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Midsomer Soccer

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Verchain
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Re: Midsomer Soccer

Message par Verchain » dim. 09 mai 2010 7:36

EPISODE 5 : CRUCIFY THE DEAD


We had the same dream
Lived life to extreme
A loaded gun jammed by a rose

The thorns are knots around your head
Your ego cursed you till you bled
You cannot crucify the dead
To me you're dead, yeah

The future is unset in stone
Decisions past leave you alone
Betrayed us all with your own selfish greed, your greed, yeah

New soldiers now say
That your beggars collect
Re-crucified and paid by you


Slash - Crucify The Dead

Après avoir garé ma Camaro le long du trottoir d'une petite rue de Fawcett Green, à l'adresse que m'a donnée Dennis Brinkley, je jette un œil sur les environs. Un mur assez haut m'empêche d'avoir une vue directe sur la maison. Vu la longueur du mur, il ne doit pas s'agir d'une "maison" au sens où on l'entend généralement. Encore une de ces grandes baraques qui abondent dans certains villages des Midsomer. Les murs sont surmontés de petites piques en fer ouvragés, formant une forme de grille de protection. Une lourde porte en métal, de couleur noire, garde l'entrée de la cour. Pas de carillon ou d'interphone. Je pousse la lourde porte, qui s'ouvre sans résistance. En effet, je n'ai pas devant moi une bicoque, mais bel et bien une immense demeure, à deux étages, en forme de L. Quelques marches au milieu du corps principal d'habitation mènent à une grande porte blanche. Je les gravis et actionne la sonnette. Plusieurs fois. Sans réponse. Brinkley, pourtant, doit être là. Une grosse berline allemande est garée dans la cour. Sa voiture. J'essaie d'ouvrir la porte, mais la poignée est bloquée. La porte est fermée, à clef. Il semble y avoir de la lumière sur le côté de la maison, qui filtre à travers les stores vénitiens qui garnissent les fenêtres. Brinkley a peut-être installé son bureau dans l'aile qui forme la base du L, qui n'a qu'un seul étage. Je m'oriente dans cette direction. Une porte-fenêtre aux petits carreaux masqués par une tenture pourpre absolument kitsch garde l'accès à cette partie du bâtiment. Elle n'est pas fermée. J'entre.

Je pénètre dans une salle haute de plafond, pour découvrir un spectacle à mi-chemin entre le fabuleux et l'étrange. Un alignement de machines de guerre moyenâgeuses se trouve contre le mur d'une pièce aux murs de pierre nus. Des petites affiches sont positionnées sur des pupitres installés devant chaque assemblage de bois, de fer et de cordes. Je lis rapidement les noms en passant devant chacune d'entre-elles, me dirigeant vers le fond de la salle où j'aperçois une porte entrouverte. Brinkley serait ainsi une sorte de collectionneur, ou d'amateur des guerres d'antan. On ne saurait pas le dire en croisant le petit bonhomme replet, qui se comporte toujours de manière extrêmement professionnelle. On trouve donc dans la pièce une baliste, une catapulte, un trébuchet. Des constructions énormes, qui tiennent juste sous le haut plafond blanc. L'éclairage par des spots fixés pour certains au plafond, pour d'autres derrière les machines donne à ces dernières une allure menaçante. Alors que je progresse en direction du fond, le pas lent, mon œil est attiré par une tâche rouge sur le sol. Je ne connais que trop bien ce type de tâche. Je me précipite vers le fond de la salle.

Dennis Brinkley repose au milieu d'une marre de sang. Un boulet tombé de la machine à côté de laquelle son corps repose - je lirai un peu plus tard qu'il s'agit d'un mangonneau, lourde machine de siège - est placé à quelques centimètres de son crâne. Bordel de merde. Avec le crâne éclaté, et ce volume de sang, nul doute possible. Le corps est encore chaud, mais le cœur ne bat plus. Dennis Brinkley est mort.

Je dégaine mon téléphone, pour appeler la police de Causton. La cavalerie arrive rapidement. Le grand débarquement, toute la force de la police locale en démonstration. Policiers en tenue, équipe médico-légale. Je suis rapidement évacué de la salle des machines, et un agent en tenue recueille ma déposition, prend mes coordonnées, vérifié mon identité. Encore un qui doit préférer le cricket… Il m’interroge sur les raisons de ma présence sur les lieux, mes liens avec l’homme mort dans le bâtiment. Je lui explique notre relation d’affaires, ainsi que le contenu de la conversation téléphonique s’étant déroulée quelques heures auparavant. Le policier demande à un type en costard, qui arbore le plus pur style OxBridge, s’il a des questions à me poser. Me jetant à peine un regard qui parvient toutefois à être profondément méprisant, il me donne congé d’un hochement de tête et d’un petit geste de la main. J’ai eu mon compte d’émotions fortes pour la journée. Il est temps de retrouver la sécurité du foyer, et des bras de Jaime…

Les émotions passées, et alors que nous avons appris dans le bus qui faisait route vers l'ouest de Londres que nos prochains adversaires en Cup seraient les Spurs, nous nous préparons à rencontrer Fulham, pour confirmer notre bonne passe du moment. Une défense assise, un milieu établi ou presque, et une saine concurrence en attaque, les Wanderers montrent qu'une fois prise la mesure de ce qu'est le football des grands, leurs joueurs ont du talent, dans le fond.

Il va nous falloir le prouver une nouvelle fois sur le terrain, cet après-midi. Après un premier quart d'heure d'observation, nous débloquons la situation. Downing est passé sur la droite pour botter un coup franc dans la direction du but. Il envoie un de ces longs ballons rentrants depuis le côté et trouve au second poteau Krivets venu se positionner à la place du botteur. Le but suffit à faire prendre conscience aux joueurs de Fulham que les spectateurs de Craven Cottage n'ont pas sacrifié les vacances des gamins pour voir une équipe apathique se contenter de bricoler quelques mouvements qui n'aboutissent pas. Les Londoniens mettent donc un peu de pression. Avoir un peu de pression, lorsque nous parvenons à la maîtriser, c'est quelque chose qui nous convient tout à fait. Car nous avons développé la faculté de ressortir rapidement les ballons, et de trouver très vite nos attaquants dans des situations de un contre un. Peu après la demi-heure, Dessena sort un ballon proprement. Shelvey relaie en direction de Muniain L'Espagnol démarre, efface Hangeland en lui passant le ballon entre les jambes, et vient battre le gardien de Fulham comme à l'entraînement. Il est un peu exagéré de dire que ce but a coupé le son dans le stade, mais nous n'en sommes pas loin. Craven Cottage retrouve cependant l'occasion de s'enflammer dans les arrêts de jeu, sur un but en contre de Diomansy Kamara. Et les décibels s'amplifient encore lorsque le juge de touche conserve son drapeau levé, sans esquisser le moindre geste en direction du centre du terrain. La situation est vraiment limite, mais le but est finalement refusé, quelques secondes avant que le coup de sifflet mettant un terme à la première période ne retentisse, entraînant avec lui une bordée de sifflets et d'injures en direction du corps arbitral.

Fulham s'appuie sur le sentiment d'injustice ressenti par ses fans pour se motiver, au retour des vestiaires. De la pression, encore. Quelques contres, à nouveau. Sans réussite, malheureusement. A la soixante septième minute, c'est même Fulham qui se déploie en contre. Vaughan, décalé par Dikgacoi au sortir d'une course folle, trompe Smithies d'une belle frappe du droit. L'espoir revient pour les Londoniens. Smithies doit s'employer pour devancer Gerra, et pour détourner une belle frappe de Dempsey qui prenait le chemin de la lucarne. Nous parvenons finalement à ruiner les espoirs des locaux à dix minutes du terme. Fabio récupère un ballon dans les pieds de Dempsey, lance Delfouneso dans la profondeur. Le jeune attaquant pousse une pointe vers la ligne de fond, et centre très fort devant le but. Le ballon passe devant Hangeland, et Macheda vient couper la trajectoire au second poteau, d'un plat du pied que n'aurait pas renié Eugène Saccomano. Trois buts à un. Nouvelle victoire convaincante.


C'est un autre type de défi qui nous attend pour nos retrouvailles avec l'Adams Park en championnat, au sortir d'une "tournée" qui nous a permis de remonter au classement de manière intéressante. C'est Manchester City, dans le vestiaire d'en face, de l'autre côté du couloir. Sur le terrain, comme c'est le cas à chaque fois contre cette équipe, nous n'existons pour ainsi dire quasiment pas. Dès la huitième minute, Ireland emmène le contre des Citizens, feinte la frappe avant de transmettre à Tevez, qui, lui, ne tente pas de feinte et frappe en première intention. Smithies est battu. City, par la suite, assure le coup tranquillement, plaçant des banderilles de manière sporadique.

Il faut attendre la seconde période pour que City se mette définitivement à l'abri. Lescott est à la réception d'un corner de Vargas, et place sa tête hors de portée de notre gardien, pas très inspiré sur l'action. Robinho parachève la gifle à vingt minutes du terme, après avoir fait un bel appel en travers parfaitement interprété par Ireland. La frappe placée du Brésilien de l'entrée de la surface, suffisamment puissante, ne laisse aucune chance à Smithies. Une belle démonstration, toute en puissance et en maîtrise, pour cette équipe en lutte avec Chelsea pour la première place. Loin, très loin là-haut, au classement. Pour nous, c'est un coup d'arrêt, qui intervient au plus mauvais moment, car les deux rencontres qui viennent seront celles qui nous feront passer définitivement un cap, ou replonger dans la tourmente de la lutte pour ne pas connaître la relégation.

La première étape de cette course vers le rêve fou du maintien nous propose une vraie difficulté. Pas tout à fait le Monte Zoncolan, mais quelque chose comme le Gavia, un monument certes impressionnant, mais qui vaut surtout par son incomparable prestige. Les Reds ne sont plus un des membres du Big Four, et luttent pour demeurer membres d'un Big Five avec nos adversaires suivants, Tottenham, dont le début de parcours calamiteux a tué les espoirs de titre, mais leur redressement a été suffisamment impressionnant pour les ramener dans la lutte à la Ligue des Champions.

Le temps d'aller à White Hart Lane n'est pas encore venu. Nous devons d'abord affronter Liverpool. Il ne nous faut qu'une dizaine de minutes pour donner à penser que peut-être nous allons opter pour le côté lumineux de la Force. Lancé en profondeur par De Silvestri, Delfouneso devance la sortie de Reina et pousse le cuir dans le but. Ce n'est que le début du show de l'attaquant anglais, mais un petit interlude est donné au public, le temps de prendre quelques rafraîchissements pétillants, à la mousse crémeuse de préférence. Fernando Torres manque un pénalty généreusement accordé par monsieur Webb. Smithies repousse le tir, en ayant bien anticipé la frappe de l'attaquant espagnol. Le ballon revient sur Fabio, qui envoie un très long ballon vers Delfouneso. Reina a évité à sortir, et la vitesse de l'attaquant laisse les défenseurs à distance raisonnable. Quand le gardien se décide finalement à sortir, Delfouneso pique le ballon au-dessus de lui et double son compteur personnel pour la journée. Nous jouons depuis moins de quinze minutes, et Liverpool semble complètement aux abois. La situation ne s'arrange pas pour les Reds. Trois minutes après le second but de Delfouneso, Macheda rappelle à la foule qu'il y a un autre attaquant qui sait marquer des buts dans l'équipe alignée. Shelvey et Krivets se font des politesses, s'échangent quelques passes, de quoi rendre fous les défenseurs en rouge. Le Biélorusse finit par se lasser de la situation, et envoie une petite balle piquée en direction de l'attaquant italien. Macheda contrôle, élimine Carragher, et frappe de toutes ses forces. Trois à zéro, à la dix huitième minute. Les Reds accusent salement le coup, et la mi-temps est atteinte sur ce score déjà sans appel.

La seconde période est plus accrochée, moins à sens unique. Liverpool se permet même de réduire le score. Glen Johnson, venu de l'arrière, hérite d'un ballon de Benayoun à l'heure de jeu. La frappe du défenseur est détournée par Tomkins et prend Smithies à contre pied. Le but rend un peu de furia aux Reds. Delfouneso, une nouvelle fois, éteint l'incendie. Il récupère un ballon sur nos trente cinq mètres, lève la tête, et prend une décision dans la seconde. La route est droite. Un grand pont met Carragher qui accuse le poids de ses années dans le vent. Gerrard ne peut pas s'opposer à un crochet qui mettrait un tour de reins à n'importe quel homme normalement constitué. Delfouneso accélère encore, évite le tacle desperado de Johnson, envoie Reina contrôler l'état de ses rhumatismes, et pousse le ballon dans le but déserté. La clameur semble ne pas vouloir s'éteindre. Le petit Adams Park fait autant de boucan qu'Anfield un soir d'orgasme footballistique. Nathan Delfouneso, bien décidé à jouer le classement des buteurs, marque son quatrième but à cinq minutes de la fin, transformant un pénalty flagrant concédé par Bjärsmyr. La réduction du score par Kuyt à la fin du temps additionnel ne soulève aucune réaction du public. C'est un triomphe d'empereur romain qui nous est offert au coup de sifflet final. Cinq buts à deux. Un truc de furieux...

C'est à Tottenham que notre entrée dans le top ten du football anglais se poursuit. Les Spurs sont toujours bien placés au classement. Les vainqueurs des Reds ont pour partie laissé la place à des remplaçants avides de montrer qu'eux aussi peuvent participer à la fête. La première demi-heure est dominée outrageusement par Tottenham. Trois barres, et à nouveau un exploit de Smithies qui repousse un pénalty de Pavlyuchenko. A la trente quatrième minute, un une-deux entre Laurito et Maduro envoie l'Argentin au duel avec Glenn Watkin, le gardien remplaçant des Spurs. Un pointu assez laid passe sous le ventre de celui qui tient le poste que Gomes a du laisser sur une vilaine blessure contractée à l'entraînement. Et nous sommes devant au score. Il ne faut que cinq minutes à nos adversaires pour ramener l'équilibre dans la rencontre. Roman Pavlyuchenko place sa tête à la tombée d'un centre de Modric, qui a déboulé sur le côté gauche comme s'il était inarrêtable. La joie de White Hart Lane n'est que de courte durée. Moins de deux minutes après l'égalisation, Stuart Downing reprend à l'instinct un ballon cafouillé par la défense des Spurs, et trompe Watkin du gauche.

La seconde période reprend comme la première avait commencé. Du blanc partout, des occasions en pluie, pendant une bonne vingtaine de minutes. Et un nouveau contre qui fait mouche, une nouvelle fois par Downing, qui inscrit son deuxième but de la rencontre et de la saison, du gauche, sur un bon ballon donné par Piatti, à l'un des rares moments où il ne se fait pas bouger par Huddlestone. Il reste moins d'un quart d'heure, et nous tentons de conserver le ballon au mieux, pour éviter que la furie des blancs ne nous emporte. Dix minutes après notre prise d'avantage, nous mettons un point final aux tentatives de retour des Spurs. Décalé par Golasa, Daniele Dessena inscrit un but qui ne dépareillerait pas dans les meilleurs moments du football allemand. Une bonne grosse mine des familles, de trente mètres, ça fait boum, et ça assoit tout le monde. L'œuvre de notre début d'année est parachevée, loi des séries oblige, par Downing qui transforme un pénalty à deux minutes de la fin de la rencontre. Un carton rouge pour Woodgate sur l'action met un terme à l'après midi de chien des Spurs. Pour la seconde fois de la semaine, nous inscrivons cinq buts à une équipe du haut de tableau. Lorsqu'on y repensera en fin de saison, peut-être se dira-t-on qu'il s'est produit quelque chose, là, le quatorze janvier, à White Hart Lane...

Le visage rubicond qui surplombe des épaules larges de l’homme qui descend d’une imposante Jaguar noire ne m’est malheureusement pas inconnu. Quand il apparaît à proximité, c’est qu’en général une sombre affaire se déroule. J’ai reçu plusieurs visites de cet homme, par le passé. Il y a un peu moins de deux ans pour être exact. L'inspecteur-chef Tom Barnaby n'est pas venu accompagné de son fidèle sergent Scott, le chéri de ces dames. Il est accompagné d'une jeune femme habillée de manière stricte, jupe droite et tailleur perles. Plutôt jolie, mais sans plus. Elle ressemble trop à l'anglaise moyenne pour être véritablement séduisante. Les deux policiers s'approchent de la porte. Je devance le coup de sonnette, ouvrant la porte du cottage alors même que le couple improbable se présente sur le seuil. Ils pénètrent dans le salon, Jaime levant les yeux vers les deux personnes qui la saluent. Elle et moi savions que ce moment allait arriver, mais ma compagne est assez inquiète. La dernière fois que des policiers sont venus chez elle, c'était pour lui apprendre la terrible nouvelle de la mort de celui qui devait devenir son mari. Devant une tasse de café, ce qui semble contrarier la constable Brierly (puisque c'est ainsi que s'est présentée la jeune femme qui accompagne le grand flic), qui s'attendait sans doute à du thé, Barnaby pose une nouvelle fois tout une batterie de questions sur la découverte du corps de Dennis Brinkley. Je n'ai rien de plus à lui apprendre que ce qu'il ne sait déjà à travers la déposition recueillie par un constable sur la scène de crime, il y a deux semaines environ. Plus que l'opportunité de réveiller des souvenirs relatifs à cette matinée d'horreur, Barnaby est venu me demander de me rendre dans deux semaines à l'audition publique du coroner, à Causton, au cours de laquelle les conclusions du légiste seront présentées. Je lui confirme ma présence, espérant ne pas être amené à témoigner, comme cela se fait relativement souvent pour les témoins présents sur la scène de crime. En effet, je n'ai pas nécessairement de bons souvenirs de mon dernier passage à la barre. L'audition, en elle-même, n'est pas un procès. Pas de jury. Juste la présentation publique de conclusions d'autopsie. Un tel évènement déplace parfois un peu de foule. Nous verrons bien...

Nos nouveaux amis de Tottenham, avec l'homme à la tête de cire sur le banc, Harry Redknapp, viennent nous rendre visite dans un match en forme de revanche après la jolie claque du championnat, en Cup, à l'Adams Park. On sent bien la tension entre les deux équipes, dans le couloir étroit menant au terrain. Les épaules se touchent presque lorsque le tunnel se rétrécit, au moment de passer sous la tribune, vers le petit hall au bas des quelques degrés qui mènent à la pelouse. La tension explose dès le coup d'envoi. Muniain et Piatti se donnent la petite passe du coup d'envoi, le ballon voyage vers l'arrière où De Silvestri enchaîne un second match comme titulaire, chose plutôt rare dans la saison. L'Italien lève la tête et voit Krivets s'engouffrer dans son couloir droit. Une balle profonde, et le Biélorusse prend le dessus sur Assou-Ekoto, rentre dans la surface, et frappe sans même lever les yeux. But. Un à zéro alors que le chronomètre n'a pas encore atteint une minute. C'est la fête à l'Adams Park. Les Spurs viennent de prendre un coup sur le crâne. En tournant la tête sur la gauche, alors que s'égrènent les secondes, je vois Redknapp vociférer et gesticuler à la limite de sa zone technique. Ses yeux sont toujours aussi inexpressifs, mais le joli ton carmin qu'a pris son visage montre que ça bout sévèrement, derrière le visage en cire. Les hommes de la publicité vivante pour le musée de Madame Tussaud ont compris le message, et n'ont sans doute pas envie que leur coach démontre une capacité à l'autocombustion.

Nous ne sommes pas des Italiens, même si nous comptons dans nos rangs deux représentants de ce merveilleux football. Nous ne savons pas fermer la boutique lorsque nous tenons un petit but d'avance. Tottenham a conservé un fond britannique, ne se laissant jamais décourager tant qu'il reste quelques minutes à jouer. Jouer, voilà notre ennemi du moment. Les sirènes du jeu nous prennent à leur piège, et Tottenham nous poignarde en contre à quelques minutes de la mi-temps. Bentley lance le Russe Pavlyuchenko qui devance la sortie de Smithies. Tout est à refaire, dirait l'autre.

La seconde période est disputée sur un faux rythme, avec de rares accélérations. Les deux équipes sont fatiguées, et les changements ne suffisent pas à soulever le coin du voile d'apathie qui est tombé sur la rencontre. La peur du contre assassin, sans doute, en plus des limites physiques des uns et des autres. Jusqu'à la dernière minute. Krivets hérite d'un ballon en profondeur de Piatti, au point de pénalty, et exécute le portier londonien. C'est l'explosion. Elle est vite douchée, par des coups de sifflet répétés de l'arbitre. Hors-jeu. Pas de but. J'ai beau vider mon dictionnaire de paroles moins élégantes que les blagues vaseuses d'une convention de dockers, rien n'y fait, le quatrième arbitre ne peut rien faire, à part peut-être me menacer d'une expulsion qui serait, dans le fond, complètement inutile. Mon discours savamment construit autour du mot "fuck" qui se répète au rythme soutenu d'un mot sur trois en moyenne. Il faudra rejouer ce match, et reprendre le bus pour White Hart Lane, une nouvelle fois.

Nous avons besoin de souffler, c'est certain, et l'effectif est profondément remanié pour notre rencontre suivante, à Bolton. L'équipe de la ville située au nord-ouest de Manchester est mal en point au classement. Une belle occasion de faire tourner. Le milieu est totalement renouvelé. Laurito retrouve une place de titulaire, pour le moment. Le manque de rythme et l'extrême prudence des locaux donnent une première demi-heure plutôt fade. Jusqu'à ce que Laurito s'enfonce dans la défense, avant d'être déséquilibré par Suchy en pleine surface. C'est Macheda qui exécute la sentence. Un but à zéro. Bolton peine à se créer des occasions, jusqu'à ce que Kryvstov, averti quelques minutes plus tard pour avoir dégagé un ballon après le coup de siffler signalant une faute de Shawcross, ne déséquilibre Elmander. Le Suédois joue bien le coup, y allant de sa cabriole Actor's Studio. Alors qu'il ne nous reste qu'une minute pour rentrer aux vestiaires, nous nous retrouvons à dix, pour tout une mi-temps.

Nous subissons, forcément, toute la deuxième période. J'aurai peut-être du laisser deux attaquants sur le terrain, et me priver d'un milieu, pour essayer d'en planter un deuxième, qui n'aurait pas manqué de faire baisser les bras aux joueurs de Bolton. Elmander et Muamba ne parviennent pas à concrétiser leurs occasions. Nous tenons tant bien que mal jusqu'au coup de sifflet final. Trois points de plus, dans la douleur.

Le marché d’hiver aura été plutôt calme en première division. Man City a une nouvelle fois essayé d’acheter des joueurs par douzaines, mais apparemment sans trouver leur bonheur. Pour ma part, j’ai accepté de céder Jukka Raitala aux Italiens de Catane, la proposition financière de près de huit millions d’euros me semblant impossible à refuser. Pour le remplacer, après un rapide tour d’horizon du marché des transferts, et pour trois millions d’euros seulement, le jeune Lee Wallace, qui se morfond en réserve à Arsenal, vient rejoindre Wycombe. Il ne sera sans doute qu’un remplaçant aux apparitions peu fréquentes, compte tenu de la bonne santé de Fabio, blessé une bonne partie du début de la saison, qui semble avoir décidé d’éviter l’infirmerie en cette année nouvelle.

Le match face à Newcastle est d'un tout autre acabit. Les deux équipes jouent le jeu durant toute la première période. Influences latines des deux côtés. Jeu en passes courtes. Gestes techniques. Et un vrai manque de réussite pour Mouath ou Delfouneso. Il faut une bonne heure pour qu'un gardien s'incline enfin. Krivets trouve Macheda dans l'axe. L'Italien fixe son vis à vis, feint de tenter un crochet, et remet à Delfouneso d'une talonnade venue d'ailleurs. Le jeune Anglais frappe la balle comme elle vient. Et le score est ouvert. Le match, pour autant, n'est pas tué. Mouath et Jonas se procurent de belles occasions, magnifiquement stoppées par des arrêts réflexes de Smithies. Shelvey lance Macheda depuis le milieu du terrain. Le joueur formé à la Lazio court en ligne droite, se basant sur sa puissance, et vient inscrire le but du KO. Newcastle est groggy sur le terrain, et cela est illustré trois minutes plus tard. Krivets frappe fort depuis l'entrée de la surface. Krul, le gardien de Newcastle, écarte le danger, boxant le ballon en se couchant, sur sa droite. Piatti a suivi, et lève un petit ballon par-dessus le défenseur venu à sa rencontre. Delfouneso a plongé dans le dos de Taylor, et reprend de la tête en se vautrant sur le ventre. Trois à zéro. Net et sans bavure. Nous voilà huitièmes, à quelques points de l’Europe.

Alors qu'une neige inhabituelle a envahi les rues de la capitale, au premier jour de février, nous retrouvons White Hart Lane, qui tend à devenir une deuxième maison pour nous, ou presque. Le ballon orange, une légère pellicule blanche recouvrant le terrain, la Cup et son étrange règlement de faire rejouer les matchs nuls reprend ses droits. Redknapp envoie au combat ses habituels titulaires, quasiment tous internationaux. Pour ma part, je mise sur la fraîcheur. Et le début de match me donne raison. Maduro et Piatti combinent dans l’axe, au quart d’heure de jeu. Le petit Argentin frappe sur la barre. Muniain se trouve à nouveau bien placé, et pousse le cuir dans les filets défendus ce soir par la revenant Cudicini. Un quart d’heure plus tard, Eyal Golasa, depuis son côté droit, se rapproche de la surface, colle les pieds de Woodgate dans la pelouse enneigée, et frappe de l’extérieur du droit. La balle prend une trajectoire courbe magnifique et pénètre dans les filets, au ras du poteau. Tottenham finit par réagir à cinq minutes de la mi-temps, Bentley et Modric composant ensemble une belle série de passes qui déstabilise complètement notre défense. Bentley, seul devant Smithies, ne tremble pas au moment de réduire le score.

Le début de la seconde partie du match voit les Spurs se lancer à l’attaque pour égaliser. Crouch a remplacé un Pavlyuchenko très maladroit. Et Tottenham joue haut, nous donnant quelques opportunités. Muniain, qui a décroché, sollicite une passe de Piatti. Il récupère le ballon. Golasa s’est infiltré dans la brèche créée par le décrochage de l’Espagnol, et est trouvé par Muniain. Il frappe, fort, tendu. Trois à un. Nous semblons tenir le bon bout.

Malheureusement, les Spurs reviennent au score. A vingt minutes de la fin du match, Palacios trouve Defoe, parti en travers dans le dos de Tomkins. Les qualités de buteur de l’Anglais sont meilleures que les capacités d’anticipation de Smithies, et Defoe marque le but de l’espoir. La tempête s’abat sur nos buts. La fin de match est très chaude, sous un froid polaire. Les corners s’enchaînent. A cinq minutes de la fin, Bentley envoie le ballon depuis le coin dans les six mètres. Smithies s’élance. Et passe au travers. Le ballon, légèrement dévié, revient vers la tête du défenseur roumain Radoi. Et Tottenham égalise.

Nous jouons la prolongation. Il ne nous faut que deux minutes pour prendre à nouveau l’avantage. Krivets et Macheda, entrés en jeu dans la perspective d’une éventuelle séance de tirs au but, s’illustrent. Ils ont permuté. Macheda, décalé sur la droite, centre à ras de terre, vers le point de pénalty. Krivets reprend en première intention et trompe Cudicini. Malgré de nombreuses tentatives des Londoniens qui évoluent à cinq devant, rien n’y fera. Un but refusé à Crouch pour un joli ippon sur Tomkins fera bien hurler les spectateurs, c’est terminé. Nous avons gagné le droit de recevoir Chelsea, pour les huitièmes…

L’audition du coroner se déroule dans la grande salle municipale de Fawcett Green et pas, comme cela avait initialement été prévu, à Causton. C’est la foule des grands jours. La salle est bondée, et c’est presque comme si on avait du refuser du monde pour la représentation du théâtre de la vie et de la mort. Une bonne partie des habitants du village est présente, les oisifs, les retraités, les femmes au foyer qui ne trompent pas leur ennui avec le facteur ou le laitier (sans doute parce qu’il est trop tard pour cela, et que le plombier ne peut pas se multiplier, non plus…). Il fait rapidement beaucoup trop chaud, dans cette salle. Voulant sans doute bien faire, quelqu’un aura poussé le chauffage pour réchauffer la pièce, mais une fois terminée l’allocution ampoulée du procureur de la Reine, qui dure une éternité pour ne rien dire, on commence à sentir la transpiration des uns des autres. Les plus en sueur s’épongent le front comme si on se trouvait au quinze août, sur la grande pelouse de la commune, à participer aux animations de la fête paroissiale.

Etant le seul témoin présent sur la scène de crime, je suis appelé à la barre, pour rapporter une nouvelle fois ce que j’ai déjà déclaré par deux fois aux policiers. Je décris à nouveau les circonstances, la scène, la déposition. Des murmures dans la salle. Mon statut de célébrité locale, sans doute. Ou le fait que ces gens pensent qu’il y a sans doute une affaire de gros sous, comme à chaque fois qu’un notable meurt dans le coin. Joe, Jaime et Marlena sont venus assister à l’audition, pour me soutenir, sans doute. Ils craignaient peut-être que je sois arrêté sur le champ, livré à la vindicte populaire, et pendu sur la place du village...

Je suis rapidement renvoyé à ma place. George Bullard, le légiste, rapporte ensuite l’examen de la scène, avec des mots crus, techniques, chirurgicaux, qui font passer quelques émotions dans la foule qui transpire.

Enfin, le coroner prend la parole.

« L’heure du décès est fixée entre dix et onze heures du matin. Tous les relevés présents sur la scène de crime donnent à penser qu’il s’agit d’un regrettable accident. En manipulant une de ses machines de guerre moyenâgeuses, monsieur Brinkley a provoqué la chute d’un boulet de cinquante kilos, tombé sur son crâne. La mort a été instantanée. L’affaire est close. »

To Be Continued…


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Atom Tan
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Re: Midsomer Soccer

Message par Atom Tan » dim. 09 mai 2010 11:26

Verchain a écrit :La mort a été instantanée. L’affaire est close. »
Et Atom s'exclama "prends nous pour des jambons !"...déjà collectionner les vielles machines de guerres moyenâgeuses faut être excentrique mais se faire tomber un boulet sur la calebasse alors là...bref nous voilà dans "une nouvelle enquête de l'inspecteur Barnaby"...bon faut dire qu'au niveau des personnages secondaires on a guère le choix...la femme, la fille ?
Il est vraiment cerné de cadavre et de sang...mais comment fait il pour dormir notre héros malheureux...
Verchain a écrit :Ses yeux sont toujours aussi inexpressifs, mais le joli ton carmin ... derrière le visage en cire
belle description du basset anglais...j'ai apprécié...consanguinité et pinte de bière...alchimie magnifique !
Verchain a écrit :Nous ne sommes pas des Italiens, même si nous comptons dans nos rangs deux représentants de ce merveilleux football.
tsssss ....

Tranquilou on avance et merci pour mon dimanche matin...


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Misaki
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Re: Midsomer Soccer

Message par Misaki » lun. 10 mai 2010 15:37

Atom Tan a écrit :
Verchain a écrit :La mort a été instantanée. L’affaire est close. »
Et Atom s'exclama "prends nous pour des jambons !"...déjà collectionner les vielles machines de guerres moyenâgeuses faut être excentrique mais se faire tomber un boulet sur la calebasse alors là...
Je te rejoins Atom. Cette affaire ne va pas en rester là. Mais je n'ai aucune piste.

Et sportivement, Wycombe est proche de l'Europe après un départ catastrophique. Quel coach ce Francesco!!!
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Venez participer au quizz multi-sport.


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Verchain
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Re: Midsomer Soccer

Message par Verchain » lun. 10 mai 2010 15:44

Misaki a écrit :
Atom Tan a écrit : Et Atom s'exclama "prends nous pour des jambons !"...déjà collectionner les vielles machines de guerres moyenâgeuses faut être excentrique mais se faire tomber un boulet sur la calebasse alors là...
Je te rejoins Atom. Cette affaire ne va pas en rester là. Mais je n'ai aucune piste.

Et sportivement, Wycombe est proche de l'Europe après un départ catastrophique. Quel coach ce Francesco!!!
Ouais, je sais, c'est un connard prétentieux.

Bon, dans deux épisodes, vous saurez !! Et ce sera fini, par la même occasion.

J'ai déjà une bonne partie des résultats sportifs en magasin, et écrit les lignes directrices pour le reste. Pas sur que ce soit génial, mais bon...


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Re: Midsomer Soccer

Message par alhambra » mer. 12 mai 2010 18:42

Waaah. Cela faisait un bout de temps que je n'avais plus eu l'occasion de venir ici ! Il y a beaucoup de nouvelles stories et avant de lire ça, j'en suis retourné aux bonnes vieilles soupes ! Haha. Donc je me suis enfilé les cinq derniers épisodes d'une traite et c'est franchement bien écrit. Comme d'hab' quoi ! Un réel plaisir que de suivre les premiers pas de Wycombe en PL ... Bravo !


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Verchain
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Re: Midsomer Soccer

Message par Verchain » dim. 16 mai 2010 7:43

EPISODE 6 : BEAUTIFUL DANGEROUS

Now we're on this planet
I'm in love with all your dangers, dangers
We can live forever
I can be your favorite angel, angel
Beautiful Dangerous

We acted smooth like rain
Save all flame that we'll light
You can be sick, I'll be nasty
Cuz sometimes it's more fun to fight


Slash - Beautiful Dangerous


Les premiers jours de mars marquent le retour du beau temps. Et une période faste pour les Wanderers, habituellement. Après le match longue durée contre Tottenham, mes gars sont émoussés. Le rythme fou de la Premier League, assez semblable à celui des divisions inférieures mais accompagné de joueurs à la fois de meilleure qualité et en nombre plus important. West Ham, que nous avions croisé dans la zone rouge en début de saison, est maintenant à quelques points derrière nous, une fois épongé un nombre impressionnant de matchs en retard. Nous avons donc l'occasion de les mettre à distance aujourd'hui. C'est pourquoi j'ai décidé d'envoyer l'équipe type, dont environ la moitié des membres n'a pas participé au match de coupe. Les jambes sont lourdes, et Diamanti s'amuse beaucoup à embrouiller nos défenseurs à coup d'appels et de contre-appels. C'est Delfouneso qui ramène nos adversaires du jour à la raison, peu avant la vingtième minute de jeu. Il nous sort son spécial. Un grand déboulé sur la gauche, il rentre dans la surface, et bat Robert Green d'un petit plat du pied enroulé dans le petit filet opposé. Un peu un but à la Thierry Henry, mais sans l'appui de chevilles outrageusement gonflées. Le but tue la rencontre. Presque définitivement. Macheda clôture la marque à dix minutes de la fin de la rencontre. Delfouneso s'amuse une nouvelle fois sur son côté, remet en retrait vers Fabio au lieu d'aller défier la défense. Le centre du Brésilien flotte légèrement entre le point de pénalty et les six mètres. Federico Macheda déploie sa grande carcasse pour venir smasher le ballon de la tête, au ras du poteau, et nous assurer une victoire certes un peu terne mais extrêmement précieuse.


Trois jours plus tard, l'équipe est une nouvelle fois modifiée en profondeur. Aujourd'hui, un groupe d'une vingtaine de joueurs compose l'effectif régulièrement appelé à jouer. Et on ne ressent pas de différence, ou presque, dans la qualité du jeu produit. Certaines combinaisons sont meilleures que d'autres, toutefois. Et la composition décidée pour affronter West Brom n'a pas l'air de fonctionner correctement contre une équipe bien décidée à camper dans ses vingt mètres pendant une heure et demie. La première mi-temps est triste comme un jour sans whisky. Aucune occasion franche pour nous. Aucune non plus pour WBA, qui n'avait de toute façon pas décidé d'en avoir. Il faut attendre l'heure de jeu pour voir Albion se montrer menaçant. Pablo Zabaleta, venu de son côté droit, oblige Smithies à détourner en corner. Le coup de pied de coin est botté, et repoussé par Shawcross en direction des vingt cinq mètres, plein axe. C'est là que Zabaleta s'est installé. Il frappe le ballon comme il lui arrive. Etrange parabolique, qui vient mourir dans la lucarne d'un Smithies médusé, qui contemple son filet comme s'il s'agissait d'une chose inhabituelle.

Il faut réagir. Delfouneso et Macheda viennent au relais de Shelvey et Laurito, Muniain prenant une position de neuf et demi dans laquelle il se crée deux occasions en moins de deux minutes. WBA ferme un peu plus encore le jeu, comme si c'était du domaine du possible. Alors que l'espoir semble avoir choisi de se lever et de partir de notre banc, Nathan Delfouneso égalise. C'est moche, un but du pointu. Mais ça compte autant qu'un autre. Et surtout, cela nous permet de donner un coup de collier supplémentaire, dans les quelques minutes accordées par l'arbitre au-delà du temps réglementaire. Et de bénéficier, peut-être, d'un petit coup de pouce du destin. Eyal Golasa tente un nouveau débordement et envoie au petit bonheur la chance un centre dans la surface. Trop près du but pour être dangereux. Normalement. Car Carson se troue lamentablement. Il ne parvient pas à se saisir du ballon, qui tombe au sol. Muniain se jette, et pousse le cuir derrière la ligne de but. Une vraie, belle, profonde libération. Sous une bordée de sifflets qui ne nous atteignent pas, car ils ne nous sont pas destinés.

Après le décrassage et quelques soins, j'ai décidé de donner leur journée aux joueurs. Un peu de repos, avant un match de coupe, et au lendemain d'une victoire usante sur un plan nerveux, ne peut pas faire de mal. Je passe rapidement au bureau vérifier mes e-mails, et les quelques messages téléphoniques du jour. Un coup de fil de Rob qui a besoin de ma signature pour l'investissement dans de nouvelles machines, deux de journalistes, un d'un agent de joueur qui m'annonce que je devrai recevoir dans quelques jours la vidéo des exploits d'un de ses joueurs. Rien de bien important. Je vais passer au club avant de retourner au cottage, pour donner à Rob l'autorisation de claquer le pognon de ma société. J'attrape mes clefs, pose mon sac sur mon épaule, et prends la direction du parking. Quelqu'un m'y attend, à ma grande surprise.

L'inspecteur-chef Tom Barnaby se tient appuyé contre la portière de sa Jaguar noire. Seul. Pas de signe de la constable Brierley, jolie mais cul-serré. Le bonhomme rubicond s'avance vers moi et me tend la main. Il souhaite m'entretenir de quelque chose, peut-être pourrions nous aller prendre un verre au pub d'en-face ?

Le policier de Causton est venu me trouver pour évoquer, une nouvelle fois, la mort de Dennis Brinkley. Je pensais l'affaire classée, mais un nouvel élément venait de la relancer. Selon Barnaby, l'enquête n'était pas encore à nouveau ouverte, mais il avait pris sur lui de creuser une nouvelle piste qui s'était faite jour. Le commissariat de Causton avait reçu un e-mail qui conseillait aux enquêteurs de jeter un œil dans l'agenda de Dennis Brinkley, et de "chercher la fille". Chercher la fille, voilà les mots exacts employés dans le courrier électronique dont Barnaby venait de me montrer une copie. J'interroge le flic, savoir en quoi cela pourrait me concerner. Barnaby me demande, compte tenu de mes liens assez proches avec Brinkley, si j'étais au courant d'une relation amoureuse du financier. Rien à ma connaissance. Barnaby m'annonce alors que le bel agenda de cuir de Brinkley comprenait au jour de sa mort des initiales, pour un rendez-vous apparemment deux heures avant que l'homme ne m'appelle et que je me rende sur les lieux du drame. Deux lettres. J. E.

Le policier me demande si cela me fait penser à quelqu'un. Devant mon visage qui se décompose, il doit bien se douter qu'en effet, cela me fait penser à quelqu'un. J. E. Jaime. Edmonds. Oh, mon Dieu. Bien entendu, il doit y avoir des centaines de personnes qui ont ces initiales en Angleterre. Mais dans mon entourage immédiat... Je lâche le nom de Jaime au policier. Il me demande si quelque chose pourrait me donner à penser qu'il existait un lien entre Brinkley et Jaime. Je n'en vois aucun. Jaime n'a pas le pouvoir d'interférer dans mes affaires, et n'a donc pas de raison que je connaisse qui puisse la mettre en relation avec Brinkley. J'indique à Barnaby qu'il pourra vérifier la situation, Jaime étant partie pour une semaine avec Marlena en France pour quelques vacances, au retour de ma compagne. Il n'y manquera pas, même si je lui indique qu'elle était censée se trouver au travail, au club, à Causton, où elle donne un cours de fitness, le matin, deux fois par semaine.

Ce sont des applaudissements nourris qui saluent notre entrée sur la pelouse de l'Adams Park, pour le huitième de finale de Cup qui nous attend contre Chelsea. La multinationale qui affronte son ancienne filiale, en territoire ennemi. L'effectif de Chelsea vaut environ six fois celui de Wycombe, sur le marché des transferts, même si quelques montants incroyables ont pu être ça et là annoncés dans la presse pour des transferts éventuels de Delfouneso ou Macheda. Nos visiteurs ont quoi qu'il en soit plus d'expérience des grands matchs que ce que nous avons de notre côté. Jouer une montée en Premier League, ça reste très différent de disputer une finale de compétition européenne. Et ça se voit. Il faut un quart d'heure pour que la démonstration s'opère. Zhirkov adresse une véritable offrande, sur les six mètres, à la dernière recrue de Chelsea qui n'a qu'à pousser le ballon de la pointe pour ouvrir le score. Dix minutes plus tard, Frank Lampard rappelle au bon peuple de Wycombe qu'il possède une frappe de balle à peu près sans égale. Son missile à tête chercheuse trouve la lucarne de Smithies. Nous sommes tués. Ou presque. Cinq minutes après le deuxième but, Carvalho accroche Macheda dans la surface. Pénalty. Transformé par l'italien. Et l'Adams Park y croit.

Le début de la seconde période lui donne raison d'espérer. Sur le coup d'envoi, Federico Laurito hérite d'une remise de Macheda, à hauteur des seize mètres. Sa frappe passe entre les défenseurs centraux de Chelsea, et trompe un Cech qu'on a connu plus inspiré. Tout demeure possible, mais la perspective d'un match nul et d'une rencontre supplémentaire à aller jouer à Stamford Bridge ne m'enthousiasme guère. Alors, je tente un coup, en lançant Muniain en renfort, et Delfouneso en appui de Macheda. Nous tentons de marquer ce but qui nous permettrait d'atteindre les quarts, un niveau jamais atteint par le club, en plus de cent ans d'histoire. Cech doit s'employer devant nos attaquants, et Chelsea semble au bord du gouffre, prêt à faire un grand pas en avant. Jusqu'à ce que Superman ne sorte de sa cabine téléphonique. Didier Drogba hérite d'un ballon au milieu du terrain, et se rue en direction des buts défendus par Smithies. Ses jambes ont un peu perdu de leur explosivité avec les années, mais elles en ont conservé suffisamment pour tenir à distance Tomkins et Kryvstov. Drogba frappe dès la ligne des seize mètres franchie, et inscrit, alors qu'il ne reste que quelques minutes, le but de la qualification pour Chelsea. Parce qu'on ne revient pas au score contre Chelsea quand il ne reste que quelques paquets de secondes à jouer...


Si WBA joue regroupé derrière, Birmingham doit être coaché par le même homme que nos adversaires précédents. A voir les joueurs dans le couloir qui mène à la pelouse, j'ai du mal à reconnaître un attaquant. Il y en a un pourtant, c'est sur. C'était annoncé dans la presse, et la grande carcasse de Cameron Jerome est belle et bien présente sur le terrain. La frilosité de notre adversaire n'est pas pour me déplaire, surtout avec une défense centrale expérimentale Shawcross-Kompany qui remplace la paire habituelle Tomkins-Kryvstov, blessée à l'entraînement. Et avec les neuf autres titulaires habituels, la rencontre s'avère beaucoup plus facile à appréhender, pour nous. Delfouneso se lance peu après le quart d'heure sur ce côté gauche où il aime aller se promener. Un crochet, un centre à ras de terre, et le plat du pied droit de Federico Macheda vient glisser le cuir sous le ventre du gardien visiteur. Birmingham resserre un peu les rangs, et le pauvre Jerome reçoit un traitement de choc de la part de Shawcross, qui apprécie de pouvoir mettre le pied quand il le faut. Nous parvenons à doubler la mise en trois minutes, avant la mi-temps. Dessena, Piatti, Delfouneso s'échangent le ballon, sur une action qui aurai sans doute déclenché les "Olé" d'un public moins britannique que celui de l'Adams Park. Macheda hérite du ballon, et frappe comme seul un joueur en pleine confiance peut le faire. Il frappe, parce qu'il sait que ça va rentrer, quoi qu'il arrive. Et si ce n'est pas pour tout de suite, il frappera à nouveau dès qu'il en aura l'opportunité. Cette fois-ci, tout est parfait, de l'équilibre du corps à l'orientation du pied au moment du contact avec le ballon. Nous menons par deux à zéro. Macheda finit son hat trick en allant adresser des baisers au public, faisant sans doute défaillir pucelles et rombières, après avoir plongé au premier poteau pour couper la trajectoire d'un centre de Delfouneso, qui avait une nouvelle fois rendu à moitié fou le latéral droit de Birmingham Romain Danzé. L'affaire est entendue à la pause, et un but de Benitez sur un corner tiré par Koren en fin de match vient sauver l'honneur de nos visiteurs.

Nous vivons un moment formidable. Nous venons d'enchaîner une septième victoire consécutive. Les gentlemen farmers du Buckinghamshire occupent la sixième place de la première division. A un point de la place qualificative au tour préliminaire de la compétition reine, la Ligue des Champions. Et les quatre matchs qui vont suivre nous verront affronter quatre prétendants à la compétition. Ce sera un test, ou plutôt quatre tests. Ensemble, tout demeure possible...

J'ai laissé le soin à Joe d'aller récupérer Jaime et Marlena à l'aéroport de Heathrow. Pas envie d'y aller moi-même. La rencontre avec Barnaby, vieille de moins d'une semaine, ne cesse de me tourmenter, me revenant sans cesse à l'esprit. Jaime abandonne ses sacs dans l'entrée, le claquement de ses talons sur le carrelage me fait lever la tête de l'écran de mon ordinateur portable sur lequel j'étais occupé à prendre des nouvelles de mes équipes de baseball favorites, en pleine préparation pour la nouvelle saison. Avec son sourire désarmant accroché aux lèvres, elle vient déposer un léger baiser sur mon front. Elle a remarqué la légère raideur qui semble s'être emparée de mes épaules, et me demande si tout va bien. "Il faut qu'on parle, Jaime..."

- Qu'y a-t-il, Francesco ? Il s'est passé quelque chose ?
- Oui, on peut le dire comme ça...
- Et ?
- J'ai à nouveau eu la visite de ce flic, Barnaby...

Elle s'assoit sur le bord de la table du salon, la moue interrogative.

- Que te voulait-il ?
- Brinkley avait apparemment rendez-vous avec une femme, le matin de sa mort.
- Ah ?
- Une femme dont les initiales sont JE, comme Jaime Edmonds...
- Quoi ?
- Tu...

Son beau visage aux angles marqués s'empourpre. Une grosse veine apparait sur son front. Je n'ai jamais eu l'occasion de la voir ainsi, mais elle semble véritablement furieuse.

- Jaime, attend...
- Je n'ai rien à voir avec ce type. On te donne deux initiales, et la seule chose à laquelle tu penses, c'est...
- Hé. Arrête... J'ai vérifié, tu étais au club, à Causton, le jour de la mort de Brinkley...
- Tu... as vérifié ? Tu te fous de moi ? Vérifié, comme on vérifie l'alibi d'une suspecte ?
- Mais, je...

Jaime est allé s'enfermer dans la salle de bains, bloquant la porte. Il m'a fallu de longues minutes de palabres, d'excuses, de reptation verbale pour la convaincre que la nouvelle avancée par Barnaby m'avait retourné l'estomac, que, bien sur, dès que les initiales ont été mentionnées, c'est à elle que j'ai pensé, immédiatement, parce que ce n'est qu'à elle que je pense. Parce qu'elle est celle qui m'a ramené à la vie, bordel. Parce que qu'il ne s'agissait pas de suspicion, mais de la peur de la voir impliquée dans une histoire pareille, la peur de la perdre, et de me trouver rejeté à nouveau dans les affres de la dépression. Une position égoïste, certes, mais le refus d'une nouvelle douleur était le plus fort.

Jaime a fini par se ranger à mes arguments, et à me recueillir, au bord des larmes, contre son cœur. Je ne veux pas la perdre. Jamais...

Un interlude rapide, le temps d'un aller-retour à courte distance, en Islande, avec les Espoirs, me permet de m'éloigner un peu de la tourmente à la fois sportive et extra-sportive qui marque ma vie pour le moment. Le match n'est qu'une formalité de plus, histoire de nous garantir définitivement de passer le tour de qualifications. L'Islande doit déjà avoir du mal à aligner onze joueurs qui peuvent souvenir la comparaison avec la belle génération dont j'ai la chance de m'occuper. Baxter ouvre la marque dès la deuxième minute, et c'est l'avalanche, derrière des buts de Baxter à nouveau, par deux fois, inscrivant un triplé pour sa seconde apparition en tant que titulaire, de Wellbeck et Bostock. Un but dans les cinq dernières minutes de Gudmondson alors que les joueurs pensaient déjà à l'avion du retour ponctue ce match. Nous sommes qualifiés, avant même la dernière rencontre qui nous opposera à Malte, dans un mois et demi.

Faire un petit break permet de recharger les batteries. De donner une idée, aussi. A la veille de notre prochaine rencontre de championnat, j'ai décidé d'utiliser des montages du match de Cup contre Chelsea. Pour pointer les erreurs. Pour insister sur les combinaisons qui fonctionnent. Sur les adaptations nécessaires en fonction de l'adversaire. En espérant que ça fonctionne, en espérant qu'un de nos matchs les plus aboutis, sans contenir de folie furieuse comme la victoire contre Liverpool.

Car le défi qui nous attend dans les trois semaines qui viennent et qui nous mèneront vers le mois d'avril est de taille. Et la première manche est pour aujourd'hui, au Théâtre des Rêves, à Old Trafford. Les écharpes vertes et jaunes sont encore de sortie, au sein d'un public qui abandonne un peu son équipe, portant la faute sur les dirigeants des quelques limites qu'une formation quelque peu vieillissante laisse apparaître de temps à autre, tout en constituant à chaque début de saison l'un des favoris évidents pour la victoire finale. Mes joueurs ont l'air déterminés. On ne plaisante plus. On a un truc à jouer, alors on va le jouer à fond. Les attaques mancuniennes sont facilement contenues, et seul Rooney parvient à s'arracher au marquage serré de nos défenseurs. Nous n'inquiétons pas non plus Ben Foster pendant la première demi-heure. Et puis, soudain, le mouvement se met en place. Piatti et Shelvey combinent au milieu. Macheda fait un appel dans le dos de Vidic. Rafael, qui évolue en face de son frère jumeau, oublie de faire le pas en avant qui ferait se lever le bras de l'arbitre assistant. Macheda, qui connait chaque brin de la pelouse, place de l'intérieur du pied le ballon dans le soupirail, au ras du poteau, hors de portée de Foster. Old Trafford est muet. Le petit club tient le bon bout.

Il faut que la pause intervienne pour que Man Utd redevienne lui-même. Nous ne sortons qu'à bon escient, mais Manchester met la pression. Et Rooney trouve deux fois les gants de Smithies, qui a l'air sur une autre planète, les yeux exorbités, le souffle court. Valencia puis Carrick s'essaient à la frappe de loin, sans succès. Les minutes s'égrènent. Fletcher, entré en jeu, trouve la transversale, sur une frappe au-devant de laquelle s'était jeté Dessena. Le petit panneau portant le temps supplémentaire est de sortie. Et Manchester joue avec quatre attaquants, redevient purement britannique, balance de grands ballons, que Kryvstov et Tomkins se font un devoir de renvoyer, inlassablement. Des combinaisons sur les côtés sont avortées par un pied, une tête, un poing ganté. Lorsque retentit le coup de sifflet final, c'est une vraie libération. Les gamins célèbrent la victoire, peut-être leur plus belle de la saison. Pas la plus folle, pas la plus large, la plus maîtrisée. De celles qui donnent une confiance absolue dans les possibilités des uns et des autres.

Au retour de Manchester, Tadzio Radecki m'attendait dans mon bureau. Il avait fait l'aller-retour dans son avion privé, en compagnie de celui qu'il présente comme son homme de confiance, le type au physique de videur de boîte de nuit, Darko Krasic, et de Philip Marks, qui n'avait pu se rendre disponible qu'à la dernière seconde pour faire le trajet vers Manchester. L'accueil était un peu convenu, pas véritablement chaleureux. Que me veut donc le Polonais ? Il aurait simplement pu me passer un coup de fil, il me semble.

Radecki a envie de discuter. Il fait une petite grimace quand je lui annonce ne rien avoir d'autre à lui offrir que du bon café italien. Il souhaitait sans doute quelque chose de plus costaud. Nous discutons. Football. Mes espoirs pour l'avenir, ses envies d'investissements supplémentaires. Nous parlons aussi de choses de la vie. La perte de sa femme, un sujet sur lequel il a l'air d'avoir envie d'échanger avec moi, qui suis passé par là. Soudain, alors que nous en sommes au second café, le Polonais en vient à me parler d'une jeune femme qu'il a croisée en compagnie de "ma bonne amie" (pour reprendre ses propres termes). Il se demande quels sont les liens avec Jaime et moi de cette jeune femme noire. Je lui réponds que Marlena est une amie de Jaime et moi-même, en oubliant volontairement de mentionner le nom de Joe Pike. Son "ami" Darko la voyait souvent dans un bar de Soho, et lui a mentionné ce fait dernièrement. Elle a de mauvaises fréquentations, me dit-il. Des dealers, à ce que lui a dit ce bon Darko. Il tenait à me prévenir, au cas où. Il souhaite que je ne me retrouve pas mêlé à une sale histoire de drogue, car, après tout, je travaille pour une organisation qu'il possède pour partie. "Prenez soin de vous", lâche-t-il avant de prendre congé. Le petit clin d'œil que m'accorde Krasic lorsqu'il ferme la porte de mon bureau a toutes les apparences d'une menace, du style "je t'ai à l'œil".

Qu'est-ce que c'était que ça ? Cette visite lunaire, au soir d'une formidable victoire. Une conversation à bâtons rompus sur des sujets variés. Et Marlena qui arrive sur le tapis au milieu de tout ça. Radecki n'est pas net. C'est ma conviction. Quel est l'intérêt de ce petit coup de pression bien senti ? Je n'en ai pas la moindre idée. L'homme d'affaires va peut-être tenter de devenir majoritaire au capital du club, et cherche sans doute à me faire comprendre que j'aurai un peu moins de libertés qu'avec Marks qui me voue une confiance sans bornes. Allez savoir. Mais il est trop tôt pour penser à cela, la fin de saison mobilise toute l'énergie que je peux y accorder.

Le second round se déroule à l'Adams Park, qui est plein comme un étudiant récemment diplômé. Mais il n'est pas entièrement en ciel et bleu. De grosses traces de rouge et de blanc gâchent la belle unité chromatique habituellement relevée. C'est Arsenal qui est en ville, et son troupeau de supporters a fait le déplacement depuis le nord de Londres pour ce match à nouveau à guichets fermés. Les gamins de Wenger vieillissent ensemble, finalement. Et Arsène a enfin sorti le portefeuille lors du mercato d'hiver, en allant chercher un défenseur central en Allemagne, Boateng. A part ce renfort, l'équipe est sensiblement la même que celle que nous avions accrochée dans le stade sans âme de l'Emirates. J'aligne pour ma part l'ensemble des vainqueurs de Manchester. Mes missionnaires itinérants semblent dans les mêmes dispositions qu'en fin de semaine précédente. Arsenal tente de jouer, mais nous répondons aux provocations techniques par un gros impact physique, bien qu'alignant quelques joueurs de petit gabarit au milieu de terrain. Dessena est en mode Gattuso, et semble insulter à chaque fois qu'il se relève le joueur qu'il vient de tacler. Federico Macheda et Nathan Delfouneso se sont lancé un petit challenge, à l'entraînement. Le meilleur buteur des deux se verra payer ses vacances par l'autre. Delfouneso mène le bal, mais Macheda semble bien décidé à le rejoindre, puis à se faire payer des vacances. Delfouneso n'est pas un avare. Ni avec son pognon, ni avec ses efforts physiques. Aux alentours de la vingtième minute, il s'amuse un peu avec Boateng, qu'il attire sur le côté gauche. Il a vu l'appel de Macheda, en deux temps, intérieur puis extérieur, qui laisse Vermaelen hésitant au moment où Delfouneso envoie le ballon vers son coéquipier italien. Macheda trompe un Fabianski venu à sa rencontre mais qui ne va pas suffisamment vite au sol pour pouvoir espérer détourner le ballon.

Un long match d'attente commence alors pour nous. Nous avons appris à gérer, au cours de cette saison. Appris à ne plus essayer de doubler la mise lorsque le temps est à la patience, au contrôle du ballon, à l'attente, pour mettre le coup de poignard qui nous met à l'abri. Les Gunners se ruent à l'attaque. Mais nous tenons, n'hésitant pas à mettre le coup bien placé, à faire la faute intelligente au milieu du terrain, à pourrir un peu le truc de temps à autre. Le tout en dégageant une sorte de sérénité qui permet aux supporters des Wanderers de couvrir l’encouragement ou les sifflets des nombreux supporters adverses. Nous tenons les soixante dix dernières minutes, sans trembler. La victoire est notre, et nous avons frappé un grand coup, revenant à deux points de nos adversaires du jour, avec un match supplémentaire à jouer, la rencontre contre Everton ayant été déplacée du fait de mon absence liée au match des Espoirs.

Je suis réveillé par le bourdonnement de mon portable. Un numéro de téléphone fixe. Je décroche dans un demi-sommeil. Cinq heures et demie. Va me coûter une demi-heure de sommeil, ce coup de fil. C’est Kate Mulgrew, la directrice de la Fondation. Elle a l’air plutôt paniquée, ce qui finit de me réveiller. Elle m’annonce qu’une effraction a eu lieu à Braithwaithe Manor. Les bureaux ont été retournés, complètement, du papier partout, quelques chaises cassées, on a essayé d’accéder aux ordinateurs, apparemment sans succès pour le sien, après vérification.

Nous voici maintenant victimes de vandalisme. On aura tout vu. Je ne vois pas bien ce que des cambrioleurs seraient venus chercher dans les bureaux de la Fondation, situés au manoir, dans la maison des domestiques, un peu en retrait du bâtiment qui abrite le Shelter. Il n’y a même pas d’argent liquide dans ce bâtiment, ou très peu, juste une petite caisse de quelques centaines de livres, de quoi payer le journal et différents petits achats d’appoint pour l’entretien des locaux.

Je passe déposer une plainte en ma nouvelle qualité d’administrateur en charge de la Fondation. Je remplace Dennis Brinkley dans cette fonction. Je n’ai que peu de temps à y consacrer, mais je prévois de m’y investir un peu en fin de saison, de m’assurer que les affaires sont en de bonnes mains. Je charge Kate de s’occuper d’accueillir les policiers, et de répondre à toutes leurs questions. Et si ce cambriolage sans butin n’était qu’un peu de vandalisme, d’une bande de jeunes désœuvrés ?

Après une semaine de calme relatif, l'Adams Park est cette fois entièrement à nos couleurs. Notre rôle d'arbitre de la fin de championnat prend une nouvelle dimension. En effet, le second du classement, Chelsea, nous est opposé. J'ai de nouveau ressorti ma vidéo du match de Cup. Tout semblait clair à mes joueurs. Ils ont la recette. Reste à ne pas rater la cuisson...

Le round d'observation dure une vingtaine de minutes. Et, comme souvent en football, c'est une erreur individuelle qui amène le premier but. Sur un long ballon vers l'avant de Stuart Downing, Alex se troue, prolongeant le ballon de la tête en direction de son gardien de façon beaucoup trop molle. Macheda a anticipé, et se retrouve au duel avec Cech, qu'il efface d'un petit crochet avant de pousser le cuir dans le but vide. Le public est en pâmoison. Et ce n'est pas terminé. Huit minutes plus tard, Macheda, une nouvelle fois aux avant-postes, remet en direction de Fabio, venu provoquer à gauche. Le long centre du Brésilien est repoussé vers l'axe par Alex, héros malheureux de la rencontre. La balle tombe dans les pieds de Maduro, installé dans l'axe de la défense et qui s'était avancé avec l'ensemble du bloc équipe. Le Hollandais cherche Dessena, aux vingt mètres. L'Italien lève la tête. Il est légèrement décalé à deux mètres de l'axe du terrain, à la bordure du petit arc de cercle devant les seize mètres. Dessena met tout ce qu'il a. C'est beau, une frappe en pleine lucarne. Cech a les pieds collés au sol, et ne bouge pas. Deux buts à rien.

Chelsea réagit par Zhirkov puis Lampard, mais sans inquiéter Smithies. Anelka entre à la mi temps, et Chelsea passe dans une configuration très offensive. On ferme. Maduro monte d'un cran. Shawcross remplace Downing. Et on installe le campement sur nos vingt mètres. Tranquilles. L'assurance démontrée par ma bande de gamins, ce pour quoi je me suis arraché les cheveux pendant toute la saison, est enfin devenue une constante de nos prestations en cette fin de saison. Chelsea manque de génie. Golasa se sacrifie pour contenir les coups de boutoir de Zhirkov sur le côté gauche de l'attaque des Blues, appuyant même parfois De Silvestri face à Malouda. Et nous tentons de jouer tous les coups à fond, jusqu'à ce que Pablo Piatti vienne mettre un nouveau clou dans le cercueil des Blues. A la quatre vingt cinquième minute, Florent Malouda tire un corner. Dans la surface, c'est Verdun, ça se bat pied à pied. Kryvstov sort de son match de pancrace avec Drogba et dégage le ballon sur la droite, où il a peut-être vu le maillot bleu de Macheda. L'Italien démarre comme un mort de faim, heureux de faire enfin autre chose que du pressing sur la charnière centrale adverse. Il plonge sur le côté droit, emmenant un paquet de joueurs des deux équipes à sa poursuite en contre. Le seul qui a pu le suivre correctement, c'est Pablo Piatti. Zhirkov est le seul à essayer de rattraper l'Argentin. Macheda centre à ras de terre à hauteur des seize mètres. Piatti reprend le ballon sans contrôle, du gauche, et donne le point final à la rencontre, au milieu d'une foule aux anges. Nous voilà seuls cinquièmes.

Le match en retard contre Everton n'a que plus d'importance pour nous. Nous qui étions promis à la relégation, nous voilà en lutte pour une place européenne, voire pour le tour préliminaire de la Ligue des Champions. J'ai décidé que l'équipe attendrait les attaques de l'autre équipe de Liverpool pour mieux les contrer. Nous marquons à la vingt deuxième minute, par Eyal Golasa, à la pointe d'un triangle dont les deux autres sommets se nomment Delfouneso et Macheda. Nous assurons la victoire en seconde période, grâce au revenant Brek Shea, qui frappe de loin à l'heure de jeu. A la fin d'un match somme toute médiocre mais une nouvelle fois marquée par la sérénité de notre système défensif, Wycombe occupe la quatrième place au classement de la Premier League. Une belle histoire est en train de s'écrire...


To Be Continued...


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Re: Midsomer Soccer

Message par Atom Tan » dim. 16 mai 2010 11:40

Petit niveau ce championnat anglais...avec le début de saison que vous faites, Wycomb est quatrième...on dirait Auxerre !

A lire les matchs, tu nous la joues à la mourinho...marquer les premiers et pourrir les matchs pour gagner à l'italienne...mais non je rigole...
Concernant l'intrigue tu nous donnes pas mal d'info et j'ai pas pris le temps de les analyser...Des initiales, une rencontre pré-mortelle, un cambriolage dans la fondation...on voit bien que tout ça est lié...oui mais.
On va tous se mettre à contribution pour faire avancer le bouzin...j'attends la contribution des autres lecteurs... pour l'instant je réfléchis :75:


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Re: Midsomer Soccer

Message par alhambra » mar. 18 mai 2010 11:14

Ca reste décidément très bon. J'aime vraiment cet accent mis sur le côté sportif. C'est super intéressant à suivre. Quant à l'intrigue, si elle a mis du temps à redémarrer, elle l'a fait en force ... Toujours un plaisir, donc ...


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Re: Midsomer Soccer

Message par Misaki » mer. 19 mai 2010 10:06

Bordel, ça s'est emballé au niveau extra-sportif mais je n'arrive pas à voir le lien entre les différentes choses. Pour la Fondation, Olga y est peut-être impliquée ? Marlena qui ferait du trafic, Brinkley qui fréquentait une femme qui est peut-être Jaime, ça en fait des choses.

Sportivement, les Wycombe Wanderers en LdC ? Tu sembles bien parti.

Combien d'épisodes encore ?
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Re: Midsomer Soccer

Message par Verchain » mer. 19 mai 2010 11:04

Je viens de finir ma saison dans le jeu, hier soir.

Il reste donc un épisode, 5 matchs, le dénouement. Normalement dimanche matin. Si j'ai trop de choses à coller, je ne sais pas encore, il sera en deux parties. Si j'arrive à tout écrire, il n'y en aura qu'une. Et ce sera fini.


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Re: Midsomer Soccer

Message par Verchain » dim. 23 mai 2010 8:01

Avant propos :

J’avais annoncé que ce dimanche verrait le dernier épisode de Midsomer Soccer. J’ai commencé à écrire, et je me suis dit qu’il faudrait scinder le truc en deux parties, pour des raisons de longueur. Il y aura donc une seconde partie, dimanche prochain. Désolés pour ceux qui attendaient que ça se termine pour passer le truc à la moulinette.


EPISODE 7 : WE'RE ALL GONNA DIE (Première partie).


Gee, I really like your tits
I'll say anything that fits
We carry our vision
Wherever we go
If you keep your mouth shut
It's still gonna show

We're all gonna die
So let's get high
We're all gonna die
So let's be nice
I'm in the mood
So let's intrude
Pee on the ground
And jump around


Slash - We're All Gonna Die.


Il nous reste cinq journées de championnat. Cinq semaines. J'ai réduit mon groupe à vingt joueurs. Ces vingt gars disputeront ensemble la fin de saison, quoi qu'il advienne. Les autres, ceux qui n'ont pour ainsi dire quasiment pas joué, sont allés renforcer la réserve. Ils savent que leur présence à l'entrainement servira uniquement à rendre leurs partenaires meilleurs. Ils savent que la gloire éventuelle ne sera pas la leur. Mais ils savent bien que la prime qui tombera en fin de saison sera la même que celle des autres. Alors, ils acceptent leur condition de sparring-partner. Sans rechigner.

Les autres, eux, ont rendez-vous avec les Chats Noirs. Un premier avril. Le match qui peut se transformer en une vilaine blague si l'on n'y fait pas attention Nous prenons donc le match avec tout le sérieux qu'il faut pour assurer le coup. Iker Muniain, qui retrouve une place de titulaire, décale dès la deuxième minute Federico Laurito dans la surface. La frappe de l'Argentin ne laisse aucune chance au portier de Sunderland, et nous ouvrons le score, comme l'attendaient sans doute un grand nombre de bookmakers. La situation se complique pour nos adversaires à la demi-heure de jeu, Thomson descendant Muniain en pleine course, alors que le jeune Espagnol se ruait en direction des buts des Black Cats. Le défenseur de Sunderland est logiquement expulsé, sous les sifflets de la foule assez peu dense du Stadium of Light.

L'expulsion paralyse la rencontre, comme c'est souvent le cas. Nous baissons de pied. Mon petit discours de la mi-temps invitant mes joueurs à faire tourner le ballon, à demeurer patients, ne semble pas rencontrer d'écho dans les têtes des Wanderers. Et la mauvaise blague prend forme, en deux temps. Devant la passivité de mes joueurs, j'envoie Shea, Delfouneso et Piatti en renfort. Les trois renforts supposés n'ont pas posé le pied sur le terrain depuis plus de trois minutes que Vicente, pas encore cacochyme ancienne vedette de Valencia, se paie un petit slalom au cœur de notre défense, perfore, se retrouve dans la surface, et dépose le ballon au ras du poteau, hors de portée de Smithies.

Et tout s'enchaîne de travers. Tomkins boîte légèrement. Golasa a l'air au bout du rouleau. Et le but de Vicente semble avoir transformé les dix joueurs de Sunderland en douze ou treize bonshommes. Et la mauvaise blague connaît sa chute à dix minutes de la fin. Un coup-franc que l'on pourrait penser anodin, à trente mètres des buts. Frazier Campbell pose son ballon, prend cinq bons mètres d'élan, et se prend pour Ronald Koeman. Sa frappe, lourde, tendue, transperce le mur et arrive vite, très vite, trop vite pour que Smithies, dans la lucarne du but défendu par le portier de l'équipe d'Angleterre Espoirs. Et dix minutes de plus à jouer qui ne changent rien. Les Black Cats défendent comme des morts de faim. On ne passe pas. Et c'est une fin de série. Nous avions accumulé les victoires, et nous renouons avec les affres de la défaite. Nous occupons toujours la cinquième place, à deux points d'Arsenal.

Au lendemain de cette défaite surprenante, j’apprends que Philip Marks est parti en vacances en Espagne. Si même le président nous abandonne… Ce club ne tourne pas aussi rond dans son entourage qu’il ne fonctionne sur le terrain. Il règne une atmosphère quelque peu bizarre au siège. Dans les vestiaires et sur la partie du complexe dédiée au sportif, là où s’ébrouent les professionnels et la petite troupe de joueurs qui constituera la première vraie promotion de notre centre de formation, l’ambiance est studieuse et bon enfant. Dans les bureaux, par contre, on rencontre une certaine gêne impalpable. Des rumeurs courent. Le club serait vendu. Le groupe d’actionnaires qui soutient le club depuis si longtemps serait lassé de devoir sans cesse remettre un peu d’argent pour que le club continue à assumer le train de vie d’une équipe de Premier League. Les Wycombe Wanderers auraient grandi trop vite. Les succès sportifs, basés sur un recrutement jeune principalement, sur de très, très bons coups en termes de retour sur investissement, ne seraient que l’arbre qui cache la forêt. Les entrepreneurs seraient lassés de leur jouet devenu trop rutilant.

Le fait que le directeur financier passe ses journées enfermé dans son bureau avec les représentants d’une grande société internationale spécialisée dans l’audit et le conseil aux entreprises n’ajoute rien de bon à l’ambiance. Marks est parti, et est injoignable. Que ce soit à la communication ou aux finances, personne n’a apparemment le droit de me parler de ce qui se passe. C’est à ne rien y comprendre. Le club vit une sorte de psychodrame lunaire. Un club qui réussit à la surprise générale, qui tutoie les places fortes de la première division, qui les regarde les yeux dans les yeux sur le terrain, pourrait être en train de connaître une période d’instabilité alors que seule la sérénité devrait y avoir droit de cité.

Nous trouvons l'occasion de nous refaire dès le samedi suivant, avec la visite de Wigan à l'Adams Park. Wigan fait partie d'un groupe de cinq équipes qui se battent pour éviter la relégation. Nous faisons partie d'un groupe de cinq équipes qui lutte pour une des deux dernières places qualificatives à la Ligue des Champions, derrière ceux qui finiront aux deux premières places, les superpuissances financières de Manchester City et Chelsea. La première chose qui saute aux yeux, c'est que le melting pot de Wigan n'a pas envie d'aller traîner ses guêtres en division inférieure. Et la seconde chose qu'un observateur averti remarquerait, c'est que nous conservons en travers de la gorge la défaite de la semaine précédente à Sunderland. Huit jours n'ont pas l'air d'avoir été suffisants pour que Wycombe redevienne l'équipe conquérante des dernières semaines. C'est poussif, peu inspiré, joué avec le frein à main. Comme Wigan joue pour ne pas perdre, le brouet est indigeste pour les supporters. Des sifflets que nous n'avions pour ainsi dire jamais connus. Voici donc que notre public est devenu exigeant, avec le temps et les performances. Il faut un coup de génie de Macheda pour débloquer l'affaire. A l'entrée des arrêts de jeu, l'Italien hérite d'un ballon de Piatti, lancé par Dessena au préalable. En pleine course, il effectue un contrôle aérien, un coup du sombrero, et une frappe de demi-volée enchaînée à son improbable jonglage. Une frappe enragée, qui percute le dessous de la transversale avant de pénétrer dans les filets. Tout n'est donc pas perdu, nous pouvons continuer à rêver, d'autant que, du côté de Villa Park, Arsenal a connu la défaite.

J’ai emmené mes joueurs au vert, non loin de Portsmouth où nous appelle le prochain match. A New Milton, non loin de la mer. Le village est adossé à la forêt. Nous avons trois jours pour nous préparer. Nous ne toucherons pas le ballon. De la tactique, de la vidéo, un entretien physique. Je cherche surtout à ce que les joueurs se ressourcent. Le club a loué un hôtel aux abords du parc. Je profite du cadre agréable pour organiser quelques promenades dans les bois avec les joueurs, pour discuter, échanger. Tenter de les éloigner de la pression médiatique. Les journaux, les télés, les radios ont en effet pris d’assaut depuis quelques jours le centre d’entraînement de Barrett Green. Nous n’avions jusqu’alors droit qu’à la couverture médiatique standard pour tous les clubs de Premier League, les correspondants des journaux et magazines dédiés aux sports, et de temps à autre, avant les matchs, des équipes venues glaner quelques images et déclarations. Mais là, maintenant que nous sommes en position d’exploser l’existence même du Big Five, la meute a grossi. Nos performances sont scrutées. Quelques fuites ont eu lieu, Wycombe pourrait bientôt changer de propriétaire. Et les journalistes attendent sans doute de voir débarquer un émir ou un milliardaire russe ou américain en hélicoptère sur le terrain d’entraînement. Pour éviter tout cela, je tiens les joueurs à l’écart. Trois matchs encore et ce sera fini, nous partirons tous nous ressourcer ailleurs, quoi qu’il arrive. J’emmènerai Jaime loin de tout, en Californie, sans doute. Et là, qui sait, peut-être lui proposerai-je d’officialiser ce qui existe entre nous devant un officier de l’état civil. Mais il est encore trop tôt pour parler de ça.

Au retour de notre dernière balade en forêt, un petit réveil musculaire avant de prendre le bus pour Portsmouth, un message m’attend à la réception. Quelques lignes :

« Francesco,

Nous devons parler. Retrouvons-nous à Midsomer Worthy. Il y a un petit pavillon abandonné dans la forêt derrière Braithwaithe Manor. Sois prudent, fais attention à ne pas être suivi.

Olga. »


Nom de Dieu. Olga. Elle dont je n’avais aucune nouvelle, qui n’était pas réapparue à la Fondation depuis le cambriolage. Que me veut-elle ? Et pourquoi tant de mystères ? Le pavillon de chasse, en plus. Voilà de quoi me ramener à de biens mauvais souvenirs.

Fratton Park est un stade assez hideux, dans le fond. Dans une ville, disons... peu agréable. Mais la dernière victoire à Wycombe nous a relancés, et cette semaine loin de tout nous a remis dans le sens de la marche. Les gars sont de bonne humeur. Sans doute parce qu'ils savent qu'aucune nouvelle mise au vert n'aura lieu si les deux matchs qui viennent sont autant de victoires. Portsmouth est une équipe en bois, certes, mais qui se bat. Coincée juste au-dessus de la zone de relégation sans pour autant risquer d'y tomber. Pompey, donc, joue au ballon. Ce qui nous convient mieux que de tenter de percer le coffre fort à grands renforts d'explosifs. Nous échangeons les coups, les occasions, un bon gros match engagé, comme on les aime en Albion. Au bout de la demi-heure, on sent que le match peut basculer d'un côté comme de l'autre. Golasa s'amuse avec les défenseurs. Il se décale un peu sur la droite, feinte de centrer, et rentre dans la surface avant de frapper. Le ballon passe entre les jambes du gardien de Pompey. Le train est lancé.

Quatre minutes après la mi-temps, une sorte de mouvement inarrêtable se met en branle. Fabio remonte sur son côté gauche, met le ballon dans l'axe vers Dessena, qui prolonge vers Piatti, enchaînant les décalages. Au bout de la chaîne se trouve, une nouvelle fois, Eyal Golasa. Le petit Israélien ne se pose aucune question, et fait le break pour son équipe. Le match est mort avec les espoirs de Pompey. Macheda sonne le glas à dix minutes de la fin, plaçant sa tête sur un corner de Piatti.

Dans le bus qui nous ramène vers Wycombe, à cent trente kilomètres de Portsmouth, je prends le temps de passer un rapide coup de fil à Joe Pike. Quelque chose doit se passer, aujourd’hui. Sans lui donner trop de détails, compte tenu qu’une trentaine de personnes m’entoure, je lui demande d’aller m’attendre à Barrett Green, au centre d’entraînement où nous déposera le bus. Jouer la bonne humeur auprès de mes joueurs durant l’heure et demie qui nous sépare de la maison quittée quatre jours plus tôt n’est pas trop difficile. Je suis perturbé, certes, mais avant tout joyeux. Parce qu’il ne nous reste que cent quatre vingt minutes de jeu avant d’écrire la plus belle page de l’histoire de ce club qui est devenu MON club…

Arrivé à Barrett Green, Joe m’attend dans son Discovery. Je lui adresse un petit signe, monte dans ma Camaro, et fais pénétrer le véhicule dans l’enceinte du corps de ferme qui abrite les bureaux, laissant le parking un peu trop exposé aux regards indiscrets derrière moi. Joe me suit, au volant. Laissant les voitures dans la cour sans soulever de protestation de la part du gardien des lieux, qui doit avoir compris à la dureté de mon regard et à la fermeté de ma poignée de main que toute protestation serait superflue.

J’entraîne Joe dans mon bureau, ferme la porte, allume la télé. J’ai déjà vu faire ça dans les films. Du bruit de fond, pour masquer notre conversation. Je fais part à Joe du petit mot laissé à l’hôtel de New Milton. Joe me lance un regard interrogateur, se demandant sans doute s’il existe quelque chose entre Olga et moi, avant de me demander si je compte y aller seul ou s’il faut qu’il assure mes arrières. Je lui dis l’avoir fait venir pour un échange de voitures. Avec les vitres fumées de nos deux véhicules, des statures comparables, quoique Joe soit lui une bête de muscles, des casquettes sur la tête et un échange de lunettes de soleil, on devrait avoir la paix.

Nous mettons notre plan à exécution. Joe emmène la Camaro en direction du cottage, je prends le Discovery pour me rendre à Braithwaithe Manor. Le trajet est rapide, et je suis seul sur la route, croisant juste deux camionnettes d’artisans locaux et trois berlines familiales, avec toute la petite famille à l’intérieur. Une filature, normalement, ça se fait en suivant la cible et pas en la croisant. Je suis donc assuré d’une certaine tranquillité. Je me gare en bordure du bois, fais quelques mètres pour atteindre la saignée qui mène au pavillon.

Mes quelques pas dans le bois font revenir des souvenirs, et je me prends à vérifier si la terre devant le pavillon n’est pas encore tachée de sang. Le temps a fait son œuvre. Il ne subsiste pas de traces de la mort tragique de Rory Woodson. Arrivé au pavillon, je m’adosse au mur à côté de la porte d’entrée et allume une cigarette pour me donner bonne contenance.

Olga apparait alors que ma deuxième cigarette finit de se consumer entre mes doigts. Un instant d’hésitation, entre nous deux. Deux animaux qui se jaugent. Et Olga finit par se jeter contre mon torse. Je dois avoir l’air ridicule, les bras le long du corps, comme si je ne savais pas quoi en faire. La jeune femme se presse contre ma poitrine, me remercie d’être venu. Comme elle me l’annonçait, nous devons parler.

- Francesco, j’ai tellement peur…
- Mais peur de quoi ? On m’a dit que tu n’étais pas revenue à la Fondation…
- Oui, j’essaie d’éviter les lieux que je fréquente habituellement.
- Mais vas-tu m’expliquer ce qui se passe ?

Nous nous asseyons sur la petite terrasse de bois qui garde l’accès à la porte condamnée du pavillon. Elle reprend :

- J’ai découvert certaines choses… Que je n’aurai jamais du découvrir…
- Des choses suffisamment graves pour que tu fuies la civilisation, et me demande de te retrouver ici ? Je ne suis pas Jack Bauer, je pense ne pas avoir grande utilité si tu te sens menacée…
- Je crois que tu es la seule personne en qui je peux avoir confiance.
- Quoi ? Et ton père ?
- Justement.
- Oh, merde…
- C’est le bon terme. Tadzio trempe dans des affaires louches.
- Des affaires louches ? De quoi s’agit-il ?
- Je te l’expliquerai dans quelques minutes. Mais, avant, il faut que tu saches… Maman… (à ces mots, son regard se trouble et s’emplit d’une infinie tristesse)
- Oh, Olga… Je n’ai pas pour habitude de faire pleurer les jolies filles… (mon humour de cour de récréation lui arrache un petit sourire. Elle s’essuie les yeux du revers de la main)
- T’es con… (comme ça, vingt ans, belle comme le jour, qui sourit à une pauvre vanne éculée, et qui maintenant minaude comme si j’étais, moi, un garçon de son âge…)
- On me le dit souvent, je crois (quel pitre je fais)
- Bon… Quand maman est morte, j’ai eu un peu de mal me remettre sur pied. J’ai beaucoup traîné à la maison. J’ai reçu, aussi, seule, communication du testament de maman. Je suis sa seule héritière. Une fortune que tu ne peux même pas imaginer. Trois cents millions de livres. Et une lettre qui accompagnait le testament, qui me révélait la vérité.
- Les affaires louches de ton père ?
- Non. La vérité sur moi. Je ne suis pas la fille de Tadeusz et Victoria Radecki. Maman a fait faire il y a quelques années, sans me le dire, un test sur moi. Soi disant une prise de sang à la demande du médecin de famille, mais il s’agissait en fait d’étudier mon profil génétique. Je ne suis pas la fille de Tadzio, même si pour l’état civil, il est mon père. Il m’a reconnue. Donc, comme je ne suis pas sa fille, je peux revendiquer l’héritage.
- Je pense que ça va lui foutre un coup de l’apprendre, mais…

Elle se rapproche de moi. La peau fraîche de ses bras nus vient se coller contre moi. Par un vieux réflexe, j’entoure ses épaules de mon bras. Elle m’adresse un petit sourire, coince sa tête contre mon épaule, et se remet à parler :

- J’ai contacté Dennis Brinkley pour faire exécuter le testament. J’étais avec lui au matin de sa mort.
- C’était toi, « JE » ?
- Quoi ?
- Les flics m’on dit avoir retrouvé dans son agenda un rendez-vous au jour de sa mort, le matin, avec les initiales « JE »… (Oh, mon Dieu, Jaime…)
- Je ne sais pas pourquoi ces initiales. Mais… J’ai toujours le testament avec moi. Brinkley avait lancé la machine, car je compte bien faire quelque chose de ce pognon qui me mettra à l’abri de Tadzio.
- Pourquoi voudrait-il s’en prendre à toi ?
- J’ai… surpris une conversation. Il y a un moment que je me doutais qu’il trempait dans des affaires louches. Je me disais qu’il planquait le pognon de son affaire de vidéos, qu’il fraudait le fisc. Après tout, c’est mon père, même s’il ne l’est pas au sens de la génétique. Il… Oh mon Dieu… Il est à la tête d’une organisation. Prostitution. Travailleurs clandestins. De la drogue, aussi, je crois.
- Mais… De quoi parles-tu ?
- Maman et lui étaient mariés en séparation de biens. Mon grand-père, craignant que maman et lui ne soient mariés que parce que Tadzio cherchait à s’emparer de la fortune de la famille de maman, qui était la fille unique de mes grands parents, avait fait rédiger le contrat de mariage de manière à ce que ce soit les enfants de maman qui héritent de la fortune de la famille.
- Et alors ? Entre son affaire de vidéoclubs et l’argent qu’il aura mis de côté sur ses trafics, il est loin d’être à la rue, Tadzio. Je ne comprends pas pourquoi tu te sens menacée. Il sait que tu connais ses activités illégales ? Sinon, ce n’est pas très compliqué, tu prends les meilleurs avocats de Londres, et tu fais reconnaître tes droits, tu t’établis quelque part, et tu vis ta vie…
- Je ne sais pas s’il sait que je connais ses activités. Tant que le testament ne sort pas, il peut toujours croire qu’il peut utiliser la fortune de maman. La mort de Brinkley l’arrange bien, à ce propos. Je crois qu’il l’a fait assassiner…
- Les flics ont des doutes. Barnaby, l’inspecteur, je ne sais pas si tu le connais, en a, en tous cas…
- Je ne le connais pas, tu crois qu’on peut lui faire confiance ?
- Je pense, oui…
- Bon… Le truc que j’ai mis en place sortira en public dans deux semaines. Avec ça, je rends tout public. Il lui arrivera ce qui doit lui arriver, je m’en fiche. D’ici là, je pense que je vais continuer à me cacher… Je… Je voulais juste savoir si je pouvais faire appel à toi en cas de besoin. Et que tu ne parles pas de notre entrevue. A personne.
- Euh… Oui, bien sur, mais… Mon ami Joe est au courant, pour aujourd’hui. C’est un privé, un ancien commando des forces spéciales. J’ai une totale confiance en lui. Il m’a sauvé la vie, par le passé. Je pense qu’il pourrait te protéger, si tu veux…
- Si tu as confiance en lui, j’ai confiance en lui. Personne ne sait ce que j’ai l’intention de faire… Enfin… Presque personne. Et j’ai acheté le silence des gens concernés. Cher.

La petite fille apeurée a laissé la place à une jeune femme pleine d’assurance, et farouchement déterminée. Olga se remet debout, lissant du plat de la main les plis de son pantalon ajusté. Je me relève aussi, plus lourdement. Le fait d’être dans l’expectative la plus complète, peut-être. Ma dizaine de kilos superflus, aussi, sans doute.

Olga m’annonce qu’elle me recontactera en fin de semaine. Elle me claque une bise sur la joue, juste un peu trop près de la bouche. « Je t’aime bien, Francesco » lâche-t-elle avant de s’éloigner, ses hanches ondulant sensuellement dans le soleil couchant. Drôle d’histoire. Je ne sais pas trop que penser de cet entretien. Et j’ai encore du mal à comprendre, hormis peut-être le fait qu’elle projetterait une sorte d’image paternelle sur moi, pourquoi Olga se confie à moi.

Je rejoins le Discovery de Joe, et prends la direction du cottage où il doit m’attendre. J’espère tout simplement que cette affaire ne mettra pas Jaime en danger. Que faire d’autre qu’attendre qu’elle me rappelle ? Penser au football, et uniquement à cela…

Nous tenons fermement notre quatrième place, mais tout faux pas nous demeure interdit. Pas lors de ces deux matchs à domicile. Et surtout pas face à Bristol, dernier au classement, notre adversaire du jour. Il ne nous faut que dix minutes pour crucifier une équipe déjà condamnée. Macheda réceptionne une passe de Shelvey, contourne Liam Fontaine, et propulse le cuir au fond des filets. Deux minutes après la reprise, alors que le match se dirige tout droit vers l'endormissement des rencontres de fin de saison au scénario inéluctable, Jonjo Shelvey voit Pablo Piatti s'engager côté gauche, et le lance dans la profondeur. Depuis l'angle de la surface de réparation, l'Argentin lobe le portier de Bristol qui avait anticipé le centre, piquant son ballon par-dessus lui. L’Europe est à nous.

C’est une Olga Radecki au regard affolé qui se glisse dans ma Camaro sur le parking du stade. Je suis estomaqué de la voir là. Elle comprend ma surprise, et se contente de me demander de démarrer, et de prendre l’autoroute. Rapidement, elle m’annonce que la situation se complique. Son appartement, loué pourtant depuis peu de temps et sous un faux nom, a été visité. Elle regrette de ne pas avoir suivi mon conseil, et de ne pas avoir accepté que Joe se charge de sa protection. Son fameux projet secret a bien avancé, mais même Londres n’est plus assez vaste pour qu’elle puisse se cacher.

Elle croit que le filet jeté autour d’elle ne fait que se resserrer, et que, maintenant, à une semaine de la matérialisation du coup qu’elle prépare et dont je ne sais rien d’autre que ce qu’elle a bien voulu m’en dire à Midsomer Worthy, le temps est venu de se mettre à l’abri. Elle craint que Krasic ait lancé des tueurs à ses trousses. Elle ne pense toujours pas que Tadzio pourrait chercher à la supprimer, mais craint que Krasic ne passe au-dessus des ordres du boss.

J’ai toujours autant de mal à comprendre pourquoi je me retrouve embringué dans cette affaire qui pourrait me coûter plus que quelques contreperformances sportives. Toujours est-il que j’appelle la cavalerie. Joe Pike ne répond pas à mon appel. Messagerie.

Quelques minutes se passent avant que mon portable ne bourdonne. Un texto. Joe m’y donne rendez-vous à Causton. J’effectue le demi-tour nécessaire à la première sortie de l’autoroute. Alors que je reprends la bretelle pour repartir en direction du rendez-vous, un nouveau texto de Joe arrive sur mon portable.

Joe m’y demande de brûler sciemment deux feux rouges, à Causton, pour être certain que personne ne tente de me suivre.


To Be Continued…


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Atom Tan
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Re: Midsomer Soccer

Message par Atom Tan » dim. 23 mai 2010 10:12

Whaou...cela s'accélère (jusqu'à devoir bruler des feux de circulation) pour l'emballage final et jusqu'alors il nous était difficile d'imaginer une énigme aussi folle...et je dois dire que la petite à raison de s'inquiéter...quand j'ai vu le rendez vous dans le petit pavillon, je me suis dit que l'histoire allait se répéter et que ces lieux était décidément marquer du sceau de la mort...auparavant, avec cet échange de voiture, je me suis imaginer Joe pike s'exploser joyeusement dans ta camaro...pour te dire comme mon imagination fonctionne lorsque je lis tes épisodes...bref celui ma ravi, et je vois que ton héros est toujours aussi "sucre d'orge" avec les filles...du moment que il n'ont pas le goût de l'anis...bref le dénouement approche et je me demande ce que tu vas décider...die or not die ?


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