Chapitre 3 : PAPE DIOUF
J’était encore sous le choc, je n’arrivais pas à croire que Pape Diouf le nouveau président de
L’olympique de Marseille mon club fétiche était là juste devant moi complètement mort de rire de la scène qui s’offrait à lui. Il se reprit et me lança un vibrant :
- Nangadef (Salut ou comment tu va en wolof, langue nationale du Sénégal après le
français)
- Heu .... ça va bien et vous ?
- Ca va très bien, ça fait longtemps que je n’avais pas autant rigolé.
A cette instant, il plongea sa main dans sa poche et sortit un paquet de Marlboro Rouge à peine ouvert.
Vive la clope. Fumer tue mais aussi la clope est un sociabilisateur(ca existe ca ?) incroyable.
Il prit sa cigarette et fit un signe de main à Lolo comme pour demander si il pouvait fumer, ce dernier acquiesca et ouvrit les stores. Je regardais Aicha complètement interloqué et lui lanca un regard amusé histoire de lui faire comprendre que moi j’avais pas le droit de fumer dans la maison mais lui si. Pape Diouf comprit mon geste et me proposa une cigarette que j’ai bien évidemment accepté sans poser de question (attends il m’en reste 5 et je dois finir la soirée avec).
Je pris donc mon verre et pris place à côté d’Aich les yeux rivés sur ce personnage aussi fascinant qu’imposant par sa corpulence. En effet il était assez grand et assez carré. Intimidé, j’avais des milliards de question qui tournaient autour de ma tête mais que je n’osais pas poser. Qui allez vous transférer, comptez vous changer d’entraîneur sachant qu’on est pas sûr que Jean Fernandez puisse tenir une équipe comme l’Om,il est fraîchement débarqué de Metz le bougre c'est pas la même stature, y’a t’il des joueurs qui ne font pas partie de vos plans. Mais aucune de toutes ces questions n’allait sortir de ma bouche, trop terrorisé à l'idée d'être mal vu.
Et pourtant, je savait tout de cette équipe de l’Olympique de Marseille pour sa saison 2005-2006.
Ribéry-Nasri ensemble de nos jours, ca fait rêver
Après une décevante 5eme place l’année dernière qui l’amenais à jouer l’Intertoto comme Coupe d’Europe, l’OM allait jouer profil bas cette année. Souvent Lyon a été considéré comme le favori pendant ces dernières années, cependant cette saison, l’OM est considéré comme un concurrent sérieux cette fois ci. Pourquoi ? Tout simplement grâce à son recrutement. Un recrutement malin, un recrutement Pape Diouf (de ses initiales PD) tout simplement. Un recrutement à bas prix, comme d’habitude, ce qui me portait à croire que ce bon vieux Pape n’avait aucunement l’intention de se ruiner en transferts pendant la durée de son mandat, et le passé lui a peut être donné raison d’agir comme ça.

- Niang de Strasbourg pour 7m€ . L’ex-attaquant Strasbourgeois a montré toutes ses qualités en L1 à Strasbourg. Puissant, rapide, l’OM pourra compter sur sa vitesse pour essayer de prendre de revers les défenses adverses.

- Oruma de Sochaux (libre). Après avoir été contacté l’année dernière par l’OM, Oruma débarque enfin à Marseille. Libre après la fin de son contrat à Sochaux, Oruma arrive à l’OM pour mettre au service de l’équipe toute sa puissance et surtout toute sa vitesse, aperçu à Sochaux.

- Ribéry de Galatasaray (libre). Une recrue qui fait couler beaucoup d’encre. Après avoir fait remonté le Stade Brestois en L2, Ribéry a joué 6 mois à Metz sous les ordres de Jean Fernandez. Recruté par Galatasaray, il ne sera encore resté ici que 6 mois. En effet, Galatasaray ne payant pas son salaire, Ribéry a pu grâce à une clause de contrat signer librement à l’OM. Joueur technique et rapide, Ribéry devrait rapidement faire chavirer le Vélodrome, ou pas. Les supporters restent sceptiques à son sujet et la majorité restent persuadés que ce n'est peut être pas une bonne affaire.

- Lamouchi de l’Inter de Milan (en prêt avec option d’achat). Après un prêt à Gênes, Sabri Lamouchi a pris la direction du retour en France, et plus précisément à l’OM. Joueur d’expérience, Lamouchi remplacera dans l’effectif Pedretti au poste de milieu défensif qui n’a pas été convaincant et qui est sur le départ.

- Mendoza de Metallurg Donetsk (en prêt avec option d’achat). Andrés Mendoza, longtemps courtisé par Metz, a décidé de rallier Marseille. Prété par Metallurg Donetsk pour une saison, « Le Condor », son surnom, devrait rapidement trouver une place dans l’effectif grâce à sa puissance et sa belle technique entr’aperçu à Rome.

- André Luis de Benfica (prêt avec option d’achat). Ce défenseur brésilien de Benfica rejoint l’OM pour une saison car barré au poste de défenseur central au Benfica. Ce joueur permettra de seconder Beye et Meité les titulaires en place. Son jeu de tête devrait lui permettre de briller lors de ses apparitions sous le maillot de l’OM.

- Quesnel de Benfica (pret). 3eme gardien de Benfica, Yannick Quesnel rejoint l’OM en tant que 2nd gardien puis en tant que 3eme gardien dès le retour de Barthez. A part peut être une blessure ou une suspension, nous aurons surement peu de chance de le voir évoluer sous le maillot Olympien.
- Segovia du Rayo Vallecano (prêt avec option d’achat). Cet attaquant de 19 ans et d’1m90 jouera cette saison en équipe B mais pourrait faire quelques apparitions en A en essayant de suivre le chemin des Taiwo et autres Koke.
J’avais même la liste des indésirables qui partait dans ma tête je suis un ordinateur olympien à moi tout seul. Benoit Pedretti à Lyon, Eduardo Costa à l’Espanyol Barcelone, Stephan Vachousek à l’Austria Vienne, Terry Racon à Guingamp, Jonhy Ecker à Guingamp, Fabio Celestini à Levante, Johansen à Strasbourg, Brahim Hemdani au Glasgow Rangers,
Cyril Chapuis (libre), Benoit Cheyrou à Liverpool (retour de prêt), Steve Marlet à Fulham (retour de prêt), Fabrice Camus à Charleroi, Philippe Christanval (libre), Peguy Arphexad (libre).
Je savait même que l’objectif de cette saison était l’Europe et plus précisément la Champion’s League, et côté championnat il se disait que Dreyfus avait demandé au président et à son coach de viser entre la 1ére et la 4éme place. Je savait aussi que l’OM voulait un titre Coupe de la Ligue ou Coupe de France, vu que depuis 10ans aucune coupe n’était arrivée du côté de la Cannebière.
C’est Lolo qui m’enlèveras tout le poids que représente ces questions. D’après ce que j’ai pu comprendre Lolo et Pape Diouf se connaissent depuis leur jeunesse et ils avaient fait les 400 coups ensemble au bled même si ils avaient pas le même âge, là d’où je viens ça ne veut rien dire.
Ha Lolo il m’aide même sans le faire exprès. L’aimer ou le détester telle est la question...
- Raconte aux jeunes comment tu en es arrivé là où tu es, peut être que ça inspireras ces glandeurs, on peut même espérer qu’ils se bougent les fesses.
Tout les yeux se rivèrent sur lui et j’avais comme l’impression de voir un peuple d’érudits prêts à boire les paroles de leur prophète. La situation n’avait pas l’air de lui déplaire et Pape Diouf entrepris donc de nous raconter son histoire. Il aspira une grosse bouffée de sa clope et commença à nous raconter sa tumultueuse vie.
Il est content Pape de dispenser la bonne parole à des jeunes étourdis.
Il nous raconta qu’il avait grandit au Sénégal mais qu’il était né au Tchad, il était passionné par le foot dés son plus jeune âge et débarqueras à Marseille à l’âge de 18 ans avec pour injonction paternelle de devenir militaire comme son père qui s'est battu pour la France pendant la Seconde guerre mondiale. Il nous raconteras avec une émotion retenue toutes ses années de galéres lors de ses études à l’Institut d’études politiques d’Aix en Provence, années de galére qui lui ont permis de rencontrer un certain Tony Salvatori qui le fera renter comme pigiste au magasine "la Marseillaise" qu’il quitteras 12 ans plus tard pour rejoindre "Le Sport", mais malheureusement pour lui ils déposeront le bilan peu après. Mauvaise pioche.
Il s’appliquait à ralentir soigneusement sur les épisodes important de sa vie et surtout ceux qui le mettaient en valeur, et entre chaque pause il allumait une cigarette et remplissait son verre en profitant pour bien vérifier si son épopée était suivis par son assemblée. Comme lui, chaque fois qu’il allumait sa cigarette je le suivais(Oui je suis plutôt [le chien de mickey --> dédi cali] influençable), et continuais à l’écouter religieusement tellement j’étais passionné par ce qu’il disait, il avait remarqué que j’étais le plus attentionné à son histoire et s’adressait par moment principalement à moi. J’aimais l’homme, j’aimais sa franchise, sa façon de faire , sa personnalité, son caractère. Je venais de comprendre que devant les médias il se devait de montrer une façade dure et hautaine pour se protéger mais qu’en réalité c’est une personne géniale.
C’est peut être pas l’homme qu’on croit.
Il passa l’épisode difficile de sa vie et nous raconta la belle vie que sa carrière d’agent de joueurs lui avait permis de mener. Gagnant bien sa vie, il fréquentait en plus les plus grands joueurs africains du monde et plus tard même les meilleurs joueurs du monde tout court. Ainsi il organisera les jubilés de joueurs comme Roger Milla ou encore Ibrahima Ba . Et il nous raconta avec le sourire les relations amicales qu’il entretenait avec des Bernard Lama, Marcel Dessailly, Sylvain Armand, William Gallas, Samir Nasri et autres Didier Drogba.
Quand il prononça ses noms je commençais à sentir un sentiment de frustration, pourquoi n’a t’il pas tenté de retenir Drogbut si il était ami avec lui. A ce moment le personnage commençait à perdre de sa grandeur à mes yeux. Mais ça restait quand même Pape Diouf, ça restait un grand homme, et ça restait un homme sage, peut importe si les événements n’ont pas toujours plaidé en sa faveur.
Il termina son histoire avec une morale et je commençais à me demander si il ne se prenait pas sérieusement pour un prophète.
- Comme quoi les jeunes peut importe les difficultés il ne faut jamais laissé tomber. Il faut toujours se fixer des objectifs et mettre tout les éléments environnants de son côté afin d’avoir un maximum de chances de réussir.
A la fin de ce conte, c’est limite si je ne me suis pas retenus d’applaudir tellement j’étais en extase devant cet homme et la vie formidable qu'il avait mené pour atteindre les sommets, y'avait une pointe d'admiration mélé à un soupcon de jalousie. Il commença alors à se renseigner sur nous un peu histoire qu’on lui raconte un peu nos vies comme il l’a fait. Tout le monde était un peu gêné parce qu’on avait à peu prés tous l’air un peu minable avec nos petits problèmes de petits étudiants face à la riche vie de MONSIEUR Diouf..
Je pris l’initiative donc de me lancer et de raconter ma vie. Mes 18 ans au bled sans difficultés notoires (scolaires ou autres) qui ont entraînés mon arrivée en France en 2004, mes 2 ans de BTS Management qui m’ont permis de rencontrer les formidables gens qui nous entouraient (lèche-botte) et la formidable femme de lolo (ramasseur de crottes), le départ de tout mes amis qui m’a entraîné à passer 4 années en 1ére année de sociologie sans réel but, l’énorme coup de pied au derrière que m’a mis Aicha et son mari pour me pousser à me bouger, et aujourd’hui me voilà en licence professionnelle de logistique dans le but de reprendre l’entreprise de fret aérien du vieux au bled.
A la fin de mon récit, ils commençaient déjà à débarrasser la table, et ceux qui restaient allumèrent la télé, lancérent la console de jeux et débutèrent une partie de PES. J’avais l’impression en regardant autour de moi que tout le monde s’en foutait de ce que je venais de dire et qu’ils étaient tous blasés par mon histoire. Seul Pape Diouf restait là sa clope à la main gauche et son verre à la main droite me regardant d’un air interloqué comme si il avait une arête de poisson coincée dans la gorge. Quelque chose clochait à ses yeux dans mon histoire.
Si je peut aider un jeune compatriote à trouver sa voie, je le ferais volontier.
- Mais dis moi petit, cette école de logistique est ce que ça t’intéresse vraiment ? Je veut dire est ce que reprendre l’entreprise de ton père est vraiment ce que tu veut faire.
- Je ne sait pas, de toute façon j’ai pas vraiment le choix j’ai pas d’autres possibilités.
- Je ne veut pas être indiscret, mais il y’a bien quelque chose qui te passionne et que tu adore faire.
A cet instant je pense que j’aurais été blanc, je serais plus rouge qu’une tomate. Il n’y a qu’une seule chose qui me passionne mais je ne vais pas le lui dire il va me prendre pour un irresponsable complètement immature. En même temps je m’en tape, vu que lui même il s’en bat les steaks de ma vie et que après cet interlude il reprendra sa passionnante vie de président et oublieras ce petit tocard et ses petits problèmes.
- Heuu .... ben j’adore jouer à un jeu de simulation sportive où on doit prendre les commandes d’un club de foot. Ca s'appelle ...
Il me coupa la parole ...
- Haaa, donc t’aime bien le monde du football, ca nous fait un point en comment. J'en déduis que tu aurais aimé être entraîneur ?
- Ben ce serait mon rêve, mais je sait que je n’ai ni la carrure, ni les compétences nécessaires pour dépasser le stade d’entraîneur virtuel
- Je ne suis pas d'accord. Ecoute moi, je crois que tu es capable de prendre en charge une équipe, il ne doit pas y avoir une grande différence entre les difficultés que tu rencontre sur ce jeu et la réalité c'est toujours la même rengaine de toute facon. D’ailleurs Jean Fernandez ne corresponds pas à ce que je cherche pour mon club, et vu que tu m’as l’air jeune et téméraire, je vais te prendre comme entraineur de l’Olympique de Marseille.
- * Rires* Ha ben écoutez si vous voulez, mais je ne suis pas sûr que les supporters du club apprécie
- Ecoute .. Heu ... Mady c’est ça, je suis tout ce qu’il y’a de plus sérieux je comptais recruter un jeune entraîneur histoire de faire jaser et de faire couler de l’encre et tu corresponds parfaitement à ce que je cherche. Alors ça t’intéresse de prendre en charge l’OM ?
Il avait l’air sérieux, mais il pouvait pas être sérieux, il allait quand même pas me nommer entraîneur de Marseille. Et pourtant il à l’air tout ce qu’il y’a de plus sérieux, et si c’était vrai. Mais ça ne peut pas être vrai c’est impossible. Et si ça l’était ?
- ..... Vous .... vous ....vous ...ahem ... heu ... vous êtes .... s...ss....sérieux . ?
- Non
Et là il éclata d’un grand rire comme un enfant qui venait de faire une farce à son grand frère. J’était un peu déboussolé et esquissa un sourire aussi faux que les seins de Carmen Electra. Soit il était vraiment bourré, soit ce mec est le plus grand connard que la terre ai jamais pondu. Il se reprit au bords des larmes comprenant que je ne trouvais pas sa blague aussi drôle que lui.
- Désolé mais ça me manquait cette ambiance bonne enfant. Je ne rigole pas tout les jours tu sait.
- J’imagine.
- Non mais franchement tu n’aime pas ce que tu fait, et tu as une passion ou plutôt (qui est toujours le chien de mickey) un rêve, devenir entraîneur. Comme je disais tout à l’heure quand on a un objectif il faut se donner les moyens de l’atteindre. Pourquoi tu ne passerais pas un diplôme d’entraîneur.
Mais oui, finalement c’est moi le plus gros débile que la terre ai jamais pondu, ça fait des années que je me passionne pour ce sport et ce métier, et ça fait 4 ans que je ne fout rien de ma vie. Pourquoi je n’y ai pas pensé plus tôt, ce qu’il venait de me dire venait de me faire un déclic (2 déclics en une semaine ça fait beaucoup trop, mon cerveau n’est pas entraîné). Pourquoi je ne ferais pas ce qu’il faut pour faire ce que je veut vraiment faire.
- Ecoute je t’aime bien Mady et surtout tu m’a fait rire, ça fait des mois que je n’ai pas rigolé autant. Là il est déjà minuit moi je vais devoir y aller parce que demain mon avion part tôt , mais prends ma carte et note moi ton numéro sur ce petit papier on se contacteras plus tard ça te va ?
- Heu ... oui ... oui bien sûr.
Je lui notais donc mon numéro et mon nom sur un petit bout de papier qu’il plia soigneusement et fourra dans la poche droite de son costume. A peine j’eu le temps de réaliser ce qui venait de se passer qu’il avait déjà pris congé, ouvert la porte, et démarré en trombe sa magnifique Renault Mégane de location.
Je veux la même
Ce type m’avait complétement retourné et s’était tiré comme si de rien n’était. Et c’est pas ce soir que j’allais réfléchir à tout ca parce que Aicha débarqua de nulle part entrainant tout le monde pour une sortie en boite. Et bien évidemment je ne peut rien lui refuser, tant pis je réfléchirais demain...
- Allez mes cocos ce soir on va bouger les dancefloors
Qu'est ce qu'elle est belle...