DLGamer
Rejoignez la communauté FM sur Facebook

Jeux, Tue, Ils

C'est ici que se trouvent les plus belles histoires du forum

Modérateur : Staff FM

Avatar du membre
Atom Tan
Réputation Mondiale
Réputation Mondiale
Messages : 3121
Enregistré le : sam. 21 mars 2009 16:15
Localisation : Centre

Re: Jeux, Tue, Ils

Message par Atom Tan » dim. 20 déc. 2009 19:57

C'est de la bombe BB

tu fais chier...j'en ai marre de me répéter mais tu mènes ta barque tranquille et cette intrigue est subtilement distillée et m'a franchement captivée. Bravo. En plus cette embrouille avec la Fédé est une super idée...bref tu nous surprend souvent mais sans faire dans le "sensationalisme"...et le rappel du Zoulou Bar excellent. Lâche rien c'est super comme ça ! même si ça commence à sentir pas bon autour du club !


Avatar du membre
Misaki
Réputation Mondiale
Réputation Mondiale
Messages : 6053
Enregistré le : lun. 15 déc. 2008 12:37
Localisation : Moréac (56) - Tu connais pas ? Tu devrais.

Re: Jeux, Tue, Ils

Message par Misaki » mar. 22 déc. 2009 21:42

Ouais tu sais où tu vas et ce qu'il va arriver par la suite. Tu nous l'amènes comme il faut et on veut savoir la suite.

Cela monte crescendo au fil des épisodes. Peut-être que ça va péter dans le prochain. :)
ImageImage
Venez participer au quizz multi-sport.


Marmotte
Modérateur
Modérateur
Messages : 11795
Enregistré le : ven. 14 nov. 2008 20:25
Club préféré : SM Caen
Localisation : Lyon/Caen
Contact :

Re: Jeux, Tue, Ils

Message par Marmotte » mar. 29 déc. 2009 10:23

A la demande de l'auteur, je verrouille momentanément (je l'espère) la story...

Reviens nous vite! :)
Image


Avatar du membre
Cantona
Réputation Mondiale
Réputation Mondiale
Messages : 1443
Enregistré le : ven. 15 mai 2009 17:25
Localisation : Toulouse

Re: Jeux, Tue, Ils

Message par Cantona » jeu. 07 janv. 2010 1:57

XVII. Changements

Fauchée en plein vol

La vie peut parfois reprendre très vite ce qu'elle a généreusement donné. Elle l'a encore prouvé hier après-midi. Alors qu'elle s'apprêtait à s'envoler vers les sommets de la gloire, Catalina Moreno a trouvé la mort dans un accident domestique.
Après le tournage de son dernier film, Catalina avait décidé de faire une pause dans sa carrière pour rester au pays et profiter de son nouveau compagnon, Antoni Recca, président de l'UD Magdalena.
Une cérémonie privée sera organisée en la cathédrale de Santa Marta demain après-midi

Paru dans le journal local, le 5 mai 2008.


Cette cérémonie n'avait finalement de privée que le nom. Les badauds s'étaient amassés sur le parvis de la cathédrale. Bien sûr, certains étaient là pour espérer apercevoir un joueur de l'UD. Mais la plupart avaient fait le déplacement pour rendre un dernier hommage à la défunte. Aucun ne la connaissait, du moins pas personnellement, certains avaient vu un de ces films.
Mais il existait ici un respect important pour les morts. Une situation amusante d'ailleurs pour un observateur extérieur. Certaines personnes de cette ville n'étaient pas mieux traitées que des animaux, et on pouvait y perdre la vie pour une quignon de pain. Mais une fois passé de l'autre côté, la situation était différente.
Même la pire des crapules ne badinait pas avec la mort. Il y avait d'ailleurs ici, deux choses avec lesquelles on ne badinait pas. La mort, et la religion. Cela pouvait paraître cliché au premier étranger venu, mais ici les croyances étaient profondément ancrées dans la population. Certaines païennes d'autres religieuses. Cela apportait un certain équilibre dans cette ville de fou. Les asiatiques auraient appelé ça un code d'honneur. On s'en rapprochait quelque peu.

Walter se souvenait d'une anecdote. Quelques années en arrière, un grand ponte de la drogue avait enterré son fils. Les flics avaient eu vent du lieu de la cérémonie et s'étaient pointés là-bas. Seulement chacun d'eux avait échangé son pistolet automatique contre un costume noir. Certains avaient parlé de corruption, mais Walter savait que c'était par respect que ces mecs s'étaient rendus dans cette cathédrale.

Cette cathédrale. C'était la deuxième fois que Walter s'y rendait. La dernière fois, il y avait enterré sa femme, rongé par un sentiment de culpabilité et étouffé par un secret trop lourd à porter.
Aujourd'hui encore, il se sentait oppressé. Bien sûr l'âge et l'alcool avaient accompli leur travail sur lui. Mais ces vieux démons qu'il pensait annihilés en même temps que son addiction à la bouteille, refaisaient surface à présent.
Il aurait dû se douter. Non, pire! Il savait que ça allait arrivé. Il était bien placé pour savoir comment opèrerait Limon. Ce genre de type fonctionnait toujours de la même manière.
Walter n'avait pas su prévenir Antoni. Son filleul, dont l'esprit semblait ailleurs. Ses yeux à lui n'étaient pas jaunis par la tequila, ni ravagés par la honte. Non les siens étaient remplis de tristesse et de peine. Il était attaché à cette gamine.
Comme tout le monde ici. Peu la connaissait bien, mais elle communiquait un enthousiasme débordant à tout le monde, son sourire rayonnait et illuminait les journées de chacun. Les pensées du vieux bonhomme se voulaient maintenant mélodramatiques. Il adorerait cette fille, à travers elle il se sentait revivre. Elle n'avait eu que faire de son apparence, elle l'avait immédiatement adopté et remis en selle à sa manière.

Petit à petit la nef se vidait, et Walter ressassait ses idées noires. Dans une vie, il avait réussi à tuer deux femmes auxquelles il tenait. Tout ça allait trop loin, trop de culpabilité, de responsabilités. Le vieil homme laissa une larme perlait le long de sa joue.

« Tu ne peux pas t'en vouloir, vieux. Te mettre tous les malheurs du monde sur le dos ne ramènera personne Walt. »
« Tiens, t'es bien placé pour venir me raisonner toi. »
« Eh, t'es dur là. On sait qui à fait ça? »
« Non sérieusement, Léo! Tu t'es cru où? »

La voix de Walter avait retrouvé de l'assurance face à son vieil ami.
« Tu réapparais trente ans après, pour jouer les cow-boys, serrer la main de ton vieux pote et prendre ton fils dans les bras? Ça marche pas comme ça. »
« Toni va bien au moins? »
« Antoni est comme nous tous. Ou comme on devrait l'être. Il est abattu mais il fait front. »
« Prends soin de lui s'il te plait. Pour toi et moi c'est fini, mais laissons lui sa chance. »


La tête pleine de sentiments contradictoires, Walter quitta la cathédrale, laissons Léo seul sur les bancs en bois de la bâtisse blanche. Quelle ironie! Ces murs blancs qui venaient d'accueillir en leur sein les plus noires humeurs.


Le lendemain, Walter prenait le car avec 20 membres de l'équipe direction le pic Bolivar. En accord avec Antoni, il les embarquait pour une semaine de stage en montagne avec plusieurs idées en tête. A la manière d'un animateur de centre de vacances, il avait déjà prévu tout un programme pour ses joueurs. Sa première décision fut de répartir les joueurs par équipe. Les rouges, les bleus, les verts et les jaunes, chaque équipe logeant dans la même chambre.

A l'aube, il vint toquer à chaque porte, demandant à ses troupes d'être prêtes dans un quart d'heure. La dernière équipe en bas fut la rouge avec un retard de deux minutes. Fonseca, Cordoba, Saaverda, Fula et Valencia furent donc pénaliser, comme des enfants.
Walter avaient prévu une longue marche pour aujourd'hui, et les retardataires étaient chargés de convoyer les vivres. On était loin de l'ambiance football, mais personne n'osait contredire le coach. En plus d'une connaissance importante de ce sport qu'il avait toujours eu, Walter semblait maintenant habité d'une détermination sans faille.

Malgré la fatigue engendrée par la marche, tous les joueurs étaient à l'heure au rendez-vous matinal. Pour seule consigne, l'entraineur leur laissa une carte et une boussole. Le plan indiquait un village situé à quelques kilomètres de l'hôtel. Encore une fois, aucun membre de l'équipe n'osa contester les décisions de Walter.
En réalité, Blanco avait bien essayé d'en parler à son capitaine Vilarete, mais Carlos sentait que leur coach avait quelque chose en tête. Ce stage ne pouvait pas être qu'une sortie organisée pour distraire les joueurs.

En fin d'après-midi, les verts et les rouges furent les premiers à atteindre le point de ralliement. Le village semblait désert à l'exception de quelques gamins.
Walter les attendait au milieu d'une place bétonnée. La poussière avait recouvert les murs alentours, tous fissurés ou en partie écroulés. On arrivait pourtant à deviner une enseigne sur une des façades, Garage Guzman. Une pancarte plus petite, peinte à la main, annonçait une promotion sur les pièces d'occasion.
Mais rien de tout ça ne sentait le neuf. La porte située en dessous était ouverte sur une pièce seulement remplie par deux tas inégaux de pneus.
Face à cet ancien commerce, une petite ruelle pavée montait entre deux vieux immeubles. Une barrière d'environ deux mètres avait été installée, surement pour éviter la circulation de poids lourds dans le centre du village.
Entre ces deux voies sans issue se trouvait cette place sur laquelle Walter attendait face à ses joueurs arrivés à l'instant par un escalier de pierre. Pour toute personne assistante à cette scène, le vieil homme semblait faire partie du décor. Comme lui, il était en apparence décrépi mais possédait toujours une âme.

« Vous voilà, enfin. Je vous ai prévu une petite surprise. »
Tout en prononçant ses mots, Walter se dirigea vers le garage désaffecté.
« En fait vous venez d'arriver dans le village où j'ai grandi. C'est ici que j'ai commencé à taper dans le ballon. »
Il sortit de derrière les pneus, un ballon appartenant au club.
« Il y a dans chaque équipe, un gardien, un défenseur, deux milieux et un attaquant. Le soleil devrait se coucher dans une heure et demi. Jusque là, jouez. »
Walter prit alors la direction de l'escalier par lequel était arrivé les joueurs au moment où un jeune garçon montait.
« Les autres arrivent Walter. Ils sont au niveau de l'église. »
« Merci gamin. » Se tournant vers ses joueurs. « Voici Victor. Il comptera le score. Et soyez sympa avec lui, c'est le cousin de votre président. »
« Ah, et j'allais oublier. Les perdants rentrent à pied. Pour les autres, c'est Victor qui vous donnera vos tickets de bus. »

Terminant sa phrase par un franc sourire, Walter s'empressa de rejoindre l'autre partie de ses joueurs auxquels il avait réservé une toute autre surprise.

« Les verts et les rouges sont arrivés avant vous messieurs. Du coup, nous allons rentrer. »
Un mélange d'étonnement et de soulagement apparut sur les visages.
« Mon camion est garé juste là-bas. »
Comme des gamins, les joueurs se mirent à courir pour obtenir les bonnes places. Jusqu'à l'arrivée de Walter à hauteur du véhicule, ils se battaient devant la portière pour espérer monter les premiers.
« Ne vous battez pas! Il y aura de la place pour tout le monde …. derrière le camion Vous avez l'air encore plein d'énergie. »
« En venant j'ai complètement oublié de faire le plein, alors si vous pouviez pousser. Et dépêchez-vous, je veux être arrivé avant la nuit. »


Le calvaire prit fin après une demi-douzaine de kilomètres pour l'équipe. Walter se décida à démarrer le camion pour tous les ramener.

Ce genre de détails, il les avait entièrement calculé en venant ici. En plus d'un travail physique, l'entraineur voulait imposer à son équipe un esprit collectif, selon lui indispensable à la réussite. Les trois derniers jours du séjour furent ensuite consacrés à du travail avec ballon, mais encore une fois à la façon bien particulière de Walter. La coupe reprenait dans une semaine, et il savait pertinemment que son équipe ne serait pas prête.
Mais Hugo avait un tout autre projet en tête pour l'U.D.Magdalena.
Image


Avatar du membre
Misaki
Réputation Mondiale
Réputation Mondiale
Messages : 6053
Enregistré le : lun. 15 déc. 2008 12:37
Localisation : Moréac (56) - Tu connais pas ? Tu devrais.

Re: Jeux, Tue, Ils

Message par Misaki » jeu. 07 janv. 2010 9:08

J'ai adoré l'idée de ce stage. C'est très bien raconté.

Et Léo et Walter qui se rencontrent. Cela faisait combien de temps ? On ne le sait pas, mais Walter en veut encore à Léo visiblement.

Il y a tellement de questions en suspens que j'ai hâte d'avoir la suite.
ImageImage
Venez participer au quizz multi-sport.


Avatar du membre
Jérémibl
Réputation Mondiale
Réputation Mondiale
Messages : 4606
Enregistré le : mar. 13 janv. 2009 9:34
Localisation : Rennes

Re: Jeux, Tue, Ils

Message par Jérémibl » jeu. 07 janv. 2010 15:44

J’ai rattrapé mes trois petits épisodes de retard. Bordel, comment j’ai kiffé. J’ai kiffé cette magouille annulant la montée, j’ai kiffé ces histoires foireuses amenant à la mort de Carolina, j’ai kiffé ce stage (et surtout le moment où Walter démarre le moteur) où Walter passe pour un tyran mais envers qui les joueurs ont une foi absolue (ce que ce Ortegon tend à prouver également).
Et juste pour une histoire de clé USB tu nous aurais privés de ça ?


Avatar du membre
Atom Tan
Réputation Mondiale
Réputation Mondiale
Messages : 3121
Enregistré le : sam. 21 mars 2009 16:15
Localisation : Centre

Re: Jeux, Tue, Ils

Message par Atom Tan » dim. 10 janv. 2010 9:21

Je plussoie avec Jérémibl...tu voulais nous arrêter ça !
Foutage de gueule oui !

Toujours est-il que ça carbure de nouveau...il nous faut l'enterrement pour que les deux vieux compères se retrouvent à nouveau...pas folichon les retrouvailles..y'a encore baleine sous gravillon entre les deux...oui mais quoi ? la mort de la femme de Walter ? Antony au milieu des deux ?

Le stage en altitude...les premières phrase je me suis dit mais merde c'est Raymond là ou quoi !!! Y'avait pas d'hélicptère mais un vieux camions pourri à la place...
Pour finir j'aime bien la brève : morte dans un accident domestique...et mon cul c'est du Lama ?


Avatar du membre
Cantona
Réputation Mondiale
Réputation Mondiale
Messages : 1443
Enregistré le : ven. 15 mai 2009 17:25
Localisation : Toulouse

Re: Jeux, Tue, Ils

Message par Cantona » dim. 10 janv. 2010 14:21

XVIII. Passer au présent

Après cette semaine de stage et tout le remue ménage de ce dernier mois, la vie reprenait petit à petit son cours à Santa Marta. Bien qu'elle n'en fut pas originaire, Catalina avait été adoptée par la ville, et des portraits de la jeune femme avaient fleuri sur le fronton de la cathédrale.

Tentant d'échapper à la morosité ambiante, Antoni cherchait tous les moyens de s'occuper l'esprit. Il déjeunait désormais chaque midi dans le restaurant de Martin, et passait le reste de son temps au bord du terrain d'entrainement. Il voulait s'impliquer au maximum dans le club, mais son esprit était ailleurs.

Les joueurs de l'U.D semblaient suivre le même chemin que leur président. Fatigués par le stage et affectés par la non-qualification du club, ils laissèrent filer leurs derniers espoirs de victoire en Coupe. Malgré une victoire sur Soacha, les prestations précédentes ainsi que deux nouveaux matchs nuls finirent de condamner Magdalena. Tant pis, il restait le championnat.

Les trois premiers matchs furent un peu poussifs, terminés sur des résultats nuls. A chaque fois, le même scénario s'était répété. L'équipe prenait l'avantage puis éprouvait des difficultés à tenir la distance. Et l'adversaire recollait au score. Quelque peu préoccupé par la situation, Antoni était venu rendre visite aux joueurs pendant l'entrainement. Chacun lui avait assuré qu'ils feraient leur maximum pour corriger le tir. Depuis le décès de Catalina, tous semblaient dévoués totalement au club et à son président.
Après avoir renvoyé les joueurs au vestiaire, Walter vint à la rencontre de son filleul accoudé à la barrière, toujours dans un costume parfaitement taillé, bien mal adapté au terrain boueux de Magdalena.

« Tu as l'air transformé Walter. »
« Oui les survêtements que tu nous as fait faire sont superbes. »
« Tu sais très bien ce que je veux dire. »

Son parrain esquissa un sourire timide. Il voyait très bien ce qu'Antoni voulait dire. Mais bizarrement, ce sujet là le mettait mal à l'aise.
« Et toi? Que fais tu là? »
« Je venais voir l'équipe. On a du mal en championnat. »
« Ouais je sais bien. Mais ne te soucies pas de ça. Le stage a été très éprouvant physiquement. Les joueurs le savent, et gardent confiance. »
« Bon de toute façon, j'imagine que tu sais ce que tu fais. Je te laisse, j'ai rendez-vous avec Martin. »


Antoni savait que rien n'était alarmant, mais lorsque Walter lui parlait de football, il se sentait rassuré. Il avait du mal à se faire à cette idée, mais le club était un peu la seule chose à laquelle il pouvait se raccrocher. Mis à part, Martin, qu'il devait d'ailleurs rencontré aujourd'hui.

Il arrivait sur le parking du club lorsqu'une voiture grise s'arrêta à sa hauteur. Elle n'était pas neuve, et au bruit que faisait la courroie, devait surement avoir plus de dix ans. Au moins, Limon ne s'y trouvait pas. Il faisait partie de ces hommes qui aiment afficher leur richesse, même dans une ville comme Santa Marta. Pourtant, le véhicule disait bien quelque chose à Antoni.

« Montez, s'il vous plaît Monsieur Recca. »
Bien sûr, cette voix. Granados. Cette voiture appartenait à Aguirre, qui devait surement être au volant. Antoni rangea ses clefs dans sa poche, libérant ainsi une de ses mains.
« Qu'est ce que vous foutez là, tous les deux? »
« Je vous en prie président, c'est important. »

L'ancien gardien de Magdalena avait une voix pleine de détresse. La dernière fois qu'Antoni avait entendu une voix si implorante, il pointant un automatique sur la tempe d'un notable corrompu de la région de Bogota. Curieux de savoir ce qui poussait ces deux là à se pointer ici, il accepta de monter dans la voiture. Il s'attendait presque à ce que Granados se retourne et le menace d'une arme.

Mais rien de tout ça n'arriva. Aguirre enclencha la première, et prit la direction du centre-ville. La manœuvre était destiné à rassurer leur hôte.

« Je ne suis plus votre président. Mais expliquez-moi. »
« Désolé d'employer cette méthode, mais nous voulions éviter d'être aperçu. »
« Je m'en fous. Dites-moi ce qui vous ramène à Eduardo Santos? »

A ce moment, Aguirre prit la parole.
« Voilà, comme vous le pensiez, Limon nous avait demandé de … enfin ... »
« De truquer les matchs, je sais. Et donc? »
« Le problème, c'est que lorsque Walter a décidé de nous virer, nous ne lui étions plus très utile. »
« Il a même réussi à influencer la fédé! Pas besoin de vous. »
« La fédé? »
« Oui, avec le règlement qui nous a empêché de nous qualifier pour la finale. »

Aguirre se mit à réfléchir, et Granados reprit la parole.
« Pour ça, je crois que la fédération n'a eu besoin de personne. La montée de Magdalena ne les arrangeait pas. »
« Explique toi. »
« Sans vouloir vous offenser, le stade Santos est un peu vétuste. Si nous allions en finale, nous avions des chances d'accéder en première division. Il aurait fallu faire des travaux au stade, le mettre aux normes, et la fédération aurait dû en financer une partie. »
« La province de Magdalena aurait pu aider au financement. Le gouverneur serait tellement heureux de pouvoir s'afficher auprès des stars de la Première Division. »
« Justement. Limon nous a parlé de ça. Le gouverneur du département de Santander est un socialiste. Et apparemment, un proche de Uribe. Les subventions accordées à la fédération pourraient être liées à la montée de Bucaramanga. »
« Putain de pays. Rien n'a changé depuis l'époque de mon père! »
« Voilà la dernière raison qui aurait poussé la fédération à agir ainsi. Certains dirigeants qui étaient en poste en 68, ont encore leur mot à dire dans les décisions. Et voir réussir monsieur Hugo leur déplait fortement. »
« D'accord. »

Antoni marqua un temps d'arrêt, pour être sur de bien comprendre toute la situation.
« Ok, admettons que Limon n'ai rien à voir là dedans. Qu'est ce que vous me voulez? »
Cette fois, c'est Aguirre qui répondit le premier.
« C'est délicat monsieur, mais … Limon nous a bien fait comprendre que nous ne lui étions plus utile. Seulement dans ce genre de milieu, on ne stoppe pas une collaboration juste en se serrant la main. »
« Je ne peux rien faire pour votre protection les gars. Je suis président d'un club pas chef de la police. Même si je le voulais, je n'ai aucun moyen d'assurer votre survie. »
« En fait, il y aurait bien un moyen. »

Au moment où Aguirre prononçait ces paroles, Antoni aperçu à travers la vitre la longue avenue qui menait au stade. La ballade allait donc se terminer.
« Si vous acceptiez de nous reprendre dans l'équipe, Limon penserait que nous pouvons à nouveau lui être utile. »
« C'est du délire Wilmer! Premièrement, je ne suis pas le seul à décider de la venue de joueurs au club. Et vu votre passé, ça risque d'être difficile à faire passer. Puis si Walter décide de ne pas vous faire jouer, Limon … Désolé de devoir vous dire ça mais … Limon vous fera descendre. »
« Oui mais, cela nous laisserait un peu de temps pour nous retourner et tenter de quitter la province. »
« Je sais pas. Je ne sais pas du tout. Vous avez déjà trahi ma confiance. Et plus que la mienne, celle de tous vos coéquipiers. »


La voiture s'arrêta à nouveau devant le véhicule d'Antoni. Il descendit puis se retourna vers la vitre passager, où se trouvait Granados. Aguirre avait mené les discussions, Eikin s'était contenté d'expliquer pourquoi Magdalena n'avait pas pu monter. Pourtant la peur dans ses yeux semblaient immense. Il interpella une dernière fois Antoni.

« Monsieur, comment va Walter? »
Cette question avait surpris Antoni. Ces deux types craignaient pour leur vie, et pourtant Granados prenaient des nouvelles de son coach. Walter inspirait un respect immense à ses joueurs qu'Antoni ne comprenait pas.
« Il va bien. Il sent que l'équipe peut faire de grandes choses. »

La voiture repartit aussi vite qu'elle était arrivée. Antoni était troublé par cette entrevue. Il fallait qu'il parle de tout ça à Martin. Sa vision extérieure de la chose l'aiderait surement à y voir plus clair.

Son ami trouvait l'idée d'Aguirre pas mauvaise, mais le plus dur serait de faire passer ça au niveau de l'équipe et de la presse. Le lendemain, l'U.D. jouait à domicile et Martin avait été invité comme à chaque fois maintenant. Walter avait compris le message, et les locaux s'imposèrent 2-1. Tout n'était pas encore parfait mais la victoire était là.

Il avait beau retourner le problème dans tous les sens, Antoni ne voyait pas de solution. La semaine suivante, ses heures de sommeil furent extrêmement réduites. Au soir de la troisième victoire d'affilée du club de Santa Marta, il s'allongea sur son lit pour faire le bilan.
Sur le plan sportif, son équipe comptait maintenant trois victoires, autant de matchs nuls et aucune défaite.
Restait désormais à régler le cas de Aguirre et Granados. Ils avaient tenté de faire couler le club. Mais pouvait-on les envoyer à la morgue pour ça?
Antoni savait qu'ils ne leur étaient redevables de rien, mais c'était peut-être l'occasion de faire plonger Limon.

Le lendemain, un peu plus convaincu de la décision à prendre, il se rendit au bureau pour y régler les problèmes habituelles, et s'occuper des prolongations de contrat dont lui avait parlé la secrétaire.
En fin de matinée, Aguirre fit son apparition dans le bureau, seul cette fois-ci.
« Monsieur, je sais que je ne devrais pas venir comme ça, mais depuis notre entrevue, il y a dix jours je n'ai pas eu de vos nouvelles. »
« Surement parce que je n'en avais pas à te donner. J'ai réfléchi à votre cas, mais j'ai d'autres soucis Wilmer. »
« Oui pardon, monsieur. D'ailleurs, j'ai appris pour Catalina. Mes condoléances. J'espère qu'on retrouvera les salauds qui ont fait ça. »
« Les salauds? »

Le sang d'Antoni ne fit qu'un tour. Il se leva d'un bond, et attrapa Aguirre de l'autre côté du bureau. Il le plaqua sur le meuble, des deux bras, de sorte qu'il ne puisse plus bouger.
« La presse à raconté que Catalina avait perdu la vie dans un accident domestique. Comment sais-tu ça? Qui a fait ça? »
La rage d'Antoni était telle qu'il ne laissa pas à son ancien joueur le temps de répondre. Il le balança à travers la pièce, et après avoir enjamber son bureau, le colla contre le mur. Aguirre semblait chercher la meilleure formulation pour exprimer ce qu'il savait. Il avait été un footballeur professionnel mais il était inutile de tenter de résister face à Antoni.
« Qu'est ce que tu as à voir là-dedans? »
« Je … enfin … Limon. »

Antoni desserra quelque peu l'étreinte pour permettre à Aguirre de s'exprimer plus facilement.

« Limon m'avait dit que je ne lui servirai plus à rien et que si je ne voulais pas finir au fond d'un trou, je devais lui rendre service. Alors, il m'a demandé de m'occuper des deux gérantes du salon. »
Antoni ne put retenir son poing qui vint s'écraser dans la mâchoire du joueur.
« Je ne savais pas pourquoi! Je pensais que ces filles lui devaient de l'argent! Je vous jure. J'ai les mains sales, mais je suis un joueur de foot moi. Pas un tueur! »
« Tire-toi! Casse toi de là, et démerde toi! »
« Mais monsieur. Ils vont me descendre. »
« C'est ton problème. Quitte le pays, fais ce que tu veux. Je m'en fous. »

Malgré la détermination d'Antoni, il ne semblait pas décidé à sortir du bureau.
« Tu veux peut-être que je fasse le travail de Limon? »
Cette fois, Aguirre avait compris le message. Il quitta le bureau à grandes enjambées, la lèvre ouverte par le coup reçu.

Ce n'était peut-être pas la meilleure des manières, et surement pas de la façon dont il l'avait prévu, mais Antoni avait résolu ce problème. Il en savait plus sur l'assassinat de Catalina et le cas Aguirre était réglé.

D'ailleurs le lendemain, la presse venait confirmer le caractère définitif du départ de l'ancien joueur de l'U.D.

Coup de sifflet final pour Aguirre.

Après avoir été licencié de son club de Magdalena en avril, Wilmer Aguirre a été retrouvé mort hier
soir dans une rue du centre-ville de Santa Marta. Il aurait été abattu de deux balles dans la nuque d'après la police qui privilégie la thèse du règlement de compte.

Depêche de la radio colombienne, le 2 juillet.


« Tu as entendu ça? »
Antoni et Walter s'était retrouvé dans un café après l'entrainement.
« Ouais. »
« Enrique m'a dit que Aguirre était dans ton bureau hier matin. »
« Ouais. »
« Qu'est ce qui s'est passé, Antoni? »
« Il est venu me demander de le réintégrer à l'effectif. J'ai refusé et il est parti. Apparemment Limon est venu récupérer son dû. »
« Granados n'était pas avec lui? »
« Lors de notre première rencontre, oui. Mais il semblait plus réservé. Ensuite Aguirre est venu seul dans mon bureau. »
« Et maintenant? »
« Je suis passé chez lui hier soir. Il attendait patiemment dans son fauteuil, résigné. »
« Et? »
« Je lui ai laissé 500 000 pesos, et déposé à l'aéroport. »
Image


Avatar du membre
ruudvannistelrooy
Réputation Locale
Réputation Locale
Messages : 32
Enregistré le : dim. 07 oct. 2007 19:22

Re: Jeux, Tue, Ils

Message par ruudvannistelrooy » dim. 10 janv. 2010 16:51

Je viens de lire la totalité de ton épopée, c'est vraiment impressionnant et génial, l'histoire est super bien racontée, malgré quelques petites fautes d'orthographe, très peu dérangeantes. Félicitations, j'ai l'impression d'avoir lu un livre ! L'histoire est vraiment super intéressante j'attends la suite avec impatience ;)


Avatar du membre
Atom Tan
Réputation Mondiale
Réputation Mondiale
Messages : 3121
Enregistré le : sam. 21 mars 2009 16:15
Localisation : Centre

Re: Jeux, Tue, Ils

Message par Atom Tan » dim. 10 janv. 2010 18:36

Cantona a écrit :Elle n'était pas neuve, et au bruit que faisait la courroie, devait surement avoir plus de dix ans

La voiture de Jérém !!!! :152:

Cela commence à devenir hardcore...et au milieu des morts il y avait un peu de foot !
Y'a pas à dire cet épisode est poisseux...il laisse un sentiment de malaise...bref ça sent le morbide...et Antoni n'a pas le moral...on peut comprendre ça...j'aurais envie de te dire de prendre 500 000 pesos et de te barrer aussi Canto !!!


Avatar du membre
Misaki
Réputation Mondiale
Réputation Mondiale
Messages : 6053
Enregistré le : lun. 15 déc. 2008 12:37
Localisation : Moréac (56) - Tu connais pas ? Tu devrais.

Re: Jeux, Tue, Ils

Message par Misaki » lun. 11 janv. 2010 10:08

Atom Tan a écrit :
Cantona a écrit :Elle n'était pas neuve, et au bruit que faisait la courroie, devait surement avoir plus de dix ans

La voiture de Jérém !!!! :152:
Oh elle est pas mal celle-là Atom.

Petit à petit, on comprend ce qui se trame. Mais ça craint pour Antoni et Walter tout cela et puis Léo on a plus de nouvelles.

Bref, j'ai aimé lire cet épisode. Continue comme ça.
ImageImage
Venez participer au quizz multi-sport.


Avatar du membre
Jérémibl
Réputation Mondiale
Réputation Mondiale
Messages : 4606
Enregistré le : mar. 13 janv. 2009 9:34
Localisation : Rennes

Re: Jeux, Tue, Ils

Message par Jérémibl » lun. 11 janv. 2010 14:48

Bordel Canto, j’adore…La liberté avec laquelle tu prends les faits de jeu, que tu les remets à ta sauce pour rendre ce scénar’, ces personnages si vrais, tout ça… Pfuiii…Vraiment une bête de storie.


Répondre

Retourner vers « The Hall of Fame »

DLGamer