Merci.
C'st vrai que ça fait partie des sensations bizarres qu'on ressent quand on est supporter (et encore plus au stade), un peu le même genre de sensation que quand on gagne 1-0 à la 90ème minute, qu'on domine, mais qu'il reste ce risque infime de prendre un but à la con qui fait que du coup on se chie dessus jusqu'au bout. Mais c'est ça qu'on aime !
Missille
J'essaie de me mettre à ta place et je me dis que ça doit être totalement horrible de vivre sa passion à distance comme ça... Mais du coup tu vas dans un autre stade quand même ? Ou tu suis un autre sport, comme le rugby qui est très présent dans ta région ?
Aujourd'hui, un épisode un peu plus court, un souvenir assez précis et assez comique. Un peu comme un hors-sujet dans la chronologie qui semblait animer le début du récit. J'essaierai de faire ce genre de petit aparté de temps à autres.
Nous le faisons moins ces dernières années mais je me souviens très bien que, plus petit, papa aimait m'emmener assister à ces confrontations, nous faisant alors prendre la voiture jusque Neuves-Maisons ou encore jusque Freyming-Merlebach, au stade Philippe Schuth, nom du regretté portier Nancéien fauché en plein vol alors qu'il se rendait à un entrainement en forêt de Haye.
J'aime l'ambiance bon-enfant qui se dégage de ces matches. A peine arrivé au stade on s'amuse de l'état des tribunes, du terrain. On paie son ticket et on a l'impression de s'être fait arracher un rein quand on découvre que les 10 euros déboursés nous permettent de nous accouder à la main-courante, entre quelques pochtrons et autres fumeurs. Mais on s'en contre-fiche royalement.
Ces matches-là , c'est surtout le souvenir d'après-midis en plein cagnard, le long de la main-courante, entre les odeurs de merguez, de clope, d'alcool, de sueur, les bruits des discussions des autres spectateurs, les consignes des entraineurs, les joueurs qui se parlent entre eux... Ces matches-là , vraiment, c'est le football comme on l'aime.
Je préfère largement être au bord du terrain qu'en tribunes dans ces rencontres. Papa est avec moi et il me parle, il m'explique, tout ce qu'on voit du bord du terrain et qu'on ne voit pas des gradins. Les déplacements des joueurs, les passes, les appels, les angles de frappe... On a la sensation d'être avec eux sur la pelouse et de voir ce qu'eux voient aussi.
Être au bord du terrain c'est alors être au plus près de l'action, entendre l'impact du pied dans le cuir à chaque passe, sentir le petit courant d'air d'un débordement et surtout voir la subtilité de chaque geste, chaque appel, chaque ouverture, chaque dribble. Malheureusement, à cette époque, je ne suis qu'un gamin et tout ça me paraît bien trop subtil. Heureusement, papa est là et m'explique.
Oui, vraiment, je préfère dans ces cas-là être au bord du terrain. Et pourtant mon souvenir le plus précis, le plus farfelu aussi, se passe dans les tribunes. Ce jour-là un homme d'un âge certain avait pris place juste devant moi. A son arrivée j'ai vu plusieurs spectateurs le dévisager, lui faire un signe. Lui leur répondait d'un air amusé. Je me suis dit que c'était sans doute quelqu'un de connu dans le village. Je me suis étonné quand j'ai vu papa le dévisager aussi, puis m'adresser un grand sourire quand il s'est assis devant moi.
Le match se passe jusqu'à ce que Nancy marque. Comme à mon habitude je me lève, mais le béton est humide et glissant où je me trouve et je dérape, me rattrapant comme je le peux mais envoyant malgré moi mon pied dans l'arrière train du pauvre papy assis juste devant moi. Fort heureusement, il n'y prête pas attention...
Du moins c'est ce que je pensais. Quelques minutes plus tard, gros tacle sur la pelouse. Je lance un "Il a dû le sentir passer !" à papa quand le vieil homme se retourne, me sourit chaleureusement et me répond : "Moi aussi !". Voyant mon air gêné il se met à rire aux éclats avec papa, et me faisant un clin d'œil pour me montrer qu'il ne m'en veut pas. Ouf !
Le match reprend et papa, toujours en train de rire, m'explique. Le vieil homme assis devant moi est en effet un petit peu connu. Mais pas seulement dans le village...
Je viens littéralement de botter le cul à Aldo Platini. Le papa d'un certain Michel.