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Steve Veissière, la reconversion d'un arbitre

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Jérémibl
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Message par Jérémibl » jeu. 04 juin 2009 21:05

steve84 a écrit :Jérem' : J'aime bien tes analyses car tu cherches toujours à deviner la suite, j'adore. :wink:
Et pourtant, souvent je préfère me la boucler de peur de spolier.
La longueur ? J'avoue que hier soir quand je me suis dis : "Bon Jérém', demain matin tu t'en sors les doigts", et que je suis tombé sur le tome d'encyclopédie ça m'a fait un peu peur.
Mais une fois arrivé à la dernière ligne, je me suis plus dis : "Abusé comment c'est court".


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Message par Celta83 » jeu. 04 juin 2009 21:40

Et bien dis donc, y'a de la quantité dans cet épisode mais surtout de la qualité.
Que dire ? Parfait, magnifique, quel talent ??? non je me répèterais.
J'ai bien aimé la 1ère partie sur l'arbitrage, qui permet de voir ce que ressentent les arbitres avant, pendant voire après les matchs.
Pour julie and co, jerem sait très bien analyser le sujet donc je passe.
Pour tes résultats, je dois t'avouer que des fois je "décroche" dans les descriptions des buts. Je les ferai plus succints (t'inquiètes, j'critique mais je serais même pas capable d'écrire la description d'un but :oops: ).
Pinaise, j'ai fais une réflexion à steve. Je serai tondu à la libération (dédicace Verchain).


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Dr ZOULOU
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Message par Dr ZOULOU » ven. 05 juin 2009 11:42

Hey Steve...ça faisait un moment... Pourquoi ne suis je pas passé plus tôt? Je ne sais pas trop, à un moment j'avais du retard sur les stories, et il s'est accumulé...


Pas mal de choses ont changé. Ton personnage a evolué. L'arrogant Steve Veissiere, trop sûr de lui, a peut être muri face à cette chienne de vie. Elle ne lui a pas fait de cadeau...Mais à la manière de Stevenson, on a parfois l'impression qu'il y a deux personnalités. Un Veissiere impitoyable au foot, continuant sa marche en avant, inebranlable face à la pression, impitoyable face au président.
Et il y a l'autre coté du miroir, ses doutes qui t'assaillent quand la nuit arrive, quand tu te retrouves seul dans ton lit, loin des hurlements des travées, si rassurants par leur présence.

De nouveaux arrivants:
Paolo... machiavelique à souhait, qui tisse une toile autour d'un quatuor amoureux étonnant, afin d'arriver à conquerir quelqu'un jusque là inaccessible. Quelle ambiance bizarre à décrire. Une ex-femme, avec qui on est forcemment liée,( si ce n'est par l'amour c'est par le chagrin) dragué par son meilleur pote, un ancien amour qui nous fait toujour vibrer, avec un gosse né, dont on apprend la naissance et la mort en même temps...Rajoutons à ça la disparition d'Emily et ça devient le plus beau bordel de tous les temps.

Même si tu t'en es bien tiré, il reste des zones d'ombres qui me laissent sur ma faim. Quelle a été la reaction d'Audrey face à Julie? Sa réaction quand elle t'a vu? Quand tu as parlé D'Emily, quand tu t'es rapproché tactilement de la douce? Et Paolo...

Je me demande si la soirée en points de vue multiple n'aurait pas été plus complète, moins inaboutie...Mais bon.

Et cette Julie,Toxicomane, qui semble irresponsable, bien loin des valeurs de ce cher Steve. Lui, si proche de ses principes, si propre sur lui, si incorruptible. Comment va-t-il réagir face à l'Amour?

Voilou voilou...Que dire encore? Je trouve que les relations vont trop vite. Julie qui te téléphone direct dans la voiture. J'aurais cru qu'elle aurait tenté d'encaisser, qu'elle aurait pris le temps de faire le tri dans sa tête, de calmer ses emotion...Qu'elle reflechirait un peu, qu'elle t'aurait laissé te calmer...Et même un doute aurait pu la prendre à la gorge. Ton pétage de plomb était il dù au baiser où à la nouvelle? Je me dis qu'elle aurait pu flipper...Tout ça est trop rapide pour moi...Mais ça se lit trés bien... :wink:



En conclusion, je dirais que Steve est un auteur phare du forum, que ses mots sonnent juste, et voilà. Merci à toi.


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steve84
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Message par steve84 » dim. 07 juin 2009 20:31

Vous savez les gars que ce qui me rend fier, ce sont la longueur et la pertinence de vos analyses.

Pour répondre succinctement à Celta et au Doc :

Celta : pour les descriptions de buts, il est vrai que c'est fastidieux même si c'est la partie "facile" à écrire, normal que tu décroches.

Doc : le comparatif à Stevenson est trop ambitieux mais passons. :)

Il est vrai que j'ai peut-être mal géré tous les paramètres inhérents à la soirée de Paolo. Mais j'avais dans mon idée de départ de privilégier la relation Julie - Steve. Au détriment des autres personnages présents ce soir-là. Le secondaire, c'était "l'altercation" Paolo - Steve. Après comme je l'ai dit plus haut, Audrey va probablement apparaître dans le futur (ou pas).

Et plus, dans le prochain épisode, va y avoir quelques surprises... Je vous laisse extrapoler à votre manière. :hooo:


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steve84
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Message par steve84 » mer. 24 juin 2009 19:35

Episode VI :

If



If I could turn, turn back the hands of time
Then my darlin' you'd still be mine
If I could turn, turn back the hands of time
Then darlin' you, you'd still be mine

Funny, funny how time goes by
And blessings are missed in the wink of an eye
Why oh why oh why should one have to go on suffering
When every day I pray please come back to me




J'aurais pu me retrouver dans une toute autre situation. Me dorer la pilule au soleil à l'autre bout du monde sur une île paradisiaque pendant que toute l'Europe est en train de se les geler pendant l'un des hivers les plus rudes qu'elle a connu ces dernières décennies. Fuir mes responsabilités devant l'impossibilité de la tâche a accomplir. Cette idée m'a traversé l'esprit. Et pas qu'une seule fois. Quand le doute prend le dessus sur les certitudes, on est capable de craquer. La pression, le stress, la volonté de (trop) bien faire conduisent parfois à en demander plus que de raison.

Ces sentiments, je les avais déjà ressenti à Istres. La frustration de ne pas arriver à influer sur les joueurs, alors que ces mecs avaient le potentiel pour accéder à l 'échelon supérieur. Ils me l'ont confirmé la saison suivante, alors que peu de retouches ont été effectuées sur le groupe que je menais. Istres occupe maintenant une belle place dans le milieu de tableau en deuxième division. A la trêve, ils occupent le neuvième rang. Imaginez que j'aurais pu réussir en France. Le défi était presque trop facile et pourtant je n'y suis pas parvenu. Je me suis toujours posé la question de savoir quelles auraient été les réactions à mon propos si j'avais mené de main de maître les bucco-rhodaniens. Est-ce que cette reconnaissance, que j'ai acquise en Angleterre dans les divisions inférieures, aurait été la même dans mon pays natal ? Je veux dire : aurait-on accepté qu'un ancien arbitre puisse aussi facilement se reconvertir dans un poste qui requiert une autre vision du jeu ?

Il est vrai que le cheminement classique emprunté par ceux qui prennent place sur un banc de touche ne surprend plus personne. La plupart du temps, c'est un ancien joueur de football, et ce quelques soient ses qualités sur un terrain, qui enfile le costume de coach. Les autres entraîneurs font figure d'exception, à l'instar d'un Alberto Zaccheroni qui dût raccrocher les crampons dès trente ans et qui a plus fait parler de ses talents de fin tacticien sur le bord du champ de jeu.

Alors, il était écrit que je devais me casser la gueule en me lançant ce pari fou mais risqué. A l'heure actuelle, mes détracteurs ont néanmoins dû se faire moins entendre dans la presse spécialisée. Les deux accessions successives avec Darlington qui m'ont amené à tutoyer le Championship ne sont pas complètement le fruit du hasard. Du moins, j'ose le croire, sans modestie mal placée.

Alors oui, j'aurais pu considérer que ce début de saison réussi était un nouveau tremplin vers l'élite. Et c'est à ce moment-là que j'ai commis une erreur. Je nous ai vus trop beaux. Le recrutement accompli astucieusement avec des joueurs jeunes et en devenir semblait ambitieux, à la vue de nos faibles moyens. Mais le feu de paille s'est consumé hâtivement pour dévoiler les lacunes profondes dont souffre mon équipe.

Après le Boxing Day, nous occupons la vingtième place. Vingt-trois menus points en vingt-quatre rencontres, soit à peine plus d'un point par match. Le ratio est très faible. Mais il nous permet pour le moment de nous situer hors de la zone rouge. Barnsley, le premier reléguable, est à huit unités derrière nous. Nous possédons donc un matelas assez suffisant pour aborder la seconde moitié tranquillement. Après tout, l'objectif de cette saison n'était-il pas de se maintenir ? Mais le groupe a tellement montré d'excellence, cette envie de se sublimer pour aller plus haut depuis plus de six cent jours passé à sa tête, que je ne peux pas être satisfait de ce classement. Cela signifie un coup d'arrêt brutal pour moi dans la constante progression des Quakers. Oh bien sûr qu'en débarquant ici, je n'avais pas de telles ambitions. Mais les circonstances m'ont fait devenir plus exigeant. Et aujourd'hui, j'en demande sûrement trop.

J'aurais pu démissionner et partir me ressourcer pendant quelques temps, loin du milieu du football ou bien dénicher un nouveau challenge plus appétissant. Mais le président a refusé ma lettre. Avec le recul, je ne regrette pas sa décision. Le deal est simple : je reste en place jusqu'à la fin de la saison pour permettre à Darlington de se maintenir en Championship et j'aurais tout le loisir à la fin de mon contrat le 31 mai d'aller chercher un nouveau défi.

Ma réflexion est claire à ce sujet. Je quitterais les noirs et blancs dans cinq mois. Ma décision est irrévocable et j'en ai immédiatement averti George Houghton. Les joueurs ne le sauront que quand je l'aurais décidé, c'est à dire quelques semaines avant la fin de mon contrat. Je ne veux pas leur imposer un poids supplémentaire qui pourrait contrarier l'objectif que m'est ouvertement fixé.

Et puis, je suis persuadé que mon cycle touche à sa fin. La méthode Veissière use-t-elle à ce point mon groupe ? J'en suis malheureusement convaincu.

Le football se joue à peu de choses. Des détails qui font leur importance, qui vous font passer d'un statut d'icône à celui d'indésirable en quelques mois. Je connaissais les règles du jeu avant de m'engager. Et qui sait ce qui m'attendra après la fin de mon engagement. Je pourrais très bien tout laisser tomber et clôturer la mascarade de cette façon. Écrire le mot fin d'un livre est quelque chose d'assez dur à faire. S'il y a un truc qui est difficile à gérer, ce sont les adieux.

Le pire, c'est quand on ne trouve plus rien pour s'occuper derrière. Remplir son temps libre est le meilleur moyen de profiter pleinement de la vie. Boucher les trous de notre existence sans raison avant de faire le grand saut vers l'inconnu. Ce n'est pas pour rien que beaucoup déclarent que la fin de leur carrière est une petite mort. Ceux qui n'ont rien prévu se laissent glisser doucement vers le crépuscule de leur existence, en espérant toucher le jackpot du paradis. Les autres, hyperactifs devant l'éternel, se chargent de se trouver une seconde peau, une seconde jeunesse pour ne pas penser à l'après qu'ils redoutent tant.

Je fais incontestablement partie de la deuxième catégorie. La perspective de la mort me fait extrêmement froid dans le dos. Et trouver un sens à la vie, à ma vie est une perpétuelle obsession qui ne cesse de me hanter le cerveau.

Darlington a cessé son expansion et j'espère qu'elle continuera à grandir malgré le coup d'arrêt de cette saison 2009/2010. Ce qui est certain, c'est que je regarderais ça d'un œil attentif mais lointain. Le 1er juin à minuit, les Quakers feront partie de mon passé et je ferais partie du passé de Darlington. Au final, j'aurais œuvré pour le bien du club en deux ans et demi. Même si une descente constituerait un départ sur un échec cuisant et imprévu.

Finalement, ce sont ces douze matches sans victoire qui m'auront le plus marqué. Je ne pensais jamais affronter une telle période d'insuccès. Trois mois d'infortune, de tristesse, de grise mine. La cavalerie sonnera la révolte face à Wolverhampton. Une victoire quatre à deux qui mettra fin à la pire période de ma courte carrière. Elle sera suivie d'un quatre zéro à Scunthorpe, antépénultième au classement à cette époque, et dont Mifsud n'est plus que l'ombre de lui-même.

Le baume au cœur donné par ces deux confrontations sera bref et le retour sur terre aussi douloureux pour le Boxing Day. Nous nous inclinerons quatre à deux à Wigan.

Bien sûr, je me cherche pas à me cacher derrière des excuses bidons mais la blessure prolongée de Chris Kinkela a forcément joué sur le faible rendement de mes hommes. Et comme un signe, son retour a eu lieu lors de cette fabuleuse prestation contre les Wolves où il ouvrira le score sur penalty et délivrera une énième passe ô combien décisive. Il en ajoutera deux de plus face à Scunthorpe. Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. Nous sommes malheureusement victime de cette maxime et d'une dépendance trop prononcée à notre génial dribbleur congolais.

Il n'a pas été le seul à être passé dans les mains des infirmiers. L'instant critique a été quand tous mes milieux axiaux ont créé une embouteillage monstre à la porte des docteurs. McBride, Harris, Le Postollec m'ont forcé par leur absence à faire jouer des types à des postes où ils ne peuvent pas exprimer pleinement leur potentiel.




J'aurais pu lui avouer que je l'aimais quand je l'ai eu en face de moi, il y a quelques heures seulement. Lui dire qu'elle est ravissante dans sa robe de soirée, qu'elle moule parfaitement ses formes abruptes et subtiles. Que son odeur me rappelle la Provence et les plaisirs simples de la région. C'est certain, son visage est ce qu'elle a de plus beau en elle. Et son regard divin qui ne peut se poser que sur moi car il n'y a que moi autour d'elle, ses yeux me faisant rougir de honte parce qu'après tout, je n'ai pas de charme, juste une gueule qui lui plaît.
Ses lèvres si mignonnes, si exquises qu'elle me tend pour réclamer un baiser qu'elle attend, que j'attends, que nous attendons depuis des lustres. J'aurais pu lui offrir dès aujourd'hui.

Nous serions passés à l'acte sans pudeur, ni détour, arrachant nos draps et nos vêtements, futiles détails qui prolongent le désir aveugle, sans coup férir. Nous hurlerions notre communion, notre bonheur d'être ensemble, de ne faire plus qu'un de l'imbrication de nos corps dégoulinants de sueur. Pouvoir enlacer torridement sa taille pas si fine que ça, sentir ses mains sur mes fesses, m'incitant à accélérer la cadence, les va-et-vient incessants et fatiguants mais tellement porteurs d'allégresse.

J'aurais pu vivre tout ça. Dans le royaume des fantasmes, tout est imaginable. Mais j'ai décidé de repousser ma rencontre avec Julie. Au revoir le dîner aux chandelles bateau, le bouquet de fleurs classique mais qui dénote une certaine attention de la femme qui a pris place devant soi dans le restaurant.

Après lui avoir annoncé la nouvelle, j'ai bien entendu senti la déception poindre dans le son de sa voix. J'ai presque décerné des pleurs étouffés rapidement pour me montrer qu'elle se remettra de tout ça. Nous nous verrons début juin. Six mois c'est long. Conjugués aux six autres précédents d'interminable patience, c'est beaucoup. Mais je ne me voyais pas l'accueillir ici en Angleterre alors que mon avenir ne se dessine pas à Darlington. Après que toutes les échéances soient digérées, je serais prêt à « assumer » de nouvelles responsabilités dans ma vie personnelle.

Mais c'est encore trop tôt, je ne veux pas commettre la faute de trop, celle qui me mettrait hors jeu pour de bon.

Au fond, je crois que je suis perfectionniste. Autant dans mes relations privées que mon travail, j'attache une énorme importance à réduire au maximum les risques d'imprévus qui pourraient perturber mon équilibre naturel.

Au final, c'est sûrement celle volonté de tout contrôler qui pourrait avoir raison de moi. Et peut-être plus tôt que je l'aurais prévu.


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Message par Misaki » jeu. 25 juin 2009 12:12

Ce n'est pas encore la fin steve.

Tu ne vas pas nous laisser en plan comme ça.

Bon pour en revenir à ta story, dur de redescendre sur terre après un tel départ. Mais le maintien, qui est l'objectif de départ, ne devrait pas poser de soucis.

Et puis finalement, au niveau sentimental, une nouvelle histoire débute avec Julie.
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Message par Jérémibl » jeu. 25 juin 2009 15:02

Il y a de ça pas mal de temps, j'avais beaucoup apprécié la réaction de Steve Veissière face à son mauvais parcours à Istres. Pour beaucoup, les stories sont des épopées incroyables, aux résultats improbables. Ici, il n'en était rien.
Et voilà que cette situation semble retomber par-ici. Sauf qu'aujourd'hui, c'est un trop plein d'ambition qui la provoque. L'entraineur-arbitre s'est un peu enflammé, et le retour à la réalité (pourtant pas non plus désagréable puisque qu'au-dessus de la ligne de flottaison) le fait se remettre en question, envisager voire planifier son avenir, signe d'un léger manque de folie.

J'espérerais bien qu'à travers ce manque de folie, tu caches une belle arnaque endormant le lecteur pour mieux le surprendre, mais ta récente décision du bistrot me calme.


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Message par steve84 » jeu. 25 juin 2009 18:35

Merci comme d'habitude de vos réactions.

Je vous éclairci sur quelques points :

Misaki : peut-être ben que oui, peut-être que non. La fin de la saison 3 ne devrait pas signaler la fin de la story. J'ai encore quelques thèmes et messages à faire passer dans mes futurs récits. Tout dépendra vraiment de ma future destination que je ne connais pas, à l'heure actuelle.

Et à noter, que je ne suis pas avec Julie. Du moins, Veissière fait durer et surtout compliquer les choses.

Jérem' : ce que dit expose est terriblement vrai. Dans les récits postés par beaucoup d'entre nous, il y a toujours cette volonté d'avoir rapidement et immédiatement des résultats. J'ai foiré avec Istres, puis réussi avec Darlington. Cette saison par contre, j'ai un mal fou à faire évoluer mon équipe alors que je pensais l'avoir améliorée. Et l'objectif secret était de viser les barrages. Mais je ressens cette lassitude que n'était pas présente au début de l'aventure anglaise. Y'a toujours cette peur de faire l'année de trop.

Encore à mon avis deux épisodes pour achever la S3.

:wink:


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steve84
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Message par steve84 » lun. 06 juil. 2009 19:35

Episode VII :

Ups & Downs



Le championnat anglais a cette particularité de vous faire oublier Noël, encore plus lorsque vous vous trouvez seul à ce moment de l'année. Aucune coupure pour pouvoir récupérer d'une intense première partie de saison. Et en Championship, c'est encore pire car il faut caser quarante-six journées. Une année civile comptant, à quelques jours près, cinquante deux semaines, il est vrai qu'il n'y a aucune place au répit. La lutte est permanente et quiconque décrochera de ce rythme infernal y perdra des plumes.

Soyons honnêtes envers nous-mêmes, nous faisons un parcours digne d'un candidat à la relégation. Le fait qu'il y ait plus médiocre que nous me rassure sans me rassurer car finalement, il leur suffira d'une bonne période pour remonter la pente et nous inquiéter de nouveau. Les matches retour entamés, il y a une unique certitude pour laquelle la tendance ne s'inversera probablement pas. Blackpool totalise un nombre de points ridicules et terminera, à mon avis, lanterne rouge. Avec huit minuscules unités, l'ancien club de Sam Allardyce occupe ce dernier rang depuis le commencement et aucun des observateurs avisés ne les voit vraiment se maintenir. Même un miracle ne semble pas en mesure de les sauver de la League One qui les accueillera les bras ouverts. On peut donc affirmer sans s'avancer qu'il y a encore deux places à éviter pour ne pas gâcher notre belle aventure entamée il y a bientôt deux ans.

La réception de Cardiff s'inscrit dans cette dynamique. A la veille de la Saint-Sylvestre, le mot d'ordre est de finir l'année sur une bonne note. McBride et Modubi sont aptes, Ashton toujours sur le flanc. L'Arena, à la suite des dernières prestations, boude ses gladiateurs. Elle a raison, la première mi-temps ne donnera strictement rien. Et la seconde résume notre parcours en Championship. Une faute de Wiseman dans la surface sur McPhail offre un pénalty logique que McLean transforme illico presto. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, c'est au tour de Flood de s'amuser de Keenan, qui n'oppose aucune résistance à sa frappe. La défaite n'est pas amère, les gars n'ont pas respecté mes consignes et cela s'est traduit sur le terrain. Sans repères et déboussolés après l'ouverture du score, ils ont trop rapidement lâché prise pour finalement encaisser le but du break qui a tué nos espoirs. Si tant est bien qu'il y ait eu un espoir.

Cette démobilisation m'inquiète gravement. Et si les types avaient décidé de m'abandonner ? Seraient-ils aussi malsains que cela pour ne pas me l'avouer en face ?

Si les affaires restent en l'état ou empirent d'ici la trentième journée, j'aviserais une réunion exceptionnelle avec les joueurs pour vraiment crever l'abcès. Tant que l'écart avec le premier non relégable est raisonnable, on peut encore réussir de belles choses.

Trois jours plus tard, voici la FA Cup qui pointe le bout de son museau. Nous recevons Sunderland, étonnant septième de Premier League. Mon confrère qui prend place sur le banc adverse n'est autre qu'une légende : Roy Keane. L'emblématique capitaine de Red Devils, septuple champion d'Angleterre et vainqueur de la Ligue des Champions en 1999, me rend une franche poignée de main lors de la présentation protocolaire des équipes. Nous n'échangeons pas beaucoup de paroles mais je sens en lui la ferme intention de ne pas prendre ce match à la légère. C'est marrant de se retrouver dans le même costume désormais. Se souvient-il seulement de l'unique rencontre où je l'ai arbitré ? Je pense qu'il a d'autres chats à fouetter à mon avis...

Les occasions ne seront pas légion pour nous, alors il faudra profiter de chaque opportunité pour ne rien regretter. A la demie-heure de jeu, Dalla Valle rate son un contre un face à Ben Gordon, sa frappe trop molle rebondissant sur le coude du gardien. Mais Amanatidis, transfuge du Real Madrid où il a plus fait de la figuration qu'autre chose, vient glacer nos ambitions sur une contre attaque meurtrière. Nous perdons pied progressivement en tentant de prendre des risques insensés pour recoller. L'international grec va alors devenir notre bourreau. Aux 75e, 76e et 90e minutes, il se régale des boulevards béants de notre arrière garde pour aller achever un Keenan dépité et désemparé. Le score est lourd (0-4) mais nous ne pouvons en vouloir qu'à nous mêmes. Tenir cinquante minutes pour craquer de la sorte, j'aurais préféré ne pas vivre ce cauchemar. Nous sortons de la Cup par la petite porte et il ne reste donc plus que le championnat à jouer pour sauver notre tête dans cette division.

Nous avons toutes les cartes en main, à nous de faire en sorte de pas tout foutre en l'air. Et ça commence dès maintenant.

Hélas, Flavien Le Postollec se fend de déclarations peu avenantes à mon égard dans la presse locale, le jour suivant notre déroute face aux Black Cats. Mon milieu défensif se plaint de ne pas avoir assez de temps de jeu. Mais au lieu de me le dire en face, il préfère la compagnie des journalistes pour cracher son mécontentement. Ni une, ni deux, je convoque Le Postollec dans mon bureau. L'entraînement terminé et la douche prise, il se présente devant moi comme si de rien n'était.


« Flavien, tu sais pourquoi tu es là non ?
- Je devine, coach...
- Putain, on est pas assez dans la mouise pour que tu t'épanches sur tes états d'âme comme ça, dans les journaux ?
- Excusez moi coach, c'est une erreur de jeunesse... Je ne voulais pas que ça prenne une telle ampleur, surtout pour vous.
- Mais tu connaissais les règles Flavien ! S'il y a le moindre souci, tu sais qu'on règle ça en privé, je l'ai dit à tout le monde en début de saison.
- Oui, j'ai merdé, je sais...
- Tu comprendras donc que je te mets à pied pour la prochaine rencontre, tu réintègreras le groupe après la réception de Barnsley.
- Mais...
- Laisse moi finir, tu auras la parole après. Tu sais, tu as enfreint les règles du groupe et c'est pour cela que je te sanctionne. Les autres joueurs ne comprendraient pas pourquoi tu serais blanchi pour ces déclarations. Cependant, il ne tient qu'à toi de me prouver que tu as les qualités pour être titulaire. Défonce-toi à l'entraînement car si je t'ai recruté cet été, c'est que j'ai confiance en toi. Et pour l'instant, tu ne m'as pas rendu entière satisfaction dans tes apparitions. Tu peux disposer...
- Coach, j'ai compris le message et je vous promets de donner le meilleur de moi-même.
- J'y compte bien, Flavien. Ne me déçois plus de nouveau. »



Décidément, je ne suis pas fan de ces moments où il faut faire de la discipline bête face à un joueur bête. Transgresser les lois d'un groupe avec lequel il vit quasiment en permanence, c'est se mettre en danger à l'intérieur du vestiaire. En deux ans ici, personne n'avait osé remettre en cause mes choix tactiques directement dans les journaux. Inconsciemment, peut-être qu'il me fallait ce micro événement pour me décider à porter une attention encore plus proche à mes gars.

Il n'y a plus le temps de cogiter, la dernière ligne droite approche à grand pas. Nous réceptionnons un adversaire presque direct, Barnsley. Dalla Valle est suspendu, Ashton est convalescent mais à part ces deux absences ennuyeuses, l'effectif est au grand complet. La pluie est au rendez-vous à l'Arena, ce qui ne semble pas gêner les vingt-deux acteurs. Dès la neuvième, Brackstone effectue une touche rapidement sur la gauche en direction de Da Costa qui remet en une touche sur Dobbie. Mon attaquant seul au point de pénalty ne se fait pas prier et prend tout son temps pour ajuster Kolin'ko en bonne et due forme. Un départ sur les chapeaux de roue qui fait plaisir à observer ! Fatalement, il fallait que les Colliers égalisent dix minutes plus tard par l'intermédiaire de Reid pour donner un peu plus de piment à cet affrontement. Les deux formations se neutralisent mais mes attaquants ont décidé de se mettre en mode « cochon ». Le but de la manœuvre étant évidemment de rater toutes les occasions, même les plus faciles. A l'image de Da Costa, replacé derrière les deux pointes, qui à deux mètres des cages trouve le moyen de diriger sa tête entre les poteaux... mais au-dessus. Kolin'ko était aux pâquerettes.

Bien heureusement, notre supériorité et notre mainmise nous permet de relativiser les échecs successifs. Alors quand, à vingt minutes du terme, Kinkela dépose le ballon sur Buba suite à un corner bien enroulé, on se dit que les Quakers ont pris un avantage définitif.
Que nenni ! McCann remet les pendules à l'heure sur la deuxième frappe cadrée de son équipe. Et on se dit qu'on a vraiment la poisse...

Enfin, cent vingt secondes plus tard, Dobbie signe un doublé déterminant. Da Costa clôt tout suspense en contre et la mission est enfin accomplie. La victoire est précieuse et belle et nous permet de maintenir Scunthorpe à six encablures.

Pas le temps de respirer que nous nous déplaçons à Norwich. Les Canaris sont l'une des belles surprises de la saison, ils pointent à une flatteuse neuvième position. Cette confrontation aura lieu sous les yeux de la télévision, et ce pour la première fois depuis le début de la saison. Il serait de bon ton de vaincre nos adversaires afin de gagner le droit de représenter Darlington dans le petit écran plus souvent. Cependant, nous ne parvenons pas à prendre la mesure de nos hôtes d'un soir et nous repartons la queue entre les jambes, défaits par la plus petite des marges (1-2).

Mon infatigable milieu Michael Modubi, exclu pendant la rencontre pour un attentat sur Spillane, sera privé de compétition officielle pour trois rencontres. La fédération ne badine pas avec les gestes dangereux mais elle a mal calculé son coup. En effet, Modubi va rejoindre sa sélection nationale, l'Afrique du Sud, pour disputer la CAN 2010 au Maroc. Un mal pour un bien. D'ailleurs, je suis secrètement content que le Congo de Kinkela ne participe pas à cette épreuve car l'absence de deux tauliers de l'entre jeu nous aurait fait beaucoup de tort.

Nous tombons de nouveau lors de deux matches suivants. Milwall vient conquérir trois points opportunistes à l'Arena dans des conditions météorologiques dantesques. Et nous accusons une nouvelle débâcle à Leicester (1-3) au Walkers Stadium, sous les insoutenables rafales de vent...

L'étau se resserre, nous sommes à la portée de Scunthorpe, bien remonté à deux unités des noirs et blancs.

Si nous basculons dans la zone rouge, je crois qu'on pourra réellement parler de crise. La venue de Southend revêtira donc un caractère crucial dans la lutte que nous menons depuis maintenant plusieurs mois.

Dans la semaine, et alors que j'ai laissé mes hommes au repos afin de se ressourcer mentalement avec leurs familles respectives, je reçois ce coup de fil. Le numéro m'est familier, c'est Audrey qui m'appelle. Pris de court par cet appel, je me demande ce qui peut bien lui arriver pour me contacter après l'altercation qui m'a opposé à Paolo, son désormais compagnon. Je décide délibérément de ne pas décrocher attendant qu'elle me laisse un message sur la boîte vocale. Pari réussi. Je compose machinalement le numéro de la messagerie, alors que la chaine hi-fi crache un bon vieux tube des Beatles.


« Vous avez un nouveau message... »

« Steve, c'est Audrey. Juste pour te dire que les vacances scolaires en France débutent le 6 février pour se terminer le 22. On avait convenu toi et moi, lors de notre séparation, de la première semaine de chaque période mais j'ai pris la décision de t'envoyer Gena la semaine prochaine, la seconde. Voilà, bisous. Ciao. »



Bon, au moins, c'est clair et net. La voix glaciale et inhabituelle d'Audrey est d'ailleurs ce qui m'a le plus décontenancé. Quelle différence de ton entre les joyeux moments que nous avons passé ensemble et cette voix quasi robotique. Comme si c'était un texte qu'elle dictait...

Mais putain, j'espère qu'elle a quitté ce bon à rien de Paolo. Parce que je compte bien voir le seul être qui reste perpétuellement dans mon cœur depuis la mort d'Émilie.

Toutes ces contrariétés me plongent dans un état de stress intense avec la dure et terrible semaine (encore une) qui débute dès ce soir. Southend débarque à l'Arena avec la ferme intention de ne pas repartir la queue entre les jambes. Comme prévu, je décide de changer la mise en place de l'équipe, jetant aux oubliettes le 4-3-1-2 pour un flambant neuf 4-1-3-1-1. Ce changement n'est pas un coup de poker de désespoir mais une volonté affirmée de réformer un système qui a fait son temps. Le 4-3-1-2 était un schéma trop ambitieux pour les joueurs que j'ai à ma disposition. Dans la nouvelle tactique, peu d'éléments devraient perdre leur statut de titulaire mais le rôle de certains sera redéfini. Keenan reste donc le portier des Quakers et devant lui, les arrières centraux Williams et Buba gardent leurs positions. Ashton et Wiseman complètent ce quatuor défensif inamovible. La nouveauté consiste en l'intégration d'un milieu défensif consacré uniquement à cette tâche ingrate. Le Postollec sera mon Makélélé et devra gratter et ratisser le moindre ballon afin d'être le première maillon de la chaîne de la relance. Il est question aussi pour lui d'une ultime chance de me convaincre dans son poste de prédilection. Le milieu à trois sur la même ligne sera composé de Simmonds – McBride – Kinkela. Le gaucher prêté par Chelsea remplace numériquement Da Costa, auteur de deux dernières sorties pâlichonnes. McBride remplace un Modubi toujours au Maroc et Kinkela s'accroche fermement à son fauteuil, sans laisser aucune chance à une concurrence, il est vrai, inexistante. Dalla Valle fera office de feu follet derrière un Dobbie, seul en pointe qui devra multiplier les appels en profondeur pour libérer du marquage ses autres coéquipiers.

Mr Marriner balance un coup de sifflet strident pour sonner le début du duel. La première mi-temps est assoupissante. Seul Dobbie parvient à me lancer une frayeur quand... il prend un coup à la dix-huitième. Les Seasiders sont bien regroupés en défense et ne concèdent que peu d'actions dangereuses. Le jeu se résume à une attaque-défense pendant le reste de la rencontre. Dobbie, Elding par deux fois butent sur Flavahan. On se dirige vers un score nul et vierge mais Tafer, entré en jeu à la place d'un Le Postollec à revoir, conclut de manière chanceuse une de nos nombreuses occasions. Les trois points semblent acquis mais à la dernière minute du temps réglementaire, Williams se sacrifie pour les Quakers en découpant McAllister qui partait au but. La sanction est immédiate. Expulsion et coup franc redoutable à vingt mètres dans l'axe des cages de Keenan. Howard ne se fait pas prier et expédie le cuir dans la lucarne droite du gardien nord-irlandais, qui reste sans voix.


Le football est cruel avec nous depuis quelques matches et le sort de celui-ci ne déroge pas à la règle. Scunthorpe est encore plus malchanceux et perd un point après avoir été défoncés sur leur pelouse huit buts à six par Southampton. Jouer avec le feu du maintien est très périlleux et il va falloir réagir dès notre déplacement à Blackpool, qui ferme la marche assez facilement en championnat. Le Bloomfield Park remarque le retour de Modubi à Darlington avec s'être fait éliminé sans gloire par la Zambie en quarts de finale de la CAN sur le lourd score de cinq à zéro. Une nouvelle fois, les quarante-cinq premières minutes sont à oublier, Tafer, préféré à Dobbie, mangeant la feuille de match à plusieurs reprises. Mais enfin, à l'heure de jeu, Dalla Valle sert Elding qui se débarrasse de Gorkss et allume Forster. La marque est ouverte et sera clôturée au même moment. La victoire est nette, belle et méritée mais les ratés successifs et grossiers des miens m'ont littéralement fait criser. Cette victoire permet de garder nos rivaux à distance, bien que ces derniers ne lâchent rien comme en témoigne leur succès à Burnley.

Nous sommes le vendredi 12 février et la lutte contre Stoke s'annonce comme une partie charnière de la saison. Auparavant, je dois aller chercher Gennaro à la gare de Darlington pour enfin profiter du bonheur du temps passé en sa compagnie. Son train en provenance de London doit entrer en gare à 23h49, heure locale. Autrement dit, la gare est bien triste et morose en ce soir d'hiver glacial. Les quais sont quasiment déserts et les agents de sécurité rodent discrètement dans les parages pour empêcher toute tentative d'intrusion de quelques clochards qui demandent juste l'hospitalité pour la nuit. L'atmosphère est pesante, l'attente insupportable et le tic-tac de l'horloge incessant me poussent à me ronger les ongles d'une manière peu académique. Quand enfin, le train s'arrête sur la voie A, mon excitation repart de plus belle. Tout semble plus beau maintenant, la noirceur des murs en pierre pas autant noirs que cela, le ciel plus étoilé que précédemment. Les portes s'ouvrent automatiquement, la délivrance est proche, je verrais mon enfant dans quelques instants. L'émotion est si forte que mes yeux se remplissent de larmes à l'idée de pouvoir serrer dans mes bras ce petit bout de chou qui grandit au fur et à mesure de nos entrevues plus espacées.

Les premières personnes sortent des voitures et se dirigent immédiatement vers le hall de la gare, comme pour fuir au plus vite la fatigue inhérente à ce genre de trajets. Ici, un petit garçon qui court dans ma direction ! Mais fausse alerte, ce ne sera pas Gena. Le ballet des passagers défile devant mon regard attentif à la moindre petite frimousse ressemblant à ma progéniture. Mais aucun signe de vie de Gena. L'inquiétude s'accroît au moment où plus aucun voyageur ne sort des wagons qui semblent tous vides.


Qu'est-il arrivé à mon Gena ? Ni une, ni deux, je vais jeter un coup d'œil dans le hall d'entrée où se trouve encore des gens qui attendent péniblement leur famille, leur copine, leurs amis. Après avoir fouillé tous les recoins, je ne trouve décidément pas mon fils. Je commence à paniquer, et s'il était arrivé malheur ? Je crois que je ne m'en relèverais jamais.

Soudain, un éclair de lucidité me décide à appeler Audrey pour l'informer de la nouvelle. Comment va-t-elle recevoir l'information ?


« Allô, Audrey, c'est Steve.
- Steve ? Mais pourquoi tu m'appelles à cette heure aussi tardive ?
- J'ai une très mauvaise nouvelle.
- Laquelle ?
- Je suis à la gare, là, et Gennaro n'est pas arrivé...
- Ah mais je ne t'avais pas prévenu ?
- Prévenu de quoi ?
- Il me semble que je t'avais laissé un message comme quoi Gena ne viendra pas pour les vacances...
- Tu te fous de ma gueule non ? Tu avais repoussé la date à aujourd'hui, j'en suis sûr.
- Alors j'ai du oublier de t'avertir que tu ne verrais plus Gena de sitôt...
- Arrête tes conneries, Audrey, qu'est-ce qui se passe, bon sang ?
- Oh, il ne se passe rien. Gena dort à la maison, il est sage comme une image. Le truc, c'est que je ne veux plus que tu le vois.
- Dis moi que tu plaisantes ! Tu es devenu folle, et notre accord ?
- Quel accord ? Que je sache, nous n'avons signé aucun papier qui décide de la garde de Gena. Un accord moral vaut que dalle devant une entente manuscrite.
- Tu est en train de perdre les pédales Audrey. Et je crois que Paolo n'y est pas étranger.
- Je t'interdis de remettre en cause Paolo dans l'histoire. Ses conseils m'ont aidé à ouvrir les yeux sur toi et ta lâcheté. Tu n'est pas digne de t'occuper de notre enfant.
- Je vois Audrey. Je vois que cet enfoiré t'a complètement retourné le cerveau alors que nous nous étions séparés en de très bons termes. Ton comportement me déçoit énormément.
- Je m'en fiche Steve. Tout ce que je sais, c'est que Gennaro est chez moi et qu'il s'y sent bien.
- C'est trop facile de faire ça. Gena a déjà perdu sa sœur, ce n'est plus le moment de faire des gamineries.
- Assez ! Je ne veux plus t'entendre. A partir de maintenant, tu n'existes plus, je te raye de ma vie définitivement. Un conseil, oublie Gennaro et tout le monde se trouvera mieux...
- Même pas en rêve. Tu as fait une énorme erreur, et Paolo aussi. Vous allez payer. Et cela ne fait que commencer. »


Le corps encore tremblant de l'épique conversation qui vient d'avoir lieu, je range mon portable tout chaud dans la poche droite de mon jean bon marché. La route du retour vers mon domicile se fait dans un silence de cathédrale. Le poste radio reste en mode veille et je ne peux voir que les poteaux électriques situés au bord de le route qui paradent fièrement avec leurs lumières qui trônent au sommet. Je range mon véhicule en bas de mon appartement qui n'a jamais semblé aussi sombre.

Affalé de tout mon long sur le lit deux places qui prend la majeure partie de la pièce principale, je peine à trouver le sommeil. Les mots énoncés sans heurt par Audrey résonnent toujours dans ma tête, et l'écho s'intensifie au fil des secondes, des minutes, des heures. Et maintenant, que vais-je faire ? Attendre la fin de mon contrat pour me décider à aller rendre visite en personne à Audrey ? Je ne sais plus dans quelle direction je dois aller, l'absence de Gena qui aurait du être à mes côtés maintenant, me trouble fortement. Sans lui, je perds mon unique raison de vivre.

Une entrevue doit avoir lieu avec le président après le déplacement à Bristol, j'espère que malgré nos relations purement professionnelles, il saurait tendre une oreille attentive à mes maux. Car oui, j'ai une solution pour pouvoir tout remettre en ordre, et ce, en très peu de temps.

Mais avant cela, l'Arena est le théâtre d'une nouvelle rencontre décisive. Stoke est dix-neuvième, deux longueurs devant nous. Une triomphe nous permettrait de respirer terriblement plus au classement. La tactique mise en place depuis Southend semble s'avérer efficace et c'est donc sans surprise que je la reconduis. Mes hommes démarrent en trombe. Cinquième minute, Buba lance un long ballon en chandelle vers la défense adverse. Simonsen, le portier des Potters, dans un élan de générosité sans précédent, sort de manière hasardeuse vers la balle et plante son pied dans la terre et s'effondre comme une merde sur l'herbe. Elding, qui passait pas là, ne se prive pas de fignoler le travail. 1-0, merci Simonsen. Mais cela ne s'arrêtera pas ici, les Quakers sont en verve et l'intenable Kinkela se charge de faire le break après une offrande parfaite de Da Costa. Les carottes sont déjà cuites pour Stoke qui met le verrou pour éviter de repartir avec les valises chargées. Peine perdue, c'est un de leurs qui trahissent une nouvelle fois Simonsen. Hill marque contre son camp sur une galette de Da Costa qui a ricoché successivement sur Dalla Valle, Kinkela et donc l'infortuné Hill. La messe est dite, Tafer se chargera de peaufiner le goal average. Nous avons rarement eu une telle mainmise sur un match lors de cette saison et cette prestation me satisfait pleinement. D'autant plus que Scunthorpe a chuté à Hull (2-3) et nous permet de retrouver une avance confortable (+6 pts).


Dans la semaine nous amenant à l'affrontement face à Bristol, je reçois deux mails sur ma messagerie que je m'empresse d'ouvrir. Le Nigeria et le Cameroun, qui sont totalement passés à côté de la CAN 2010 en se faisant éliminer au stade des poules, cherchent un sélectionneur en vue de l'échéance finale de la saison 2009-10 : la Coupe du Monde. La première organisée sur le continent africain et qui revêt donc une saveur particulière pour toutes les nations du berceau de l'humanité, qui aimeraient inscrire leur nom au palmarès de la plus prestigieuse des compétitions internationales. C'est dans ce cadre bien précis que deux des plus fortes nations africaines m'ont contacté. Apparemment, je figurerais sur une short-list afin de prendre les commandes d'un des deux pays. Ces courriers électroniques me demandent juste si je serais prêt à accepter la mission que chacune des Fédérations souhaite me confier.

L'emballante perspective de disputer une coupe du Monde est un rêve qui peut devenir une réalité. J'envoie donc mon accord de principe pour le Nigéria et le Cameroun. Des réponses seront données assez rapidement selon le contenu des mails. Wait & see.

Nous enchaînons directement face à Bristol à l'Ashton Gate. Les gouttes de pluie font prestement leur apparition et la qualité des transmissions de balle s'en fait ressentir. 0-0 à la pause malgré un loupé immanquable de Moore face à Keenan, ce dernier pouvant remercier Buba qui est revenu du diable Vauvert pour sauver les siens. Au retour des vestiaires, sur le coup d'envoi, des Quakers conquérants et un Dalla Valle à l'affût ont raison de nos adversaires. Le score est préservé jusqu'à la 82e et un autre corner de Bristol. West est seul à six mètres et, à bout portant, trompe Keenan. Rageant d'encaisser ce but alors que nous avions fait le plus dur et ouvrant la marque.

Cependant, des ressources inespérées donnent un dernier coup de collier à mon onze. Da Costa, très en verve, sur une contre attaque de la dernière chance, centre au cordeau pour servir Tafer. L'international algérien joue à merveille son rôle de joker de luxe et offre sur un plateau le goal de la victoire à Darlington.

Ce soir, Bristol est tombé sur une grande et valeureuse formation noire et blanche. Scunthorpe est repoussé à neuf points de nous et nous permet de voir l'horizon se dégager. Nous sommes à ce jour dix-huitièmes, après avoir doublé nos rivaux d'une soirée.

Le lendemain comme convenu, George Houghton me convoque dans son office pour une traditionnelle mise au point. Après que nous ayons échangé des banalités concernant les récentes prestations, plutôt convaincantes, de l'équipe, Houghton me proclame tout de go :


« Veissière, j'ai pris le soin pendant que vous dirigiez la séance collective de déposer sur votre bureau un nouveau contrat. Lisez-le scrupuleusement car il contient une forte augmentation de votre salaire. Certes, cette saison ne s'est pas déroulée comme vous l'aviez souhaité mais prenons le temps de réfléchir au chemin que nous avons parcouru depuis votre intronisation.

Une année supplémentaire assortie donc d'un salaire en hausse. C'est une marque de confiance flagrante de ma part. Je vous laisse libre de votre choix jusqu'à l'expiration de votre contrat actuel.

- Président, cette marque de respect me vient droit au cœur mais quand je prends une décision, je n'ai pas pour habitude de revenir en arrière.
- Vous savez, on dit que seuls les cons ne changent pas d'avis et j'espère secrètement que vous nous honorerez de votre présence, au minimum pendant trois cents soixante jours de plus.
- Nous verrons cela au moment approprié, Monsieur.
- Très bien, Veissière, vous...
- Excusez-moi de vous interrompre mais par contre, j'aurais besoin de vous pour un problème, disons, de caractère privé.
- Exposez-moi ça brièvement.
- Voilà, j'ai un souci avec mon ex-compagne et la garde de mon enfant. Vu que vous avez quelques relations assez persuasives, je pensais que...
- Ah mon cher Veissière, nous avions eu une discussion sur mes « mauvaises » fréquentations et vous aviez osé ma faire la morale... Maintenant que vous êtes dans la panade, vous voulez aussi vous en sortir de manière frauduleuse ? Vous voyez que finalement, nous ne sommes pas si opposés l'un de l'autre...
- La seule différence est que vous avez tué quelqu'un pour parvenir à vos fins...
- Un pourri jusqu'à la moelle que tout le monde rêvait de voir gésir six pied sous terre ! Allons bon, avez qui puis-je vous mettre en contact ? »



Je sais que le jeu est risqué mais Gennaro est mon seul objectif. Peu importe qui fera obstacle, je ferais front. Et même si l'engrenage peut m'être fatal, alors je veux tout entreprendre.


Pour ne rien regretter.


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Misaki
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Message par Misaki » lun. 06 juil. 2009 22:55

Bon tu nous prépares une fin de story intéressante au niveau privé.

Un nouveau challenge sportif en perspective aussi.

J'attends la suite maintenant.
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Message par Celta83 » mar. 07 juil. 2009 9:11

Ah !!! Une bonne intrigue pour terminer la saison. J'en ai l'eau à la bouche.
Sportivement dur dur mais ton changement tactique est pour l'instant bénéfique. Comme tu vas quitter le club (enfin normalement) va falloir que tu te remontes les manches pour les maintenir.
Allez, va zigouiller le paolo :87:


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Message par Dr ZOULOU » mar. 07 juil. 2009 10:24

Cool...Le temps et triste et maussade à Toulouse, les vacances sont proches mains ne m'ont jamais semblé si loignées...Bref, un petit épisode de La Saga Veissière me met de bon poil :wahoo:

J'aime ce récit haletant, cette courses contre les autres, cette course au points, où l'on se bat pour sa survie, guettant dés le coup de sifflet final, les resultats des autres équipes, priant pour que les gros assurent leur rang, bouffant les petits. On specule sur le calendrier, imaginant un potentiel de points recuperable pour chaque rencontre...

ça m'est arrivé quelquefois quand Toulouse avait pour habitude de flirter avec la relegation..

Les récits FM noue emmenent souvent vers les sommets. Pas ici. C'était un de mes fantasmes, decouvrir une plume narrant un chemin difficile, loin des projecteurs des titres, plus proches des larmes dues au stress d'un challenge non désiré...

J'ai aimé la mise à pied de Falvien. Je m'attendais à le retrouver plus tard dans l'épisode...

J'aime cette intrigue qui se met en place. Steve se retrouve de plus en plus isolé...Et il perd de sa lucidité, il met le doigt dans un engrenage qu'il n'imagine pas. Mettre les pieds dans l'envers du decor, le monde souterrain des affaires...Et il donne un moyen à son Président de lui mettre la pression plus tard...

J'adore.


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