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[C1] Sur un coup de tête

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Pops
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[C1] Sur un coup de tête

Message par Pops » mar. 22 nov. 2016 19:47

SUR UN COUP DE TÊTE


Voici ma proposition pour le concours N°1 de story FM.net. J'ai pris beaucoup de plaisir à l'écrire, en espérant que vous en preniez autant à le lire. Merci à ceux qui prendront le temps !
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Ce joueur, mon fils l’aimait plus que moi. Plus que sa mère aussi. Plus que Dieu. Plus que tout. Je ne pensais pas qu’il était possible d’aimer autant quelqu’un. Le verbe aimer n’était même pas assez fort. C’était de l’adoration, c’était un culte.

Il lui avait suffi d’un match. C’était une histoire de coups de tête. Deux, pour être plus précis. C’était un match spécial. Pour l’occasion, j’avais décidé d’emmener mon fils dans un bar, entre hommes. Bon il avait 4 ans mais il parlait déjà très bien. Je le portais sur mes épaules pour qu’il puisse voir le petit écran dans le coin du mur. Il s’était bouché les oreilles après le premier but, c’était de la folie dans le bar. Premier coup de tête. Il avait reconnu le nom du buteur parce qu’il savait que j’avais un maillot de lui à la maison, que j’avais mis d’ailleurs ce soir-là. Juste avant la mi-temps, deuxième coup de tête. Pareil, il s’était bouché les oreilles, beaucoup de bruit. Sa petite bouille n’en revenait pas. Le même joueur qui marquait deux buts ! Il devait être vraiment fort ! Puisqu’il s’était endormi sur mes épaules avant la fin du match, nous étions rentrés à la maison et avions raté le troisième but, mais ce n’était pas le même joueur. Je crois que mon fils fit de beaux rêves cette nuit-là. Cette soirée foot avait marqué le début de son amour pour le joueur aux deux coups de têtes.

Depuis ce jour-là, c’était devenu son idole. Il n’avait que son nom à la bouche. Très vite il avait fallu l’inscrire au foot. Il s’était fabriqué ses propres maillots, des t-shirts, en réalité, dans le dos desquels il avait mis le nom du joueur et le numéro 10. Il avait tout fait pour lui ressembler, même la coiffure, mais ça n’était pas une coupe qu’on faisait à son âge, alors on avait refusé sa mère et moi. Il tâchait de ne manquer aucun match, pleurait presque de joie à chaque nouveau but de son dieu. Il fallait voir les étincelles dans ses yeux lorsqu’il en parlait. Et il fallait voir comment il en parlait ! Le joueur n’était plus un homme pour mon fils, c’était un magicien qui savait tout faire avec un ballon, c’était un superhéros qui tirait plus fort que tout le monde, c’était un extraterrestre qui avait des yeux dans le dos et qui pouvait voir tout le jeu avant les autres. C’était le joueur qui avait mis deux coups de tête dans le match du siècle, de l’histoire du foot même !

A chaque fois qu’il avait à choisir un numéro, il prenait le 10. C’était une évidence. C’était son chiffre porte-bonheur. Les murs de sa chambre étaient noirs de posters, tous de ce joueur, évidemment. Même sa couette et son oreiller étaient à son effigie. Il n’avait cependant jamais pu assister à un de ses matchs, puisqu’il ne jouait pas en France.

Mais un jour, on annonça dans le journal la retraite sportive du joueur. C’était la fin du monde pour mon fils. « Ne t’inquiètes pas, il y aura d’autres bons joueurs ! » lui disait-on. Mais il était inconsolable. « Ce n’était pas un bon joueur, répondait-il. C’était une légende ! Il n’y aura jamais plus personne comme lui ! ». Il n’avait pas tort, mon fils. Pour en trouver un autre des comme lui, il allait falloir attendre longtemps.

Puis un jour, miracle : le joueur avait décidé de sortir de sa retraite sportive, pour participer à cette dernière compétition, qui commençait en juin. Son but était clair : gagner la compétition. Un ultime défi pour lui, du bonheur en plus pour mon fils.
Pour moi, c’était un signe du destin. J’avais décidé de prendre deux billets pour la finale, pour moi et mon fils, au cas où le joueur serait en finale. S’il ne l’avait pas été, je n’aurais eu qu’à revendre les places. Mais il atteignit la finale, parce que c’est comme ça. Les joueurs comme lui, ils étaient spéciaux. Ils avaient un truc en plus. Ils avaient la victoire dans le sang. Surtout lui. J’avais pris les places sur un coup de tête, un soir, comme ça, décidément, c'était vraiment une histoire de coup de tête. Il fallait que je le fasse, il ne fallait pas râter ça, surtout pas. C’était loin, c’était cher, mais à voir sa joie quand je lui avais annoncé notre départ pour l’Allemagne pour le week-end, je m'étais dit que peut-être, en fin de compte, il m’aimait plus que son joueur. Nous allions pour la première fois voir un match de foot tous les deux, entre hommes, au stade, en vrai, en direct. Il avait 12 ans.


C’est ainsi que nous étions, mon fils et moi et 70 000 personnes dans le stade pour le dernier match officiel du fameux joueur. Ça ne put mieux commencer puisqu’il marqua dès les premières minutes de jeu, sur penalty. Mais quel penalty ! Une panenka…il n’y avait que lui pour ça. Mon fils exulta, il cria plus fort et sauta plus haut que tout le monde, parce que c’était son joueur à lui. Mais l’équipe en face égalisa. Le match était tendu, je sentais la pression monter dans le stade et mon fils tremblait. Je le pris par les épaules, je lui dis que ce n’était pas grave si l’équipe ne gagnait pas, au moins il avait vu un match en vrai et en plus un but de son joueur préféré. Il me fit un câlin et me murmura dans l’oreille un "Merci Papa" qui me fit monter les larmes aux yeux. C’était un moment spécial et intime pour tous les deux.


Mais c’est aussi ce moment-là que choisit Zinedine Zidane pour asséner un coup de boule dans le torse de l’italien Marco Materazzi devant 70 000 spectateurs médusés.

Et ça se finit comme ça avait commencé : sur un coup de tête.

Nous étions le 9 juillet 2006, mon fils pleurait comme tous les français, la tête enfouie dans son maillot floqué « Zizou », celui-là même que je portais le 12 Juillet 1998, pour France-Brésil.

----- O O O -----
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Re: [C1] Sur un coup de tête

Message par WhiteShark » mar. 22 nov. 2016 20:28

Nice one, bien écrit, on se laisse facilement embarqué, c'est fluide, émotionnel, et même si je voyais un peu où tu voulais en venir avec ces histoires de coup de tête, j'ai pris plaisir à voir ton cheminement jusque là. :)
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Re: [C1] Sur un coup de tête

Message par Slaker » mar. 22 nov. 2016 20:49

Sympathique, même si j'avoue ne pas avoir autant pris mon pied que d'habitude avec toi. Peut-être parce que j'ai trop vite compris qui était le joueur, du coup le récit devient un peu prévisible...

Un bon texte tout de même.


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Re: [C1] Sur un coup de tête

Message par Boonty » lun. 28 nov. 2016 17:04

Style efficace, pas de fioritures. Comme Zidane quoi :107:


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