I’m just a vague illusion,
I’m a lie you tell yourself,
That you never truly did believe,
I’m a whisper in the dark,
I’m a victim and a killer,
I’m almost ready now
But you insist that I don’t exist”
Stone Sour – Reborn – Come (What)Ever May
Les torches-cul locaux sont dithyrambiques à mon sujet ! Ca en deviens marrant presque ! J’ai déjà eu droit à plusieurs « une » qui m’ont fait doucement marrer :
« Le FC Chartres en route pour l’Europe ? » … oui, les journaleux disaient que, vu qu’on était actuellement dans une forme incroyable, grâce à ce nouveau coach qui fait des merveilles, il ne serait pas surprenant que nous ramenions la coupe de France à la fin de la saison … Bah voyons mon con ! La cathédrale ne fait pas des miracles ! Oh ! J’ai l’impression que mes gars ont déjà du mal à comprendre qu’ils sont 11 sur le terrain, je nous vois mal sortir une équipe évoluant en national, et encore moins ramener une coupe national ! Du coup, j’ai affiché l’article dans le vestiaire, ça as fait rire mes joueurs aussi.
Y’a que le Maire ainsi que son nouveau toutou, le type que j’avais trouvé con lors de l’amical contre Mons, Wilfried Lopez, qui y a cru à cet article :
« Ah ! J’aime quand les journalistes nous pondent ce genre d’article ! » Disait-il...
Bref, tout le monde est content sur la planète Chartres (oui, des fois, on a vraiment l’impression d’être sur une autre planète !), sauf moi !
Oui, je râle ! Déjà, je râle souvent, mais pour demain, je suis confronté a toute une série de problème que je n’avais pas prévu :
Pour commencer, j’ai perdu mon seul latéral droit, Mickaël Marolany, jusqu’à la mi-février prochain. C’est trop long, beaucoup trop long, pour que je colle Romain ou Bruno sur l’aile droite et que je compense avec Dalnath Miantoudila en charnière centrale. J’ai de la chance que Alex m’ai sortis un Philippe Datola de ses carnets ! A l’époque, je n’avais pas été emballé, je trouvais qu’il n’avait rien de plus que nos 15 ans, et vu l’état des finances, j’ai préféré éviter de creuser le déficit du club, c’était déjà dur d’offrir des salaires corrects aux gars, on allait éviter le carnage.
Pourtant, lorsque Mickaël s’est blessé, je ne pouvais pas prendre le risque faire jouer un gosse pendant quasiment toute la saison à l’arrière, et ainsi affaiblir la rotation de ma charnière. Le-dis Datola étant toujours sans contrat, je lui ai proposé un essai de quelques jours, à l’issue duquel je lui ai fait signer un contrat sur 2 ans ! Oui m’sieur dame ! Tout à fait ! Car le mec, il a beau ne pas être un joueur hors norme, bah je me suis planté de jugement complet ! Concentré et appliqué, il est certes pas très technique, mais compense vraiment par une grosse envie. Si il continue comme ça, je pense que j’aurais du mal à remettre Mickaël titulaire, ça va faire jouer la concurrence, j’aime !
Pour ce match, en plus d’intégrer un joueur qui n’est donc, toujours pas à 100%, j’ai d’autres problèmes :
- Mon capitaine est suspendu pour abus de cartons jaunes (pas mal hein ? en à peine 9 matchs joué !)
- Benoit Devin, titulaire sur la gauche de la défense est également suspendu, mais lui, il a préféré prendre le rouge direct, c’est plus rapide comme ça, et puis ça lui fera 2 matchs de repos ! Il sera frais comme un gardon face à Tours !
- Eric Farro est en sélection.
- Jérémy Daouk est blessé …
Donc en gros, j’ai tout le côté gauche de mon équipe à refaire, ainsi que la moitié de ma défense, ça va vite devenir comique s’t’histoire ! Alors du coup, c’est Dalnath qui récupère la place de DC avec Bruno pour assurer l’arrière-garde, Le Tapissier (c’est son nom hein !) sera titulaire sur la gauche de la défense, alors que j’ai bricolé un p’tit truc pour le milieu de terrain … En gros, j’ai fait passé Aka, mon ailier droit, sur l’aile gauche, et mis titulaire Poncet, le seul gosse de mon effectif, en espérant un retour rapide de Jérémy et Eric avant de perdre d’autres points bêtement.
Et pourtant, ce soir, pluvieuse soirée chartraines comme il y en a toute l’année, je suis là, à ressasser ce plan dans ma tête, le tournée dans tout les sens. J’ai des doutes, beaucoup de doutes, est-ce que ça va fonctionner ? Est-ce que je ne devrais pas profiter de ce match pour expérimenter une nouvelle tactique un poil plus défensive ? Je me dis que ça pourrait peut-être être pas mal d’associer Youness et Sylla en récupérateur et de laisser souffler Christophe, en vue de la coupe de France… Putain mais pourquoi je l’ai dans la tête ? … Et puis non, 3 jours après la coupe, on a un match important face à la réserve Tourangelle, j’ai besoin de Christophe à 100% donc on va … Mais merde, pourquoi elle est toujours là, dans mon esprit ? Pourquoi aujourd’hui ? Maintenant ? Et de plus en plus souvent ? … Reconcentrons-nous sur le foot, comment je m’en sors demain ? …. Mais putain comment j’la sors de ma tête elle là ? … J’en ai marre, je pète une pile ce soir, rien à foutre de la bruine d’octobre, je vais faire un tour, je vais me poser à mon lavoir habituelle, dans la vieille ville. Ca me permettras de me recentrer.
En fait, en longeant l’Eure vers le sud de la ville, nous arrivons à un carrefour entre la rue de la porte Guillaume, et celle de la tannerie. A cet endroit, le temps semble s’être figé au Moyen-Âge. Les rues sont encore pavées, un pont en pierre permet de relier la rue de la porte Guillaume à la rue du Bourg en traversant l’Eure. Une fois ce pont traversé, sur votre gauche, un escalier permet de descendre au niveau de l’eau, une sorte de mini-place toute pavée vous y attends, on peut s’y poser pour rien faire, ou pécher (le poisson hein !), ou que sais-je encore ? Dans mon cas, j’emprunte cet escalier et continue sur ma droite, sur le quai des teinturiers. Plus loin, ce trouve encore un lavoir dans lequel j’adore me poser afin de réfléchir… Enfin, maintenant, pour y réfléchir, lorsque j’étais plus jeune, je m’y posais surtout pour draguer ! Personne ne passe jamais par là, on y est bien, on y est seul, et c’est tout ce que je recherche ce soir.
Depuis qu’Inès était venue me voir pour la première fois, du temps c’était écoulé, nous nous étions revus souvent, elle aimait bien passer à la maison pour refaire le monde, discuter de tout et de rien, nous sommes devenus complice avec le temps, plus qu’avant je veux dire. Je vois souvent mes quelques amis, comme Alex ou Amandine, qui sont encore dans le secteur, mais je sors de moins en moins. Je vieillis je suppose, il m’arrive de passer prendre une bière en début de soirée avec Fabrice, mais c’est fini les vendredis et samedi soir que je passais là-bas de 18h à 3h du matin…
Inès passait me voir régulièrement, et trainait avec moi en ville des fois. Elle venait même nous voir au stade, elle s’est découvert une passion pour le foot dirait-on, et on finissait souvent la soirée dans un quelconque bar à prendre une p’tite binouze, avant de finir la soirée à discuter chez l’un ou l’autre. Elle s’était dégotée un appart’ dans a la Madeleine, située plus près du stade que mon appartement, mais comme le quartier est plutôt réputée pour ces « cités » (terme relatif, j’ai vécu aux Tarterets à Corbeil …), du coup, on finissait régulièrement chez moi. Elle avait également fait bonne connaissance avec mon lit car elle a souvent dormis à la maison. En grand seigneur, je le lui laissai le plus souvent possible et allait dormir sur le canapé. Et non bande de coquin ! Il ne s’est toujours rien passé entre nous ! Nous nous apprécions beaucoup, mais nous restons tout deux célibataires, ça nous conviens bien ainsi j’ai l’impression. Et de toute manière, je ne lui plais pas physiquement, ce qui tend également à résoudre certains problèmes.
Du coup, me revoilà ce soir, posé dans ce lavoir, à l’abri de la pluie (ça c’est comme le quartier, tout est question de relativité hein …), à pensée à elle … a Rapha en fait… Lorsque nous nous recroisons, nous nous échangeons toujours un regard, bref certes, mais un regard quand même, et bizarrement, je n’ai jamais lu la moindre once de haine dans ses yeux. Plutôt de la tristesse, le regard qui disait « mais pourquoi ça c’est finis ainsi ? », avant de recroiser les yeux de Yohan, qui, eux, transpire la haine en revanche. Et du coup … bah je suis perdu … J’aurais presque envie de retourner lui parler, de m’excusez presque … c’est bizarre, je ne sais pas... Et voilà, c’est comme ça que je me retrouve à ressasser encore une fois un passé de presque 10 ans, au lieu de me concentrer sur mon taf, autrement plus urgent. N’arrivant pas à me sortir ça de la tête, je me suis dis que me poser ici devrait m’aider à faire un point, me vider l’esprit et oublier un peu.
« Allo ?
- Ouais Cyril, c’est Inès.
- Ca va ?
- Moi oui, t’es pas chez toi ? J’me serais bien descendu une binch avec toi ce soir.
- Je suis au lavoir.
- Sous la flotte ? Qu’est ce que tu fous la ?
- J’avais besoin de m’aérer l’esprit.
- Y’a les bars et l’alcool pour ça tu sais …
- Non mais au calme quoi !
- Ah … bah y’a l’alcool pour ça !
- T’es con !
- Je sais … j’arrive.
- Ok, à toute »
Elle est arriver quelques minutes plus tard, il faut dire que je n’habite pas très loin, et qu’elle était devant mon interphone lors de son appel.
« Tiens, du coup j’ai ramené un pack !
- Et elle fait les courses en plus ! On ta déjà dis que t’étais bonne à marier toi ?
- Va chier! » Me dit-elle en rigolant,
« Tiens, passe-moi un briquet au lieu de raconter d’la merde.
- Tiens.
- Merci, qu’est ce tu racontes alors ?
- Pas grand-chose, j’essaie de penser à mon match de demain, j’hésite à aligner une équipe et j’suis venu ici faire le point.
- BIPP !! T’es pas crédible !
- Hein ?
- Quand tu veux faire le point sur du foot, tu te poses chez toi, dans ton canapé, et tu gribouilles des papiers avec des croix et des ronds … on dirait presque moi quand j’fais passer le test des tâches d’encres à mes patients. Quand tu viens au lavoir, c’est parce que t’as des soucis perso, un problème quelconque qui te tient à cœur et tu veux y réfléchir au calme … Et si t’avais pris ta gratte, je ne serais pas là car tu serais en train de draguer …
- … Putain mais … j’suis bluffé ! Comment-tu sais tout ça sur moi ?
- Bah, je t’ai reparlé de ce lavoir la dernière fois, tu y emmenais souvent Rapha selon c’est dire, et je voulais savoir pourquoi vous veniez ici … Et comme t’étais bourré, tu m’as raconté tout ce que tu faisais ici quand t’étais plus jeune, voilà … D’autres questions ?
- Euh … non, pas là non …
- Bah moi j’vais t’en poser une, mais t’as intérêt à répondre honnêtement, et sans tenter d’esquiver le sujet.
- Ou sinon ?
- Bah tu finis à l’eau, c’est toi qui choisis …
- Je t’écoute. »
Je suis curieux, même si, je ne sais pas pourquoi, j’ai bien une idée de ce dont elle va me parler, je suis curieux d’avoir son avis, de savoir comment elle va réussir à tourner sa. Mon sens de la diplomatie n’a jamais été très développé, en revanche, le sien fonctionne très bien, et elle sait me parler quand elle veut quelque chose.
« Tu penses à Rapha ?
- …
- Tu veux finir à l’eau ?
- J’ai pas été malhonnête, j’ai pas répondu !
- J’attends une réponse.
- Ok, de toute façon, ça serait idiot de te mentir, oui, je repense à elle, et c’est pour ça que j’suis arrivé ici.
- Elle m’a dit que vous y passiez pas mal de temps à cet endroit.
- Putain mais t’as quand même une sacrée mémoire toi ! V’la les détails que tu ressors quand même !
- Parce que tu crois qu’on n’en a pas parlé de ton retour ? »
Je crois que quand elle a dis cette phrase, mon visage c’est décomposé, j’avais tellement envie de savoir ce qu’elles ont pu ce dire…
« Tu passes à l’appart’ ?
- T’en as marre de ton lavoir ?
- Non, mais j’veux parler de sa au chaud avec une bonne bière … et puis j’suis trempé surtout !
- Ca marche »
Nous nous levâmes puis prirent la route de ma demeure. Je ne crois pas avoir décris mon appartement, ce n’est pas très compliqué :
Je suis au 4ème et dernier étage de mon immeuble. L’extérieur fait relativement moderne, avec le crépi refait récemment, aucune trace d’un immeuble qui a déjà près de 4 siècles d’existence. Il n’y a pas d’ascenseurs, est une bonne condition physique est nécessaire afin de monter les courses sans être essoufflés. Mon appartement de 60m² se compose d’un couloir central, et d’une grande pièce à vivre cuisine qui s’étends face à l’Eure, pas très profond, mais large. Lorsqu’on arpente ce couloir, un placard se trouve à gauche de la porte d’entrée, prêt du tableau électrique. Sur la droite, une porte donne sur une jolie salle de bain carrelé, avec baignoire, environ 10m² avec sèche serviette pour ce faire beau afin d’aller draguer … même si ça m’est pas arrivé très souvent du coup. Les toilettes sont à part, une petite pièce suffisante pour y pose un cul, mais pas deux, c’est la seconde porte à droite dans le couloir. Au bout du couloir, on trouve une pièce à vivre de 35m² avec 4 fenêtres. Ce qui donne une grande pièce lumineuse, avec une cuisine américaine. Le top ! Quand à ma chambre ? C’est la seule porte sur la gauche du couloir !
Heureusement que le chemin pour s’y rendre est court ! Parce que la bruine de tout à l’heure s’est transformée en pluie, on est trempé. On a pas décroché un mot du trajet, je crois qu’elle a essayé de me parler, mais je ne l’écoutais pas, du coup, elle a compris et n’a pas insisté. Etrangement, je mourrais d’impatience de savoir ce que mon ex à en tête, mais j’ai peur de le savoir également. Qu’est ce qui m’arrive ? Je ne suis plus avec elle, on s’est engeulé, on s’est traité de tout les noms, j’ai cherché à la rendre jalouse, à la rendre triste, j’ai essayé de lui coller une réputation de grosse s****** en ville … Et quelques années après, c’est comme si tout ce que j’avais subis n’avais jamais existé. Et je ne sais pas pourquoi, mais j’ai peur.
On est arrivé trempé à l’appart’, du coup, mon 1er réflexe :
« Tu m’excuses un quart d’heure ? Installe toi, sers toi à boire, fait comme chez toi, je vais prendre rapidement une douche, je te rejoins de suite.
- Ok, pas de soucis Cyril. »
L’eau chaude m’a fait du bien, m’a permis de reprendre mes esprits, après un quart d’heure, je suis prêt à l’entendre, à savoir ce qu’il s’est dis entre elle.
« Excuse-moi pour l’attente, alors ? Raconte-moi tout !
- T’as encore une serviette de propre ?
- Oui pourquoi ?
- J’vais prendre une douche également et j’te raconte ça alors. » Dit-elle en se levant avec un petit sourire en coin.
En passant à côté de moi, elle me dépose une bise sur la joue avant de filer dans ma salle de bain.
Je suis resté un instant béat, debout, avec également collé ce petit rictus au coin de mes lèvres. Celui qui signifie « bien joué miss ! ». J’ai eu l’impression d’avoir bloqué 5 minutes, vous savez, ce genre de moment ou le temps semble s’être arrêter. J’étais là, immobile au milieu de mon salon, à regarder bêtement le mur, sans pensée, sans réaction, sans rien … C’est le bruit de la douche qui m’a fait reprendre mes esprits. Je me suis retrouvé un peu comme un imbécile sans trop savoir que faire, par réflexe surement, je suis aller prendre une bière dans le frigo. Après l’avoir ouverte, j’en porte le goulot à ma bouche en me laissant tomber sur le canapé, un pied sur la table basse… De la musique ! C’est ce qu’il me faut ! Quelques choses de calme, histoire de me changer les idées.
Des yeux, je parcours rapidement ma discothèque personnelle afin de tomber sur le second album de Wedingoth, « The Other Side ». C’est exactement ce type de musique qu’il me faut ! Du prog’ ! Un truc calme, avec une voix féminine.
Dès les premières notes, je me laisse entrainer dans l’univers de ce combo Lyonnais, quelques arpèges de guitares saturées, une grosse batterie qui fait tâche, une voix chaude typée jazz, sans oublier une basse mélodique présente, et des orchestrations de partout. Les 25 premières minutes de l’album me font toujours autant planer ! J’en oublie l’espace et le temps, je suis dans leur monde… Et dans le mien également ! J’ai rejoins Wedingoth après la tournée de cet album, lors de la composition du troisième album. L’univers et les influences de Steven, le guitariste, me correspondait parfaitement, et, avec mon autre projet, j’avais pris l’habitude de toujours enregistrer ma batterie chez lui. Nous avons passé plusieurs week-end ensemble, dans son studio, à enregistrer et retravailler le son de ma batterie, et lorsque Wedingoth à perdu tout ses membres après The Other Side, il m’a proposé d’en devenir le batteur. Nous nous connaissons bien, et je n’ai pas pu refuser…
« T’avais raison, ça fait du bien une douche »
Je me suis redressé sur le canapé et regarda derrière moi afin de la voir arrivée … simplement vêtu d’une serviette qu’elle avait noué autour d’elle … putain qu’elle était belle !
« Ferme la bouche tu gobes les mouches !
- Non mais pour un vieux célibataires comme moi, ce n’est pas habituelle de voir une jolie fille dans mon appart, et encore moi lorsqu’elle est seulement vêtu d’une serviette, si j’étais cardiaque, j’aurais fait une attaque là !
- T’es con tu sais ?
- Oui, mais bref, je crois qu’on était sur le point de parler de quelque chose non ?
- Tu tiens vraiment à ce qu’on en parle ?
- Oui.
- Ca t’apportera quoi ?
- Je ne sais pas, je suis partager entre l’envie de la revoir, de me dire que non, je ne peux pas clôturer deux ans de vie de couple avec quelqu’un de cette manière, surtout quand ça coïncide avec la fin de mon adolescence. Et je n’ai pas envie de savoir, en me disant que c’est fini, et que ça ne sert à rien de remuer le passé.
- Et que crois-tu qu’elle pense elle ?
- J’en sais rien, je n’ai pas envie de rentrer dans sa tête, le monde des bisounours ce n’est pas mon truc tu sais.
- Elle, elle pense que ça l’emmerde tout ce qu’il s’est passé.
- Hein ?
- En fait, elle aimait la petite bande que vous formiez tout les 3.
- Je comprends rien là.
- Toi et Yohan vous étiez comme des frères, et elle, elle se sentait presque la petite sœur que vous protégiez tout les deux.
- Putain l’inceste … c’est moche là !
- Ta gueule et écoute moi. Je ne suis pas rentré dans des histoires de sentiments avec elle, elle est trop fleur bleue pour ça, et tu m’connais, c’est le genre d’histoire qui m’emmerde.
- Ce qui explique d’ailleurs ton célibat à toi aussi.
- Tu cherches les beignes toi hein ?
- J’déconne va ! Continue s’il te plait.
- Je sais qu’elle aimerait bien te revoir, que vous puissiez discuter, enterré la hache de guerre en quelques sorte. Elle tenait vraiment à votre petit clan, et je crois qu’elle n’a jamais été capable de choisir entre vous deux. Mais vu comment vos dernières retrouvailles ce sont toujours passé, elle n’ose pas faire le premier pas. Si tu veux la revoir, il faudra que tu la rappel.
- Non.
- Pourquoi non ?
- Et pourquoi la rappeler ? Pour revivre ce que j’ai vécu il y a quelques années ? Elle vit dans un monde de bisounours ou tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Elle se voile la face et systématiquement ça va partir en sucette. Alors la revoir elle, ok, éventuellement, seul à seul, pour clôturer notre histoire. Mais les revoir tout les deux, les « excusez » et renouer des liens avec, mais ce n’est pas la peine d’y compter ! Ils m’ont pourri comme pas permis, enfin non, c’est pas au pluriel ! Autant elle ne me défendait pas, mais elle ne me cassait pas du sucre sur le dos. C’est lui surtout qui m’a pourris.
- Alors pourquoi tu ne la reverrais pas elle ? Juste elle, je ne te parle pas de lui là. Tu y penses en plus, c’est pour ça que t’as pris l’eau ce soir, ça te ferais du bien tu ne crois pas ?
- Peut être oui … Je ne sais pas en fait … est-ce bien bon de remuer le passé ?
- Parce que tu préfères rester avec tes interrogations actuelles ? Tu préfères rester à t’imaginer un dialogue que tu pourrais avoir avec elle plutôt que de le vivre et de refermer cette vieille histoire ? »
J’ai de nouveau le regard dans le vague, un peu désarçonnais par ses phrases. Elle n’a pas forcément tord dans ce qu’elle me dit, mais j’ai peur de réveiller de vieilles blessures un peu plus… Puis j’ai peur de … non, ce n’est pas possible de toute manière. Trop de temps s’est passé et pourtant … j’ai peur de retomber dingue d’elle dès ses premiers mots…
Je n’ai jamais rien pu lui refuser à cette fille. Petite brune d’un mètre soixante-huit environ, elle avait des cheveux noirs mi-long qui lui descendais aux épaules et encadré un visage fin. A l’intérieur de cette écrin de peau, on y distinguer deux pierres précieuse bleu qui vous percent jusqu’au plus profond de votre âme.
Cette fille, c’est comme un objet précieux que vous voulez constamment serrer dans vos bras en prenant bien soin de ne pas le casser, elle parait tellement fragile et sensible de prime abord. Dès qu’elle prononçait une phrase de sa douce voix, automatiquement, mon cœur fondait et je ne pouvais jamais rien lui refusait… Pendant deux ans avec elle, dès que je tentais de lui dire non, elle me répondait un simple « oh » en prenant une voix triste et me regardant avec la mine basse … et simplement le fait de lire la déception dans ses yeux me faisait changer d’avis aussitôt. Voilà de quoi j’ai peur, je sais que face à elle, j’ai beau avoir le plus gros caractère du monde, il ne me sert absolument à rien, car face à elle je ne peux, et je n’ai jamais rien pu lui refuser d’ailleurs …
Je me dirige vers le buffet pour en sortir un Knockando, gentil petit whisky, 18 ans d’âge, ainsi qu’un verre, je crois que je vais en avoir besoin pour réfléchir à ça…
« Tu veux bien m’en servir un verre également s’il te plait ?
- Tu aimes le whisky toi maintenant ?
- J’ai grandis tu sais.
- Avec ou sans glaçon ?
- Sans.
- T’es une fille bien tu sais ! »
J’esquisse un sourire en disant ces mots. Elle me plait cette fille, elle m’éclate même, j’adore passé du temps et discuter avec elle, on a plus ou moins les mêmes gouts et centre d’intérêts, ou du moins, on arrive a ce supporter mutuellement. Profitez de la vie, voilà ce qui nous anime tout les deux.
Je me rassois à ces côtés et nous trinquons en allumant une clope … Dehors, la pluie s’est arrêté, découvrant un ciel noir intense, seule la lune pleine nous se distingue dans la nuit. En bords de rivière, la lumière des lampadaires de la rue en face se reflète dans mes vitres. La lumière est tamisée chez moi, juste une lampe près de la télé nous éclaire.
Nous sommes bien, tranquille tout les deux, au calme dans mon appartement, avec toujours Wedingoth en fond sonore et sa tête sur mon épaule. Par réflexe je suppose, j’ai passé derrière sa nuque et lui caresse les cheveux … enfin les dreads quoi. Il s’ensuivit un long silence entre nous, notre regard errais par la fenêtre, à observer le néant. Ce silence, c’est moi qui le rompis :
« Tu aurais son numéro ?
- Tu t’es décidé à la revoir finalement ?
- Au pire des cas, ça confirmera qu’on a bien fait de se séparer il y a deux ans, au meilleur des cas, ça me permettras d’enterrer cette vieille histoire et de se croiser sans faire comme si nous ne nous connaissions pas.
- Je te laisserais son numéro, pas de problème, par contre, appel là courant de semaine prochaine, je sais qu’il est en déplacement.
- Tu aurais fait une espionne hors norme Inès ! Merci pour tout ma belle. »
En lui disant ces mots, je ne pus m’empêcher de lui déposer un baiser sur la joue, auquel elle répondit en m’embrassant … relativement longtemps d’ailleurs.
« Mais … attends, je ne te comprends pas là ?
- tu n’est pas célibataire ?
- Si, bien sur que si, pourquoi ?
- Tu me connais depuis assez longtemps pour savoir que je n’aime pas les histoires qui durent plus d’une soirée…
- Ok, j’ai compris le message »
La suite … je pense qu’elle se passe de commentaire. La nuit fut longue et courte à la fois, et rarement mois d’octobre fut si chaud à Chartres. Et voilà ce que j’aimais par-dessus tout avec Inès : Pas de prise de tête !