Used to be afraid to let it show
Bow down
I'm in a much better place now.»
In Flames - The Quiet Place - Soundtrack To Your Escape
Voilà, en gros, le discours que Rapha m’avait tenu après être ressortis de sa douche. Je restais donc dans l’expectative et me contentais d’acquiescer à sa demande. Promis, je n’en demanderais pas plus pour l’instant, je sentais que ça basculait de mon côté, que ma vengeance commençait enfin à se dessiner. Des années à ruminer ce qui c’était passé. Des années à ressasser le fait que mon meilleur ami, mon frère même, m’avais trahis avec ma copine, celle à qui je confiais tout, qui connaissait beaucoup de mes secrets. C’était en marche, c’était de retour, je reprenais la main, je renaissais de mes cendres.
On a donc profiter de la fin de matinée chez moi, tranquillement, je lui proposais de faire une petite bouffe sympa avant d’aller à Rennes, et de lui faire découvrir le petit marché de Goven, qui se tenait place de l’église. Du saumon à l’oseille avec sa jardinière de légume, un vin blanc des pays de Loire dans les verres (et de la villageoise pour le poisson), un truc au final tout simple, mais qui lui a fait plaisir je crois, on riait comme des gosses à éplucher les légumes, j’étais juste interrompue 10 minutes par mon président, m’annonçant que pour la saison à venir, nous ne serions plus dans le même groupe de CFA2, nous passions dans le groupe H ou il y allait avoir un derby chaud brûlant face au … FC Dreux … (ça vends du rêve là non ? … non ? … tant pis …)
En effet, le club formateur de Patrick Vieira (ça fait bizarre de l’écrire quand même) végétait dans la même division que nous depuis des années, sans jamais qu’on se rencontre, alors zou ! Cette fois c’était la bonne ! Un coup d’œil rapide sur le site de la FFF m’indiquait qu’en plus, ce groupe était tout à fait à notre portée ! C’en était fini des déplacements à Nantes, à Limoges, cette année, nos plus coriaces adversaires s’appellerais… le Paris FC réserve ! Et c’était la seule réserve dans notre division. Plus de déplacements en région parisienne ou en Normandie, voir l’entrée de la Bretagne, mais c’est tout. On retrouvera les promus Versailles, Le Mont-St-Michel, Bourges et Mantes-La-Jolie et le Paris FC réserve en relégué de la CFA. Sinon, des matchs couperets contre … Dreux (mouahahah !), Vierzon, Argentan, Evry ou même Ivry. Bref, ça y’est, cette fois, y’a moyen ! Je suis presque sur que la montée est possible ! On peut y arrivée ! On doit y arrivée même !
On est partis pour Rennes en début d’après-midi, sous un chaud soleil Breton (… allez-y ! moquer vous !), puis nous avons flâné en centre ville, fait quelques magasins en ce début juin, glandouiller place du parlement, trainer les quais, fait un tour dans le vieux Rennes, et harassé, on s’est posé vers 17h au Barantic, rue St-Michel, et on a patiemment attendue les 2 gus qui devait arrivé vers 20h30 – 21h … Bah du coup, on est descendu un poil plus bas pour ce taper un p’tit restau … que je lui ai offert cette fois.
Lors de la fin de notre relation, je lui ai beaucoup reproché qu’il n’y avait plus de dialogues entre nous, on ne se parler plus, nous faisions les choses machinalement, comme si nous restions ensemble par confort. Yohan avait déjà commencé son travail de sape et je crois qu’il avait installé le doute dans sa tête. Je crois que c’était déjà fini, et qu’elle cherchait le meilleur moyen de me quitter sans me faire trop souffrir, et moi, je ne voulais pas partir, finalement ça a été tendu plusieurs mois, avant qu’elle ne prenne son courage à deux mains pour m’annoncer que c’était fini entre nous. Mais pas aujourd’hui, pas ce soir, pas ici, nous étions à nouveau complices comme aux premiers jours de notre relation, voir même aux premiers jours de notre rencontre. Quand aucuns autres sentiments que le « cette fille est adorable et super mignonne également ! » ne viens ternir nos pensées.
Nous avons retrouvé les potes, nous avons passée une excellente soirée tout les 4, tout les 5 plutôt, Colin étant venu avec Agathe, sa copine, et c’est lors d’un moment ou nos femmes sont partis acheter des clopes plus haut que les 2 me prennent à part :
« Cyril, on s’posait une question avec Nath.
- Laquelle ?
- Vous vous êtes remis ensemble avec Rapha ? »
J’ai manqué de recracher ma bière, surpris par cette question à laquelle je ne m’attendais pas.
« Bah … non … Elle est toujours avec l’autre enfoiré pourquoi ?
- Vous avez l’air tellement proche, tellement complice qu’on a eu cette impression. T’es sur que ça va avec son mec ? Et il est où d’ailleurs ?
- J’en sais rien écoute, elle m’a appelé pour savoir si elle pouvait venir me voir, j’ai dit ok, elle a débarqué hier soir, et elle n’a toujours pas voulu me dire ce qu’il se passait, et je sais même pas si il est au courant lui.
- ‘Tin à sa place je ne sais pas comment j’aurais réagis.
- Le connaissant assez bien, il a du péter une pile, et je pense qu’elle n’est pas pressé de l’affronter à nouveau m’enfin … allez, changeons de sujet, les revoilà. »
La soirée passa donc ainsi, je ne buvais pas trop ce soir, je conduisais, et c’est une Rapha plus que fortement éméché que je ramenais à la maison … une Rapha plus tactile que je ne l’ai jamais connu (enfin plus depuis un moment quoi…) mais c’est moi qui repoussait ses avances. Malgré toute la haine que j’avais envers lui, je ne m’abaisserais pas à lui faire le même coup qu’il m’a fait, ça serait trop facile, ça serait trop rapide, je veux qu’il se retrouve dans le même état que moi lorsque j’ai quitté Chartres, mentalement, il doit être détruit ! Il n’y aura pas de cadeau, pas de pitié… Et ce soir, pendant que Rapha rejoins Morphée dans ma chambre, je tourne dans mon salon, non, je n’ai pas sommeil, je suis heureux, plein d’adrénaline. Ca y’est Yohan, cette fois ci je te tiens et je ne te lâcherais pas ! Du coup, In Flames en musique d’ambiance, une clope, et on allume l’ordinateur pour m’adonner à un vieux passer temps que je n’avais pas repris depuis longtemps : Football Manager 2011 !
La nuit fut longue pour une fois, couché vers 4h, je me réveille vers 10h (si, pour moi, c’est long !). Rapha dormait toujours, c’était déjà une marmotte avant cette fille, ça n’a pas changé tant que ça au final. Niquel cependant, ça me laissait le temps de me préparer tranquillement pour aller chercher le pain et des clopes pour une nouvelle journée ensoleillé ici. A mon retour, elle était réveillé, et avait refait couler du café « au cas où » me dit-elle. On avait rien prévue de particulier aujourd’hui, juste allé glandouiller sur les plages Morbihannaises.
Puis c’est aujourd’hui qu’elle avait choisis de m’expliquer un peu ce qu’il se passait en ce moment, ce qui l’avait motivé à venir me rejoindre en Bretagne pendant quelques jours :
« Je crois que je te dois une explication non ?
- Oui, j’avoue que ça répondrait à pas mal de questions que je me pose, mais ne te sens pas forcé non plus hein.
- Non mais t’inquiètes pas, il est temps que j’en parle de toute manière.
- Alors je t’écoute.
- Voilà, tu sais, quand on parlait de ses crises la dernières fois et que je te disais que ça le reprenait de plus en plus souvent, c’est aller en empirant, au point que toutes les nuits ou nous étions ensemble il se levait durant la nuit en faisant une crise, il me faisait peur ! Vraiment peur !
- Et tu lui en as parlé ?
- Oui, au bout de 2-3 nuits à pas ou peu dormir, je lui ai demandé ce qu’il se passait, il m’assurait que tout aller bien, que j’avais du rêver car il ne s’était jamais rien passé…
- Quelqu’un d’autre est au courant ?
- Inès, à la fin de la première semaine, j’ai définitivement pris peur, et elle ma laissé un double de ses clefs, du coup, ça fait quasiment un mois qu’on fait « chambre à part » puisque je vais dormir chez elle quasiment tout les soirs en ce moment. Cyril, là, j’ai vraiment peur ! Je suis resté quelques soirs à l’écouter parler.
- On ne parle pas le latin.
- Il parle bien français ! Il parle de guerre, de meurtre, de ravage, il parle de nuire à l’homme par tous les moyens qu’il peut. Il dit qu’il n’a qu’un trésor à protéger, mais je ne sais pas de quoi il parle.
- Et … l’histoire dont tu m’avais parlé dans le grenier ? T’es allé voir ?
- Non, un soir, pendant sa crise j’ai essayé d’aller voir, mais il m’a vu, il s’est mis dans une colère terrible et m’a ordonné de revenir ici avant qu’il ne s’occupe de mon cas selon ses mots … tu sais comment il est dans ces cas là, il est intenable… J’ai eu peur, et je n’ai plus retenté d’aller voir ce qu’il y a dans ce grenier.Ca fait quasiment un mois que ça dure et j’en arrive à être heureuse quand il est en déplacement. C’est plus le Yohan que j’ai connu, qu’on a connu, il est irascible au possible, un rien l’énerve et il devient de plus en plus violent dans ses discours et dans ses actes, il ne voit plus personne en ce moment, il ne me laisse même plus sortir pour chercher le pain !
- Oh ! T’as essayé de l’envoyer chier la dessus ? T’es adultes, tu sors quand tu veux non ?
- Cyril … Il me fait trop peur …
- Et c’est donc ça qui t’as poussé à venir frapper à ma porte l’autre soir avant de venir ici ?
- Oui.
- Mais … pourquoi tu n’es pas allé te réfugier chez Inès ?
- C’est la première chez qui il serait allé chercher, j’ai besoin de faire le point sur mon couple, je ne peux pas rester avec lui dans ces conditions, ce n’est pas une vie ! alors que toi, il ne sait pas ou tu habites, et il ne serait pas allé chercher chez toi. Quand je suis partis, il était en déplacement, il n’a du rentré que hier, quand je suis arrivé chez toi.
- Tu lui as dis ou tu aller ? Tu l’as prévenu ? Tu lui as dis quelques chose au moins ?
- Je lui ai dis que j’étais en déplacement, que je n’avais pas de réseau et que je ne savais pas quand je rentrerais, je sais, c’est nul, mais je n’ai pas envie de lui dire ou je suis, ni avec qui je suis, ni de lui dire quoique ce soit, j’ai juste besoin de mettre de la distance entre lui et moi en ce moment… Je suis désolé d’avoir débarqué comme ça à l’improviste, je suis désolé de venir contrarier tes plans, je suis désolé de venir squatter chez toi comme ça, mais je ne pouvais pas allez chez Inès, c’était trop près, je ne veux pas rester à Chartres en ce moment, et quand tu m’as dis que tu étais en Bretagne, c’était juste parfait… Je suis encore une fois sincèrement désolé ! »
A ce moment là, elle éclata en sanglot. Elle devait vraiment souffrir de cette situation en ce moment et je pouvais lire tout son désespoir à travers ses larmes, à travers son expression… Alors cette fois ça y’est, il a définitivement tourné la carte ! Je n’ai nul besoin d’en savoir plus pour comprendre qu’il se sentait en danger, menacer par quelque chose qu’il ne maitrisait pas, et qu’il ne comprenait pas, et il avait peur. Je me suis levé et rapproché de Rapha pour aller l’enlacer, je sentais qu’elle avait besoin de moi, mais j’avais encore besoin de savoir quelques choses.
« Ecoutes, tu n’as pas besoin de t’excuser pour ça, il n’y a aucun problème et je suis même très content de t’accueillir chez moi, tu y es la bienvenue et tu peux y rester aussi longtemps que tu veux. Par contre, il va quand même falloir que je te pose plusieurs questions, j’ai besoin que tu y répondes le plus sincèrement possible. Ok ?
- Vas-y, je t’écoute.
- Qu’est ce que tu lui as dis sur moi ?
- C'est-à-dire ?
- Il sait qu’on se revoit souvent ? Il sait qu’on s’écrit régulièrement et qu’on est souvent au téléphone ensemble ? Il sait qu’on fait des soirées tout les 3 avec Inès ?
- Il sait qu’on s’est revus quelques fois et que j’ai ton numéro, je l’ai d’ailleurs noté au boulot quand je me suis aperçue qu’il me l’avait supprimé plusieurs fois de mon répertoire, il ne sait pas que tu as revu Inès et que tu as couché avec … non ne le nie pas je suis au courant, mais on s’en fout de ça. Il ne sait pas que je connais ton adresse, mais il sait qu’on s’est souvent eu au téléphone et par sms …
- Et … ça ne lui plait pas je suppose ?
- A ton avis ?
- Ouais, je me doutais, donc en gros, il ne suppose pas qu’on se voit souvent, mais il sait qu’on a repris contact ?
- Voilà c’est ça.
- Il n’a pas essayé de te joindre depuis que tu es là ?
- Je ne sais pas… je … j’ai coupé mon téléphone, je ne voulais pas de nouvelle, je n’en veux toujours pas.
- Il faut que tu le rallumes je pense.
- Non !
- Si, il faut que tu affrontes ses messages, et que tu vois l’état dans lequel il peut être. T’inquiète pas, je reste avec toi.
- Mais s’il n’a pas appeler ?
- Je n’y crois pas une seconde.
- Ok, je vais chercher mon téléphone.»
Il doit être dans un état de nerf incroyable le Yohan, tel que je le connais, il doit y avoir une dizaine de messages sur son répondeur, avec une petite voix mielleuse au début, puis de plus en plus colérique au fur et à mesure qu’il ne reçoit pas de nouvelles. De toutes façon, nous serons bientôt fixé puisque la voilà qui reviens.
Elle ralluma son portable puis le posa au milieu de la table, le regardant anxieusement, attendant le verdict, attendant de savoir combien de message son répondeur afficherait. Je pouvais lire la peur sur son visage, elle était vraiment terrorisé par cet homme, j’ai même l’impression qu’elle commençait à se rendre compte qu’elle vivait depuis tellement d’année avec un type qui jouait un rôle, et qu’au final, elle ne connaissait pas du tout. Au final, c’est 7 messages qui s’affichèrent, comme je l’avais pressenti, du plus calme, pour prendre des nouvelles, au plus violent, pour lui promettre des horreurs atroce s’il n’avait pas rapidement des nouvelles. Le dernier était particulièrement violent, il menaçait de lui arraché les yeux et de faire de sa vie un enfer si jamais elle le trahissait, et dans le même temps, il terminait en disant « je t’aime mon trésor ».
Lorsque l’écoute fut terminer, nous nous sommes regarder, puis elle se mit à nouveau à pleurer, c’était nerveux je crois, elle ne supportait plus ça. Elle ne tenait plus toute la pression qu’il lui faisait subir.
« Je peux rester avec toi jusqu’à ton retour à Chartres ? » Me demanda-t-elle
« Bien sur, aucun souci »
Son téléphone se mit à sonner, Yohan tentait à nouveau de la joindre, je vis son visage pétrifié regarder le combiné.
« Ca t’arrive de ne pas parler quand il t’appel Rapha ?
- Oui pourquoi ?
- Je vais répondre alors »
Je pris le téléphone et décrocha, depuis longtemps, je n’avais pas entendu la voix de mon ennemi. Comme prévue, je ne dis pas un mot.
« Ecoutes Rapha, je ne sais pas ou tu es, mais j’ai besoin de savoir ce qu’il se passe, tu as du réseau, parles moi putain ! Qu’est ce tu branles ? J’ai été voir ta mère, même elle ne sait pas ou tu es ! » Instinctivement, en prenant une voix plus grave qu’à l’accoutumé, je lui répondis :
« Ne cherches pas à le savoir » Je sentis un instant d’hésitation, visiblement surpris, il ne s’attendait pas à avoir une voix d’homme au téléphone.
« Qui es-tu espèce de fils de pute ? Qui es-tu ? Ou es-tu ? Je te promets que tu va regretter d’être né si jamais tu t’en es pris à mon trésor !
- Pauvre fou crois tu vraiment me faire peur ? Tu n’as aucune idée de qui je suis.
- Cyril tu va crever ! Je te jure que je débarque chez toi pour te fumer connard !
- Tu n’as pas réussi à l’avoir jusqu’à présent et ce n’es pas aujourd’hui que tu vas commencer ! Nous sommes déçus de tes services, nous pensions pouvoir te faire confiance, mais nous nous sommes trompés, tu es déchus !
- Qui … qui es-tu ?
- Tu le sais ! Ne cherches plus Raphaëlle, nous nous en occuperons, et tu auras des nouvelles quand nous le jugerons opportuns.
- Ou es-tu ?
- Nous sommes … Dans l’empire de Lir »
Je raccrochais le téléphone sur cette phrase, laissant tout le monde surpris.