimement, qu'il s'est cassé avec moi. Logique, vu qu'on était, jusque-là, tout le temps fourrés ensemble. Au point, ces derniers jours, de cohabiter. Mais alors, je dois mettre fin à mon programme paradisiaque ici, avec mon Aurore ?

La réponse, je l'ai eu de la bouche même du président du TFC. "Ramène-toi, on a besoin de toi ici, putain ! l'Allemand a vraiment du mal avec le patois local !" Sadran ne plaisantait pas. Sadran ne plaisantait plus. Alors je me suis résigné, j'ai claqué la porte de mon intermède niçois, espérant bien y revenir bientôt. Si Aurore est rentrée avec moi ? Non, elle a sa vie ici, et c'est certainement mieux comme ça. Je suis devenu accro, c'est un fait, mais ce n'était pas (encore) réciproque. Un jour, qui sait… Toujours est-il que de retour dans la capitale haut-garonnaise, je n'ai pas eu de mal à retrouver mon compagnon. Sitôt retrouvé le bain du Stadium et de son atmosphère politico-sportive, Mika est reparu. Comme par enchantement. Comme si le fait de rapprocher mon âme de cette foutue vie footballistique l'avait de nouveau matérialisé. Mickaël Debève, pour la seconde fois en moins de six mois, devenait entraîneur du TéFéCé. "Pas trop tôt", pouvait grommeler un Sadran bougon. Et il n'avait pas tort. Bien qu'en son absence, le club aux bandes violettes avait plutôt bien fonctionné.

Sans Mika, ni moi, évidemment, mais coachée et encadrée par un triumvirat composé de l'adjoint Meichelbeck, du capitaine Dan Congré et du toujours très influent Domi Arribagé, l'équipe haut-garonnaise a réussi le bel exploit de gagner deux matches consécutivement. A domicile contre le dernier Evian, Martin Michel nous a expliqué que les joueurs se sont révoltés, l'emportant aussi largement qu'ils avaient sombré une semaine auparavant à Lyon. Une victoire 3-0 bienfaitrice (Abdennour, Barazite et Braaten buteurs) qui s'est bonifiée il y a quelques jours à Montpellier. Sur les terres du 8e, Toulouse a apparemment géré sans encombre son match, gagnant 1-0 grâce à un but en première période de Darko Lazovic, passeur décisif la semaine passée. Bref, une période sans entraîneur magnifiquement négociée par les joueurs et le staff, que Mickaël Debève a longuement remercié et félicité. S'excusant au passage pour cette absence, qu'il a justifié par un moment profond de mal-être, perdu en lui-même et dans son environnement. "Des soucis d'ordres privé et familiaux" retiendront les médias, chez qui cette désertion avait malgré tout fait les gros titres. Mais Toulouse n'est pas Paris ou Marseille, et la presse a lentement oublié cette "petite" affaire. Du côté du président téféciste, en revanche, cette disparition a eu du mal à passer. Et, encore aujourd'hui, l'entente cordiale et surtout amicale ne semble pas être revenue entre les deux hommes. Et la situation du coach toulousain a peut-être même été mise à mal par le retour de Beto Marcico d'Afrique du Sud. Le directeur sportif argentin, et le recruteur Gianni Rovereti, ne sont pas revenus les mains vides. Dans leurs valises, une offre acceptée et un contrat signé. Le joueur ? Siphiwe Tshabalala.

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Le Sud-Africain Siphiwe Tshabalala, 27 ans, est devenu le premier buteur d'une Coupe du monde en terres africaines.

Milieu international révélé au grand public lors de la dernière compétition intercontinentale, disputée dans son pays en 2010, Siphiwe Tshabalala viendra renforcer l'effectif toulousain au premier janvier. Jusque-là, rien ne sera officiel. Mais pour Mickaël Debève et le staff du TFC, cela signifie un nouvel élément offensif, et n'est donc pas négligeable. Que Tabanou parte ou pas, le flanc gauche sera armé. Avec les bonnes performances de Barazite et Lazovic, et cette arrivée, Mika ne se fait pas trop de soucis. Pourtant, ce joueur, qu'il n'a pas réellement souhaité, l'entraîneur toulousain ne sait pas vraiment comment le gérer. A vrai dire, il ne sait même pas ce qu'il vaut. Une séance de visionnage vidéo s'impose alors. Mika découvre un ailier offensif, pas maladroit dans le dernier geste, bien que rarement décisif. Selon Gianni Rovereti, Siphiwe a plus un profil à la Fodé Mansaré qu'à la Franck Tabanou. Un dribbleur fou plutôt qu'un fin technicien. Mais le recruteur toulousain assure néanmoins que cette arrivée est une excellente affaire, négociée autour du million d'euros. De toute façon l'entraîneur n'a pas vraiment le choix ; et cette recrue devrait a priori être la seule du prochain mercato hivernal. Mais avec ce qu'il vient de faire endurer à son président, Mika sait qu'il n'est pas forcément en bonne position pour la ramener.

Samedi 21 décembre, dernière manche de la phase aller. Toulouse, qui a récupéré une très belle quatrième place en allant s'imposer du côté de la Pailhade, accueille le Stade brestois avec l'espoir de passer les fêtes au chaud, au pied du podium. Toujours pas de Cheikh Mbengue sur la pelouse - même si, selon les dires de Jef Soucasse, les Anglais auraient décidé d'abandonner la piste et d'engager le lyonnais Aly Cissokho - mais le retour au milieu du terrain d’Étienne Didot avec le chasuble du titulaire. Apparemment en forme, le petit Breton s'illustre rapidement, sur une merveille de coup-franc dans les premières minutes de jeu. Malheureusement, le portier Brestois est vigilant, et repousse en corner. Insistant, Didot récupère la gonfle, frappe le corner et dépose un superbe caviar sur la tête d'Aymen Abdennour, qui n'a plus qu'à la pousser au fond. La partie est dominée territorialement, et les joueurs locaux rentrent aux vestiaires avec cet avantage d'un but. L'entraîneur, qui a retrouvé des couleurs en même temps que son fauteuil de seul maître à bord, donne ses directives. "Il faut se bouger, faire plus et plus souvent, avancer, défendre en bloc, il faut marquer !" Plus des encouragements que des notions tactiques, Mika sait ce qu'il faut dire à ses hommes durant ce fameux quart d'heure. Celui où tout se joue. Où tout peut basculer.

Ici, point de scénario catastrophe. Les Toulousains ont décidément bien le match en mains et, dès le retour sur la pelouse, enfoncent le clou. Didot, encore lui, sert à l'entrée de la surface Moussa Sissoko, dont la lourde frappe plein axe ne laisse aucune chance à Steeve Elana. Et, même avec la réduction du score dans la foulée de Micola, Toulouse ne semble pas en danger. Les joueurs de Debève contrôlent, sans parvenir toutefois à en planter un troisième, et ne concèdent aucune autre occasion. C'est fait : les trois points tombent et entérinent une place bien flatteuse. Le TFC bascule en quatrième position : derrière Lyon, Marseille et Lille, mais devant Rennes. Et ce classement vient comme par miracle cacher la forêt. Des buissons épineux qui ont déchiré Mika ces dernières semaines, coincé entre le vacarme aseptisé de sa vie professionnelle, et le silence assourdissant de sa vie privée. Rivé dans un puits sans fond, incapable de refaire surface jusqu'à cette ultime journée. Qui voit Mika, ses joueurs et son équipe, son cœur et ses tripes, se refaire à cette vie si pernicieuse et difficile à appréhender. Mais c'est ainsi qu'il a décidé de vivre. Il faudra s'y faire. Il y aura des hauts, il y aura des bas. C'est la douce-amère leçon de la vie d'un entraîneur.

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Buteurs : Bulut, Lazovic, Sissoko, Abdennour (2), Braaten, Tabanou, Rivière, Barazite (1)
Passeurs dé. : Lazovic (3), Rivière, Didot (2), Tabanou, Capoue, Braaten (1)
Homme de l'épisode : Darko Lazovic (son portrait à venir)




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Re: Toulouse and 2 losers | S01E06 - Heurts & bonheurs... Pa

Message par ricard33 » ven. 30 mars 2012 13:25

Un très bon épisode mais laisse pas partir Tabanou mildediou !!!!!!
la vie est une danse qui se danse qu'une fois , accompagnons la de la plus belle des musiques


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Re: Toulouse and 2 losers | S01E06 - Heurts & bonheurs... Pa

Message par moulinio » ven. 30 mars 2012 17:37

J'aime ! La suite pour quand ?

PS: Je sais, je suis très mal placé pour le dire mais, comme je suis de retour...
Le truc avec Football Manager, c'est de savoir s'arrêter avant de cramer sa carte graphique. Ça m'est déjà arrivé et pourtant, je suis toujours là...


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Andyone
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Re: Toulouse and 2 losers | S01E06 - Heurts & bonheurs... Pa

Message par Andyone » mar. 03 avr. 2012 10:56

On comprend un peu mieux le rôle du narrateur grâce à cet épisode. Un belle quatrième place qui ne permet pourtant pas au club d'évoluer sereinement.
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Charles Le Téféciste
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Re: Toulouse and 2 losers | S01E06 - Heurts & bonheurs... Pa

Message par Charles Le Téféciste » mar. 03 avr. 2012 16:09

:161: merci merci ricard33 ! effectivement Tabanou est un élément essentiel... autant comme ailier que latéral ! je croise les doigts pour que mon président ne cède pas... :wink:
:161: merci moulinio, la suite arrive (et je dois dire que ces 3 messages vont accélérer la chose! ^^ les commentaires font toujours plaisir)
:161: effectivement Andyone, j'ai essayé de pousser encore plus la présence du "narrateur"... on verra où ça nous mène! :roll: concernant le sportif, crois-moi, c'est une TRÈS belle place! :hehe: même si, en effet, l'extra sportif n'est pas au mieux...

Et à tous les trois, et aux autres, merci de me suivre, de me lire et de m'attendre ! :hooo:
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