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Jeux, Tue, Ils

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Cantona
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Jeux, Tue, Ils

Message par Cantona » mer. 16 sept. 2009 10:57

I.

« Pas terrible, hein? »
« Comme tu dis! Je ne sais vraiment plus quoi faire. A croire qu'on s'en sortira jamais. »

Le jeune homme sourit.
« Ne sois pas si défaitiste José. »
Le plus vieux des deux s'épongea le front avec son mouchoir, avant de le glisser à nouveau dans sa poche et de répondre d'un ton dépité.
« Tu prends tout avec le sourire Antoni. Mais ça ne suffit pas dans notre métier. »

Les deux hommes se serrèrent alors la main et quittèrent les tribunes du stade Eduardo Santos. Ils se reverraient lundi prochain, le rendez-vous était déjà convenu.


Antoni rentrait chez lui, pas abattu le moins du monde par la journée qu'il venait de vivre. Un rapide sourire à la photo de son père, encadrée dans le couloir d'entrée, puis il marcha droit jusqu'à sa chambre. En ce début de mois de décembre, la saison sèche commençait et la chaleur devenait étouffante.

Il lança le ventilateur, puis ôta sa chemise qu'il déposa sur le fauteuil près du lit. La nuit n'était pas encore tombée et ouvrir les fenêtres eut été une folie.
La température élevée lui avait coupé la faim et l'empêcherait à coup sûr de dormir. Il s'allongea donc sur le lit et alluma son téléviseur. La dernière chaine visionnée diffusait son journal du sport. Il en avait assez vu pour aujourd'hui et changea de programme.
A cette heure-ci la chaîne musicale avait programmé une rediffusion d'un concert de Shakira.

Voir cette fille le faisait toujours sourire. Elle était née exactement le même jour que lui et en plus dans le département voisin de celui où il avait vu le jour. Département dans lequel il résidait toujours d'ailleurs.
La tête pleine de souvenirs de sa jeunesse, il s'endormit finalement.
Modifié en dernier par Cantona le jeu. 17 sept. 2009 15:23, modifié 1 fois.
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Misaki
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Message par Misaki » mer. 16 sept. 2009 11:27

Tu as enfin lancé cette story que j'attendais tant, mais là il est difficile de se faire un avis étant donné la petite longueur de l'épisode.

Bonne chance dans ta nouvelle aventure.
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Cali
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Message par Cali » mer. 16 sept. 2009 14:53

Je n'ai pas suivi la première, je vais donc suivre celle ci. Qui semble se dérouler en Colombie, donc peut être un peu de dépaysement en perspective.


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Message par Celta83 » mer. 16 sept. 2009 17:11

Comme promis je vais suivre cette nouvelle storie.
Comme misaki, difficile de se faire une idée sur peu de ligne mais je suis sûr qu'on ne sera pas déçu.


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Atom Tan
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Message par Atom Tan » mer. 16 sept. 2009 20:44

Pas besoin de commenter sur si peu, mais avec la qualité ton autre story, je suis impatient de voir ou tu vas nous emmener et comment...Ps : Auprès de mon arbre c'est down ?


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Cantona
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Message par Cantona » jeu. 17 sept. 2009 15:23

II.

En ce lundi matin de décembre, la chaleur était telle qu'à 8 heures du matin, ne tenant plus, Antoni était déjà prêt à partir. La réunion ne devait avoir lieu que dans une heure et demie mais il ne supportait plus l'atmosphère de son appartement. Il récupéra les dossiers laissés sur le buffet vendredi et prit la direction du club.

« Déjà là José! Tu es bien matinal aujourd'hui. »
« Je pourrais te retourner le compliment Antoni. Mais tu sais aussi bien que moi que la journée risque d'être longue. Entrons, il fera moins chaud. »


La salle de réunion était en fait matérialisée par une rangée de tables disposées en U et entourées de chaises en plastique. Un seul des quatre murs disposait de fenêtres, afin de se protéger au maximum de la température extérieure.
Quelques instants après, les différents collaborateurs arrivèrent, se positionnant stratégiquement. Le président avait pris place au bas du U pour avoir une vue globale des membres présents. Antoni lui, s'était assis à une des extrémités contrairement aux réunions précédentes, durant lesquelles il se trouvait en général à côté de José, le président. Cette fois, il avait quelque chose à lui dire et voulait l'avoir en face.
Le président prit la parole pour faire cesser les discussions et lancer la réunion.

« Bonjour à tous, membres du bureau exécutif. Tout d'abord, je tenais à vous remercier tous pour votre collaboration lors de cette saison. Mais il nous faut maintenant aborder la suivante. »

Il marqua une pause pour reprendre son souffle et récupérer l'attention de l'assemblée.

« Comme je l'avais annoncé, je vais me retirer à l'issu de mon mandat qui se termine dans maintenant moins d'un mois, et vous avez décidé par un vote de choisir Antoni pour me remplacer. Choix que j'approuve totalement par ailleurs. »

Les regards se tournèrent vers Antoni, qui d'un signe de la tête remercia son président pour le compliment.

« Seulement il y a encore un point que je voulais régler avant mon départ et pour lequel j'aurais besoin de votre aide. Depuis maintenant trop longtemps notre club se morfond en deuxième division et chaque année j'ai de plus en plus l'impression que l'espoir d'accrocher une montée s'éloigne. Nous allons nous séparer de notre entraineur. Il faut quelqu'un pour remuer tout ça et nous redonner des raisons d'espérer. J'écoute vos propositions. »

En général, un changement de staff se décidait en comité plus réduit et ces circonstances exceptionnelles trahissaient un profond dépit chez le président. A sa mine, on comprenait rapidement qu'il ne savait plus quoi faire pour sauver son club.
Et personne ici ne semblait pouvoir l'aider. Chacun regardait son voisin, en espérant que celui ci aurait la solution miracle. Puis après quelques instants de ce silence pesant, ce fut Antoni qui prit la parole, toujours le sourire aux lèvres.

« A vrai dire, j'ai une idée. Elle paraîtra certainement farfelu pour la plupart d'entre vous, mais en y réfléchissant bien, vous saurez que j'ai raison. Nous devons engager Walter Hugo. »

Lorsque le nom fut prononcé, des rires apparurent dans l'assistance.

« Antoni, je t'ai déjà dit qu'on ne pouvait pas tout prendre à la légère dans le football. Le problème est sérieux. »
« Je suis sérieux José. Ce gars vous a presque offert à lui seul le championnat en 1968. Il est le plus grand technicien que cette foutue ville est connue. »
« Tu sais très bien de quoi je parle. Ce type n'est plus ce qu'il a été. C'est un nid à problèmes. Il ternirait la réputation du club plus qu'autre chose. »
« La réputation du club est déjà aux oubliettes. Il est celui qui a fait briller le club. Nous lui devons bien ça, pour services rendus! »
« On sait tous ici qu'il n'est plus que l'ombre de lui même. Non franchement, Antoni on file droit vers les emmerdes. »
« J'en prends la responsabilité, José. Si le club se plante, il partira et moi avec. »


La réunion se poursuivit quelque peu mais la détermination du jeune homme, d'habitude si jovial, avait convaincu le vieux président. Il allait se retirer et puis ce challenge c'est Antoni qui le relevait et qui en subirait les conséquences. Dans quelques semaines, il laisserait son poste de Directeur général pour prendre celui de Président et serait en première ligne si ça foirait.
Après avoir obtenu l'accord de ses collaborateurs, Antoni savait qu'il lui restait une personne à convaincre et pas des moindres. Walter Hugo, lui même.

Il se gara devant le bâtiment, un vieil immeuble au centre de la ville. Mais ce qui l'attendait était bien pire. Après avoir frapper à la porte deux fois sans réponse, il décida d'entrer. Et le spectacle qui s'offrait à lui était stupéfiant.

Les papiers peints jaunis se décollaient des murs du couloir, dans lequel flottait une drôle d'odeur, mélange de sueur, vapeurs d'alcool et matières de toutes sortes en décomposition. Enjambant les cadavres de bouteilles et les morceaux de plâtre jonchant le sol, il se fraya un passage jusqu'au salon.
Du moins, c'est ce qu'il supposait être. L'appartement se réduisait à un couloir donnant sur la cuisine, puis la salle de bains dont parvenait des parfums étranges, pour finalement aboutir sur ce fameux salon.
Veillant à ne rien toucher de peur de salir son costume,il tira les rideaux, ce qui arracha un léger grognement à la masse affalée sur le matelas posé à même le sol.

« J'ai rien, je vous dit. Laissez moi tranquille. »
« Tais toi Walter. Enfile un pantalon, on va faire un tour. »
« Antoni, c'est toi? Qu'est ce que tu fais là? »
« Je viens de te le dire, je suis venu te chercher pour qu'on aille faire un tour. »
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Atom Tan
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Message par Atom Tan » jeu. 17 sept. 2009 20:06

Passation de pouvoir réussi et bonne entrée en matière...même si pour l'instant je suis bien incapable de savoir de quel club tu parles...et ce Walter est pour moi inconnu au bataillon.

Ma curiosité est piquée au vif...


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Message par Cantona » jeu. 24 sept. 2009 8:38

III.

A bord du 4x4, le contraste était saisissant. D'un côté, Antoni, droit sur son siège, ses bras musclés sur le volant, les cheveux peignés et la barbe rasée de frais, dégageant une sérénité impressionnante dans son costume en lin beige parfaitement adapté à la saison.

Et sur le siège passager, Walter, sur qui les années semblaient avoir pesée plus que sur n'importe qui, surement bien aidées par l'alcool. Ses joues était creusées, recouvertes d'une barbe inégale, grisâtre comme ses cheveux ébouriffés et rapidement ramenés sur le côté. Son nez semblait avoir subi quelques bagarres et ses yeux surement verts ou noisettes par le passé, étaient désormais teintés d'un jaune peu élégant. Il avait rapidement enfilé un pantalon de survêtement gris qui n'avait pas dû connaître l'odeur de la lessive depuis quelques mois.

« Tu pues Walter! Ça faisait combien de temps que tu étais allongé sur ce matelas? »
Le vieil homme tourna timidement la tête vers son interlocuteur. Malgré la différence d'âge, c'est lui qui se faisait engueulé comme un gamin.
« Bon quoi de neuf pour toi, mon petit Toni? »
« Dans deux semaines, je prends la tête du club. »
« Ah c'est bien. Ils ont besoin d'un gars comme toi. »
« Ouais peut-être bien. Mais ils ont aussi besoin de toi. »
« De moi? Et qu'est ce que j'irais foutre là-bas? »
« Me prends pas pour un con Walter. Tu passes tes journées à boire ou à dormir. T'as plus un rond en poche et tu subsistes grâce à la vente de tes meubles. Mais va bien falloir te bouger. Et le football, c'est tout ce que tu sais faire. »
« Antoni, je n'ai aucune envie de revenir dans le football. J'imagine que tu comprends pourquoi. Puis, ils ne voudront pas de moi. »
« Je serais bientôt le président du club, c'est donc à moi de décider. Ça ne me fait pas plaisir d'évoquer ça, mais tu me le dois bien Walter. Fais le pour moi, deviens entraineur. »


Walter ne répondit pas, regardant au loin les paysages défiler à travers la vitre. Le reste du voyage se fit dans un silence quasi complet. Seule la radio annonçait les dernières nouvelles de la journée. Antoni gara le véhicule devant la vitrine d'un coiffeur pour hommes.

« Walter, je me suis porté garant à ton sujet. S'il te plaît, ne me déçois pas. »

Le reste de la journée fut consacré à un relooking complet. Antoni avait prévu que Walter rencontre dès le lendemain les membres du club, mais pour cela il devait être présentable.
Pour éviter tout dérapage incontrôlé, le club se contenterait d'un rapide communiqué de presse pour présenter le nouveau technicien:

Par la voix de son nouveau président, le club de l'Union Deportiva Magdalena à décidé d'engager Walter Hugo au poste d'entraîneur. L'ancien champion de Colombie entrera en fonction dès le début de semaine prochaine pour tenter de faire vivre au club de nouvelles heures de gloire.

Paru dans le journal local, le __ décembre 2007.



Sans trop de discussions finalement, Walter avait été nommé entraineur. Pourtant cette nouvelle ne semblait pas l'enchanter plus que ça. Antoni l'avait déposé au stade pour qu'ils se familiarisent avec les installations avant de rencontrer son effectif la semaine suivante.
Mais il le connaissait déjà ce club. Il l'avait fait connaître. Il avait fait se lever les foules dans ce stade Eduardo Santos. Il leur avait offert le championnat colombien en 1968. A chaque fois qu'il pénétrait dans ce stade, les 23 000 supporters se levaient et applaudissaient. Il avait été leur star, bien avant Carlos Valderrama. C'est son nom qu'il entendait chanter à chaque entrée sur la pelouse.

Et aujourd'hui, il allait à nouveau y pénétrer. Il allait à nouveau fouler cette pelouse. Et tous les souvenirs allaient l'assaillir sans qu'il puisse les contrôler.

Léo Recca qui décale Walter Hugo, côté gauche. Hugo va provoquer, d'un crochet il élimine son adversaire, il accélère. Ce pauvre latéral est bien trop lent pour le rattraper. Le défenseur adverse s'approche, Hugo feinte à droite, il tente le grand pont, c'est réussi, il lève la tête. Oui, il a vu son coéquipier qui arrive à toute allure, Walter pique magistralement son ballon pour la tête de Recca qui va marquer …. Oh non!!!! Oh mon dieu, c'est horrible. Mesdames et messieurs, ce qui vient de se passer ici est tout bonnement incroyable. Léo Recca est à terre. Il arrivait à toute vitesse et n'a pas pu éviter le gardien sorti les deux poings en avant. Il ne bouge plus, Walter Hugo est en pleurs à ses côtés. Ces deux là semblent tellement bien s'entendre, c'est assez douloureux de voir la détresse de ce jeune joueur.

Commentaires de la radio colombienne, Mars 1969


Voilà le genre de souvenirs dont il se serait bien passé. Il était mal à l'aise ici mais il devait faire front. Antoni lui avait demandé comme un service et pour lui, il devait surpasser son angoisse. Le football avait bouleversé sa vie, il était temps pour lui de rectifier le tir.
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Message par Jérémibl » jeu. 24 sept. 2009 10:09

Pas évident de commenter jusqu'ici. Tu as oublié de renseigner la date de parution du journal. Je ne pense pas que cela soit volontaire.
Sinon, bah j'avais aimé le style d'Auprès De Mon Arbre. Vif, spontané, parfois un peu vaudeville. Ici, c'est plus sobre. Déjà un narrateur extérieur, des descriptions précises, des coupures remettant la situation entre les dialogues. Un style déjà plus littéraire et tu maitrises ton chose, ça claque.

So, un certain Walter Ugo, une vieille légende retombée plus bas que terre, un pari osé pour un nouveau président. Une destinée apparemment tragique qui aurait rejeté Ugo du football, un effort sur lui-même à réaliser également, s'il accepte bien sûr...


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Message par Misaki » jeu. 24 sept. 2009 10:39

Ouais comme dit Jérèm, on sent que tu maîtrises la chose. Tu sais où tu vas. Ca se sent.

Jérèm, Hugo, c'est avec un ''H''. C'est pas Ugo. :mrgreen:

J'attends la suite avec impatience Canto.
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Message par Cali » jeu. 24 sept. 2009 10:43

J'aime ton écriture, qui pour le coup n'est pas trop longue et de qualité. L'histoire est prenante, j'imagine bien ton Walter pourrir dans son appartement, lui l'idole du peuple à la façon d'un Best ou d'un Gascoigne.

Maintenant j'attend de savoir pourquoi Walter se doit de rendre service à Antoni.


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Message par Atom Tan » jeu. 24 sept. 2009 20:34

A un moment j'ai cru voir ce salopard de Harald sortir sur Battiston mais non...

La Colombie... ça sent l'embrouille à plein nez !


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