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Re: Robaggio... Aigre-Douce

Message par rewiwon » mar. 05 août 2014 21:22

Je te déteste t'es épisodes sont trop courts et trop rare aaaaah !!! toujours fan j'ai presque envie de tout relire =D
Synopsys : Un homme qui vis sa passion du football malgré les difficultés qu'il peut rencontrer.


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Re: Robaggio... Aigre-Douce

Message par Robaggio » ven. 17 oct. 2014 3:04

Le prochain épisode devrait être prêt d'ici quelques jours... Je fais mon max pour...

Merci pour votre patience et votre fidélité.

Roby.
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Re: Robaggio... Aigre-Douce

Message par Robaggio » lun. 17 nov. 2014 13:49

LA CHANCE, L'AUDACE, ETC...



https://www.youtube.com/watch?v=g1vveTJN8Do[/video]


Bien sûr, comme tout le petit monde du foot italien, j'ai lu la presse. Bien sûr, comme me l'avait prédit Roberto Baggio, j'ai été entendu en qualité de témoin par la brigade financière qui gère les affaires du foot transalpin. Et il avait eu raison quand il m'avait certifié que mon nom ne serait pas évoqué dans quelque média que ce soit. Je reconnais bien volontiers que j'en suis très satisfait et, d'une certaine façon, soulagé. Après tout, le président Blasi m'avait fait débuter dans le milieu entre autre parce que j'étais un inconnu pure et innocent. Et, si je ne suis plus un inconnu aujourd'hui, ça me mettrait bien la haine qu'un soupçon ou un autre s'abatte sur moi.

C'est donc avec cette sensation aigre-douce que je suis avec une attention toute particulière, en ce début d'été étouffant de chaleur, l'affaire Taranto - D'addario.
Aigre parce que le club de mon coeur à qui j'ai tant donné pour qu'il puisse arriver dans l'élite du foot du pays ne pourra pas défendre ses chances et repartira la saison prochaine dans les limbes des calcios de troisième zone. La Série D... Quand j'avais pris les rênes de l'équipe il y a quelques années déjà, nous n'étions même pas si bas. Là, les autorités ont vraiment voulu marquer le coup, elles ont tout simplement mis le club à genoux et c'est assez pénible à voir...

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Taranto sous séquestre... ça me fout la gerbe...


Douce parce que D'Addario boit le Calice jusqu'à la lie, qu'il est l'unique responsable de sa propre chute et que je me délecte du spectacle qui m'est offert. Perquisitions au club et à son domicile, garde-à-vue, inculpation, ce sinistre personnage est traité comme un vulgaire mafieux, roulé dans la fange par les médias, renié par les derniers membres du staff tarantais qui n'ont pas encore quitté le navire. Je regarde les révélations sur les manigances maladroites de D'Addario arriver jour après jour sur la place publique et je bois du petit lait, je savoure, même si au fond du fond, le tout me laisse un petit goût amer dans la bouche.

Ma présence au repas de gala de la Sampdoria n'est pas non plus passé inaperçue. Dès le lendemain, des journaux plus ou moins biens intentionnés, ou plus ou moins bien informés sur le pourquoi de ma présence au gala annuel des Blucerchiatti, m'avaient annoncé là-bas pour la prochaine saison et c'est encore agacé par la façon dont j'avais été traité que j'avais demandé à mon agent de démentir sèchement.
Baggio mais surtout Ricardo Garrone, le Président de la Samp', m'avaient envoyés leurs regrets par sms. L'attitude de Gullit et de ses amis les avaient visiblement autant pris de cours que moi et comme ils me l'avaient fait comprendre, ils n'y avaient que très peu goûté.

Ce genre d'escarmouche est monnaie courante dans le milieu, et il ne m'a finalement pas fallu très longtemps pour avaler la pilule. Gullit, Mannini et Pagliuca ont été de formidables joueurs mais depuis qu'ils ont raccroché les crampons, on ne peut pas dire que leur étoile continue à briller comme elle le faisait du temps de leur gloire. Moi je n'ai jamais été joueur pro. Peut-être, après tout, que ça dérange ce genre de personnages qu'un type dans mon genre obtienne d'aussi bons, voir de meilleurs résultats qu'eux, qui sait? Bref ça me fera une anecdote pour plus tard, si un jour j'ai des enfants. Ca sera toujours drôle de leur raconter comment devant mon idole de toujours je me suis fait mettre en boîte par quelques-uns des héros de mon adolescence.

En tout cas, ça ne m'a pas empêché de partir en vacances. Cela fait quelques jours maintenant que je me prélasse dans le Sud-ouest de la France. J'y ai retrouvé ma petite sœurette, Céline, qui prend aussi quelques jours de repos après une année de boulot bien chargée. De Bayonne à Hendaye, nous profitons des bienfaits de la région, de sa qualité de vie, de ses bons produits, et de son littoral fort agréable.

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Le sud-ouest de la France, une terre où il fait bon vivre


Je profite de notre escale à Saint-Jean de Luz pour assister à un match exhibition de beach soccer. J'ai toujours trouvé cette allitération du football très spectaculaire mais à vrai dire, je n'ai que très rarement eu l'occasion d'en regarder in vivo. Cet après-midi, l'équipe de France joue le Portugal, un match de gala. Bien que des gradins aient été érigés pour l'occasion, ceux-ci sont à ma grande surprise plutôt clairsemés. Dommage, la petite arène est plutôt bien fichue et si elle avait été bien garnie, une belle ambiance aurait pu en naitre. Là, le public est surtout composé de curieux ou de plagistes désœuvrés. Pas grave, Céline et moi prenons place pour voir à quoi finalement ressemble le beach soccer de haut niveau.

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La compo de l'équipe de France est assez exotique. J'ai l'impression de voir évoluer sous mes yeux une sorte de Variété Club de France. Au milieu de quelques têtes qui me sont totalement étrangères, je reconnais Mickael Pagis ou encore Yannick Fischer qui se sont visiblement bien recyclés. Joël Cantona, qui n'est pourtant plus aux commandes de l'équipe, est posté tout près du banc de touche, il plaisante avec quelques amis et encourage les bleus avec enthousiasme.
Le match est plaisant, les deux équipes sont très techniques et les beaux gestes sont légions. Pour moi ça n'est définitivement plus une légende, le Beach est vraiment très spectaculaire, surtout quand il est pratiqué de la sorte. Les bleus ouvrent la marque un peu contre le cours du jeu, ce qui a le don d'hausser un peu plus le niveau de jeu des portugais qui font désormais le siège de la cage française.


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Le match est vraiment plaisant


En contrebas, à quelques mètres de nous, un gars s'égosille dès que les lusitaniens font feu sur le but français.

"Aller Robin, Aller Robiiiiiiiin!!!" "Anticipe non de dieu !!!" "Ouaaaais c'est ça tu jaillis dans les pieds... dans les pieeeeeeds !!!" "Vas-y réflexes ! réfleeeeexes putain !!!" "Ouaiis c'est bien Robin, concentré jusqu'au bout hein !"

En fait il hurle tellement que je finis par n'entendre que lui. Et il n'encourage qu'un seul joueur, le gardien Robin Gasset. Je me penche vers lui intrigué et pour être totalement franc, légèrement agacé par cet étrange supportariat. Je marque un temps d'arrêt. J'hésite. Est-ce lui? Non. Si?
Putain...
Jean-Louis Gasset... Incroyable. Sans son éternel survêtement j'aurais pu ne jamais le reconnaître. Mais c'est bien lui et là tout devient clair. Depuis le début du match il braille ses 'encouragements' à... son fils Robin. Jean-Louis Gasset bordel, la classe. Laurent Blanc et tout son staff viennent de claquer la porte de l'équipe de France après un Euro calamiteux et une ambiance délétère dans les vestiaires comme à la Fédé. Ce bon vieux Gasset est donc vraiment en vacances à défaut de dire 'chômedu'. J'ai toujours admiré Jean-Louis Gasset. Un technicien de l'ombre, mais un vrai technicien. Tous les gens que je connais de près ou de loin et qui l'ont côtoyé sont unanimes à son sujet. On peut aimer ou pas le personnage, ses qualités humaines et professionnelles sont en revanche incontestables et incontestées. Je fais signe à ma sœur de patienter et pars avec enthousiasme le saluer.

Au départ agacé qu'un impudent vienne l'arracher au match qu'il vit visiblement intensément, il ne met, à ma grande surprise, pas cinq secondes à me reconnaitre et à me montrer dans la foulée un visage beaucoup plus avenant.


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Jean-Louis Gasset, une de mes références dans le métier


-Hey mais c'est notre coach transalpin. Salut. Il me tend la main. Tu t'intéresse au beach soccer ou c'est le hasard qui t'as amené ici? Aller Robiiiiiiin, ouaiiis bien joué ça, super arrêt !!!

Et c'est comme ça qu'en toute simplicité la conversation s'engage. Je passe un moment somme toute très agréable avec un des artisans du foot français. On échange un peu sur tout, sur les bleus qui selon lui ont besoin d'un méchant coup de pied au cul, sur la fédé qui est gangrénée par des cols blancs qui sont très loin des réalités du terrain, plus préoccupés par des considérations marketing que par une réelle volonté de faire progresser notre sport, sur son avenir pour l'instant relativement flou, sur le mien tout aussi incertain, sur notre envie commune de continuer à vivre de notre passion, sur le fait que mon travail n'est pas si anonyme que je l'imagine dans l'hexagone, sur les performances de son fils sur le sable, sur la douceur de vivre dans le sud-ouest de la France...
Le match se termine sur une victoire des français 5-4. Gasset prend congé de moi pour rejoindre son fiston. On s'échange nos numéros avec la vague promesse d'aller un de ces quatre, si l'occasion se présente, manger un bout ensemble.

Céline peut lire la joie sur mon visage. Le destin m'a fait un petit cadeau aujourd'hui, et c'est ravi que je repars avec elle dans le tourbillon de la vie. Jean-Louis Gasset, haha, si on m'avait dit...

Ces vacances me font un bien fou. J'en profite pleinement pour faire le vide et recharger les batteries à bloc. Je m'étais promis de ne pas toucher à ma messagerie avant un petit moment mais quelques jours avant que nous ne bouclions les valises pour retourner sur Paris, je craque. Ma boite mail est presque saturée. Des messages d'encouragement venant des quatre coins du monde, des messages de fans tarantais effondrés du sort réservé à leur équipe, des messages d'insultes aussi... Bref, il me faut bien trois quart d'heure pour faire un semblant de tri et me concentrer sur les mails de mon agent. A-t-il trouvé un éventuel point de chute, un challenge intéressant, un projet séduisant, un club qui piétine dans les grandes largeurs le fair-play financier? Bah en fait... non... Rien queutchi, walou, nada. Queu-dalle... Que des petits clubs pour lesquels je n'éprouve aucune attirance, ou alors des destinations cauchemardesques. L'irlande, Chypre, la Bulgarie, la Slovaquie. Les offres qui m'avaient été faites il y a quelques mois encore étaient bien plus alléchantes que ça... Quel métier cruel quand j'y pense. Toute l'année on vous rabâche les oreilles avec des conneries du genre "t'es le meilleur", "avec tes résultats, tu as une cote d'enfer" "avec ce que tu accomplis ici, ton prochain club sera forcément calibré". Foutaises. Plus le temps passe, plus je me dis que je ne dois les années passées à l'Estudiantes, le plus grand club que j'ai eu la chance d'entrainer, sont dues à un heureux concours de circonstances. Depuis je me suis accroché à un club qui est aujourd'hui sur le point de disparaitre sans jamais saisir les bonnes opportunités quand elles se présentaient. A dresser ce constat, c'est pas franchement la joie.


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Putain, qu'est que je vais devenir?


Je commence à regretter d'avoir allumé l'ordinateur. Moi qui avais une patate d'enfer il y a encore quelques minutes de cela, me voilà maintenant à deux doigts d'une petite crise d'angoisse.
J'ai la mâchoire et les points serrés. Je m'attendais pas à ce qu'on me propose le Bayern de Munich, mais je ne m'attendais pas non plus à ce qu'on ait le culot de me proposer d'officier à Zilina...

Abattu mais pas résigné, je décide donc de me passer des services de mon Agent qui sur cette séquence n'a pas marqué beaucoup de points. En fait, des points, c'est moi qui veut en mettre, ce manque de considération du milieu a cette faculté de me sur motiver, et, puisqu'il faut sans cesse se réinventer pour continuer à exister et progresser dans le microcosme des coachs de haut niveau, je vais me prêter au jeu. Sur ce coup là, pas d'agent, pas de chichi, juste moi et mon téléphone. J'ai faim de challenge, et quelque part, faim de reconnaissance.

C'est donc complètement décomplexé qu'après un rapide coup d'oeil à ma gargantuesque liste de contact je compose le numéro de Ricardo Garrone. Si je veux commencer, à rétablir la balance, faire valoir mes compétences et fermer quelques bouches au passage, il n'y a pas de meilleur endroit pour débuter.

"Monsieur Garrone, bonjour Roby Robaggio à l'appareil. J'espère ne pas vous déranger mais j'ai bien réfléchi et si vous n'avez toujours pas arrêté votre choix quant à l'entraineur qui prendra les raines de votre équipe la saison prochaine, et bien sachez que je fais acte de candidature. Je pense que j'ai les épaules et les compétences pour le poste et que je suis l'homme de la situation pour remplir au mieux les objectifs de votre club la saison prochaine. Voilà"

Il y a un blanc qui me semble interminable. Puis j'entends Garrone qui part dans grand éclat de rire rauque. Il peine à se reprendre.


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Garrone en impose


"Monsieur Robaggio? Et bien pour être tout à fait honnête avec vous, depuis que j'exerce dans ce métier, je n'ai encore jamais reçu de candidature spontanée de la sorte. Vous avez un certain culot de m'appeler comme ça au beau milieu de mon déjeuner mais... j'avoue que ça ne me déplait pas. Pour votre information, nous avons écarté définitivement la piste Ferrara il y a quelques jours de cela, et votre nom a été évoqué parmi d'autres pas plus tard qu'hier. Visiblement vous voulez ce poste, ça a l'air de vous tenir à cœur. Mais puis-je vous demander ce qui vous motive à ce point?"

"L'envie d'aller le plus haut possible, et prouver que si on me donne ma chance, je ne la manque pas."

"Allons Roby, ne me dites pas que vous en êtes encore là. Je pense que quiconque s'intéresse un tant soit peu au football sait que vous êtes un bon professionnel. Votre palmarès parle pour vous, je ne suis pas sûr que vous ayez encore beaucoup à prouver non?"

"Je veux entrainer la Sampdoria, je veux franchir un pallier dans un club bien structuré, qui a un passé glorieux que je veux aider à retrouver. Voilà ce que je veux. Cet été, on ne m'a rien proposé de valable, si je n'avais plus rien à prouver, je pense qu'il m'aurait été plus aisé de trouver un nouvel emploi, à la mesure de ce que je peux apporter. Je vous le demande presque comme un service. Aidez-moi sur ce coup là, prenez-moi et vous ne le regretterez pas."

"Euh... bon, bon. Pardonnez-moi Roby, je vais devoir vous laisser, mon dessert arrive et j'aime pouvoir l'apprécier comme j'en ai l'habitude. Je vais réfléchir à votre proposition et en parler avec mes conseillers. Je vous tiendrai au courant assez vite pour que vous puissiez vous projeter sur un autre projet si jamais nous ne faisions pas affaire. A bientôt."

Et c'est comme ça que s'est soldé mon appel à Ricardo Garrone. J'ai joué le crève-la-dalle du foot, et le gars me raccroche presque au nez pour se faire un ptit kiff avec son tiramisu ou je ne sais quoi... J'ai l'impression que le "L" de la louze est tatoué sur mon front... Les propos de Garrone m'ont tellement laissé sur ma faim qu'ils m'ont fait passé l'envie de passer d'autres coups de fil... Je chasse tant bien que mal cette étrange sensation pour profiter des derniers moments estivaux avec ma sœurette... Après tout, s'il faut que je me mette au vert quelques temps, voir prendre une année sabbatique, je ne suis pas le premier à qui cela arriverait mais...

La chance sourit aux audacieux...

Deux jours plus tard, Domenico Teti, le Directeur sportif de la Sampdoria m'appelle. D'après lui, ma conversation téléphonique avec son boss n'est pas resté en suspens. Garrone a, toujours d'après lui, apprécié mon culot et il semblerait qu'il soit prêt à me mettre à la tête de son équipe. Je suis donc convié à Gênes pour discuter avec le staff du projet 'Samp' pour la saison à venir et voir si toutes les parties sont d'accord pour travailler dans la même direction...

Putain, la chance va peut-être enfin se ranger de mon côté ! Deux jours plus tard me voilà donc à Gênes pour voir si mon avenir va se situer en Ligurie... ou pas.

La journée est radieuse, et c'est tout excité que j'arrive au camp de base de la Sampdoria, le centre sportif Gloriano Mugnaini situé à Bogliasco, petite bourgade côtière située en banlieue Génoise. L'endroit est très joli, le centre est encaissé dans une petite vallée verdoyante. Il ne me faut pas longtemps pour m'apercevoir que la Sampdoria n'est pas n'importe quel club. Ses installations, sans être à tomber par terre, sont quand même remarquables. Et dans ma carrière, je ne me souviens pas avoir eu un tel outil de travail à ma disposition...


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Un centre d'entrainement de toute beauté


Teti, m'attend à l'entrée, flanqué de trois sbires. L'avocat du club, facilement reconnaissable à son costume trois pièces taillé sur mesure et à la petite serviette à laquelle il a l'air fermement cramponné. Les deux autres me sont présentés dans la foulée. Il s'agit d'Angelo Peruzzi, l'ancien gardien star de la Juventus de Turin aujourd'hui entraineur adjoint des Blucerchiati, et de Marco Campolo, un des préparateurs des juniors. Les présentations sont cordiales mais guère plus. Si les quatre hommes se montrent courtois et très professionnels, je sens vite que je ne suis pas celui qu'ils auraient choisi s'ils avaient eu leur mot à dire. Teti, me fait donc visiter les infrastructures du club de fond en comble, des douches au parking, de la salle de musculation à la salle de soins tout y passe. Nous finissons comme il est de coutume en telle circonstance par le terrain d'entrainement. Teti essaie de faire vite pourtant quelque chose ou plutôt quelqu'un m'interpelle. L'entrainement ne reprendra que dans quelques jours et pourtant j'aperçois une silhouette au bout du terrain qui fait ses étirement entre deux ou trois longueurs de terrain arpenté en fractionné. Le gars n'a pas l'air d'être là pour plaisanter et semble vraiment se donner du mal à la tâche.

"Qui est-ce là-bas au bout du terrain?"

Teti qui espérait sans doute que je ne l'interrogerais pas sur le sujet ne peut réprimer un long soupir. Il lève les yeux au ciel avant de prendre un air désabusé.

"C'est Angelo Palombo. Ca fait plus d'un an que le club essaie de s'en débarrasser mais sans succès. Il a jusqu'ici refusé tous les points de chute que nous lui avons proposé. Il a limogé son agent et maintenant il se cramponne de toutes ses forces à son contrat qui court encore pour deux saisons pleines. Il est écarté du groupe, mais il vient s'entrainer absolument tous les jours comme il est en train de le faire. On a étudié la possibilité de résilier son contrat, mais Palombo à "The" contrat. Le résilier couterait trop d'argent au club, donc pour le moment la situation est celle-ci. Elle n'est ni confortable pour nous, ni pour lui je présume".


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Palombo continue à croire en son étoile...


Je n'en crois pas mes oreilles...

"Palombo... punaise, moi qui croyais qu'il avait quitté le club lors de la dernière relégation du club. Palombo est toujours un Blucerchiati? Ca alors, pour une surprise... Et le club veut se passer de ses services? Mais c'est complètement fou."

Un tas d'images me reviennent. Et la plus marquante, c'est ce moment triste et intense à la fois où Angelo Palombo fond en larmes lorsque la Samp' descend en Série B, et qu'il trouve quand même le courage d'aller devant les supporters pour leur présenter ses excuses.


https://www.youtube.com/watch?v=3UH45TNI38Y[/video]
Un joueur qui ne fuit pas ses responsabilités


"Attendez-moi ici quelques instants. Je ne serai pas long."

En deux-deux je fausse compagnie à mes chaperons et traverse le terrain d'entrainement en petites foulées. Palombo qui m'a vu arriver de loin a cessé ses étirements. Les mains sur les hanches, il me regarde me presser près de lui.

"Angelo Palombo?"

Je lui tends la main avec conviction. Il la saisit et me la serre vigoureusement, visiblement content que quelqu'un vienne lui adresser la parole en ces lieux.

"Oui c'est moi, et vous... vous êtes l'entraineur... enfin l'ancien entraineur de Taranto n'est-ce pas?"

J'acquiesce, un petit sourire en coin.

"Angelo, je ne vais pas abuser de votre temps mais j'ai juste une question pour vous. Si jamais j'arrive ici pour entrainer la Samp', est-ce que je peux compter sur vous? Enfin j'veux dire, est-ce que je peux compter sur vous à 200 pourcents?"

Un large sourire illumine d'un coup le visage de Palombo.

"La Sampdoria, c'est ma vie. S'il y a une seule chance pour que je reporte un jour ce maillot, alors je la jouerai à fond, c'est tout ce que je peux dire."

"Merci, bonne fin de séance"

Et c'est en petites foulées que je retraverse le pré pour rejoindre Teti, Peruzzi et Tutti quanti. Palombo n'a pas tout compris à la scène qu'il vient de vivre, il se gratte la tête d'un air incrédule mais ce n'est pas bien grave. Angelo Palombo est là dans l'effectif de la Samp' et il n'a aucune envie de faire de la figuration. Je ne sais pas ce qui a provoqué son éviction , mais se passer d'un joueur de cette trempe, pour un club qui joue le maintien, c'est à mes yeux clairement suicidaire.


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Teti est poli, mais soyons clairs, ma présence ici l'insupporte.


Mon escapade n'est à n'en point douter pas du goût de Teti. L'air agacé il me demande si je souhaite voir autre chose au centre d'entrainement. Bien que je ne lui dise rien, j'en ai vu bien assez. 'Gloriano Mugnaini' est un petit écrain où il y a tout pour faire du bon travail. Je n'ai jamais eu de telles infrastructures entre les mains, alors je ne vais pas faire la fine bouche.

"Vous avez du beau matériel."

"Très bien, dans ce cas, mettons nous en route pour Ferraris"

Nous nous engouffrons dans le Porsche Cayenne de Teti et faisons route dans un silence assez pesant vers Gênes pour visiter le stade où la Samp' mais aussi son ennemi intime, le Genoa, officient en Série A. Le Stade, rénové pour accueillir la coupe du monde de 1990, est une véritable cathédrale. Niché au cœur de la ville, ses tribunes escarpées et ses deux immenses Kops en font incontestablement un des plus temples du football d'Italie. Il m'était arrivé de venir voir un match ou deux ici, mais vu de la pelouse, l'enceinte prend vraiment toute sa dimension. Un petit chef d'oeuvre d'architecture au service du foot. Là encore, la Sampdoria jouit d'un outil fabuleux. Je passe de longues secondes au milieu de la pelouse à contempler l'édifice. Je savais pourtant à quoi m'attendre, mais franchement, le souffle me manque quand je me prends à imaginer les travées pleines et la ferveur monter... Un frisson d'excitation me perce de part en part.


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Dans ce métier il ne faut jamais s'enflammer mais là, je m'y vois déjà !


Teti poursuit la visite, vestiaires, salle de presse, salle de soin, courcives, tout y passe. 'Luigi Ferraris' a subi les affres de vingt ans de calcio, érodé par les tifosis de la Samp' et du Genoa, mais il a fière allure, incontestablement.

"Monsieur Garrone vous attend en loge Monsieur Robaggio. Je vous laisse y aller. Si à l'issue vous avez besoin de moi vous pourrez me trouver en salle de presse. J'ai deux ou trois choses à régler là-bas."

Teti, Peruzzi et Campolo prennent congé tandis que l'avocat du club me sert de guide jusqu'aux loges V.I.P. L'une d'elles a été transformée en bureau. C'est là que le Président Garrone gère ses affaires quand il est au stade. Une immense baie vitrée bien dégagée donne une vue imprenable sur la pelouse. Un petit salon aux fauteuils Chesterfield capitonnés et à la table basse en ronce de noyer laisse deviner le luxe dans lequel aime évoluer Garrone. C'est d'ailleurs là qu'il m'attend. Il me fait signe de m'assoir et demande à son avocat de nous laisser seul.
Pendant quelques instants, Garrone prend le temps de m'observer. Sans mot dire, il me dévisage, et se contente de faire claquer délicatement l'anneau de sa chevalière sur lle cuir de l'accoudoir de son fauteuil. Bien que cette entrée en matière me mette des plus mal à l'aise, j'essaie tant bien que mal de garder ma contenance.

Garrone finit par briser le silence.

"Roby je ne vais pas y aller par quatre chemins. Cette saison la Sampdoria va jouer le maintien. Nos finances ne nous permettent pour ainsi dire aucune folie et le dernier scandale en date, le Calcioscomese, va nous faire commencer le calcio avec un point de retard. Je pense que vous pouvez relever ce défi, mais ici chez les Blucerchiati, je suis le seul à en être convaincu. On m'a proposé pléthore de profils pour prendre l'équipe en main, et pour être honnête, si je n'avais pas un gros problème avec tout ce qui vient de la Juve, j'aurais sans doute pris Ferrara. De mes plus proches conseillers aux agents d'entretien du stade, personne ne mise un kopek sur vous. Il vous faudra faire votre place. Je sais que vous êtes un homme de caractère, et malgré le fait que vous n'arriviez pas en terrain conquis ici, pas mal de monde extérieur au club vous a recommandé. C'est moi le patron ici, et c'est moi qui prends les décisions, c'est votre chance. Je suis vieux et pour ne rien vous cacher je suis malade, mais j'ai toute ma tête. Donnez-moi raison et faites taire vos détracteurs, qui deviendront, si vous signez ici, les miens. Ce challenge vous tente-t-il Roby?"

Garrone, le plus simplement du monde, est en train de me donner les clés de la Sampdoria. Comment refuser une telle offre? Même si les éléments ne me sont pas favorables, je serais quand même bien le dernier des fous si je refusais.

"Et comment que ça me tente Monsieur Garrone. Je pense que je peux atteindre les objectifs du club, il y a tout ici pour réussir. Oui, je suis votre homme. Une question tout de même. Ai-je les pleins pouvoirs? Puis-je travailler avec le staff que j'aurai choisi?"

Garrone poussa un long soupir...

"Je vais encore me faire un tas d'amis, mais oui, vous pouvez travailler avec qui vous voulez, la seule ligne rouge, ce sont les finances du club. Je ne vous laisserai pas couler le navire. Mis à part ça, vous avez carte blanche."

"Alors j'accepte !"

Pas le temps de reprendre mon souffle que l'avocat du club ressurgit avec à la main un contrat d'un an en bonne et due forme. Quelques minutes plus tard me voilà officiellement entraineur de la Sampdoria de Gênes. J'ai un peu de mal à y croire mais ça y est, mon rêve de Série A va reprendre là où je l'avais laissé.

Un large sourire aux lèvres, je m'apprête à prendre congé du Président Garrone quand celui-ci m'interrompt.

"Une dernière chose. L'éviction de Palombo, ce n'est pas mon idée. Maintenant allez prendre un peu de repos et vous préparer, l'entrainement reprend dans deux jours."

C'est la tête pleine d'étoiles que je regagne mon hôtel, ma valisette pleine de dossiers et de DvD pour commencer à défricher le travail qui m'attend. Une chose cependant ne m'a pas quitté de la journée. Je peux travailler avec qui je veux.

Et comme mon audace m'a déjà souri une fois, c'est sans complexe que je prends mon téléphone.

"Allo Jean-Louis? C'est Roby."
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james29
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Re: Robaggio... La chance, l'audace, etc...

Message par james29 » ven. 21 nov. 2014 17:23

Quel plaisir de te lire à nouveau. Je viens sur sur forum depuis des années et c'est la 1ère fois que je post un msg :P . Il n'y a que deux story qui me font revenir ici de temps en temps, la tienne et celle de Rewiwon. Félicitations à vous deux. Continuez comme ça. Même si il fois parfois attendre quelques mois avant un nouvel épisode, découvrir les nouvelles aventures de vos protégés est tjrs un plaisir.

Bon week end

A bientôt


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thom91286
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Re: Robaggio... La chance, l'audace, etc...

Message par thom91286 » mar. 25 nov. 2014 12:02

Super épisode, comme d'habitude :)
RETROUVEZ MON PROJET MUSICAL EN COLLABORATION AVEC JEFF AD. : ICI

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Re: Robaggio... La chance, l'audace, etc...

Message par ricard33 » mar. 25 nov. 2014 13:09

Tu fais vraiment partie des meilleurs story du forum , au même titre qu'un ici c'est Va. un episode géniale , dès qu'on a fini de le lire on veut la suite :mrgreen:
la vie est une danse qui se danse qu'une fois , accompagnons la de la plus belle des musiques


oxyde
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Re: Robaggio... La chance, l'audace, etc...

Message par oxyde » dim. 30 nov. 2014 1:34

Enfin la suite :)

Tu es toujours là... Et nous aussi nous te suivons toujours.
Ce qui est génial, c'est de réussir à m'intéresser à des clubs auxquels je n'aurais pas prêter attention une seule seconde.
En attendant la suite avec impatience !


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rewiwon
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Re: Robaggio... La chance, l'audace, etc...

Message par rewiwon » dim. 18 janv. 2015 21:59

Quand je reviens sur ce forum pour lire la suite de ta story tu me donnes envie de reprendre la mienne à chaque fois ... malgré qu'elle soit largement en dessous du niveau de celle-ci ! Franchement encore une fois ton épisode va me faire revenir sur le forum pour ma story, encore plus quand même sur cette page on fait des éloges à la mienne ahah :p
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omagico
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Re: Robaggio... La chance, l'audace, etc...

Message par omagico » lun. 02 mars 2015 21:25

J'adore !

C'est en partie en lisant ta story que j'ai décidé de me lancer et d'en faire une :)


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Re: Robaggio... La chance, l'audace, etc...

Message par JimmyEatWorld » dim. 12 avr. 2015 17:32

Toujours aussi exceptionnelle, meme 5 ans apres :)

Qui étais ce Jean-Louis ? Je n'en ai pas souvenir...


maxymum18
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Re: Robaggio... La chance, l'audace, etc...

Message par maxymum18 » jeu. 16 juil. 2015 23:54

tres bonne story !! a quand la suite? :)


corsica2b20
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Re: Robaggio... La chance, l'audace, etc...

Message par corsica2b20 » dim. 23 oct. 2016 3:10

La meilleure story sans fin digne de ce nom ?


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