Ca me plait bien pour le moment, mais j'ai hate de pouvoir rentrer dans ma partie, car la pour l'instant je n'ai fait que la créer...
10 Août 2011 - Hong Kong - 4h15 (heure locale)
Installé confortablement et pourtant de moins en moins à l'aise, les questions tournoyent dans ma tête dans un tumulte incohérent. S'il souhaitait me déstabiliser, l'objectif est pleinement atteint. Une proposition. Quelle proposition?
Je suis toujours déstabilisé par les vacances mêmes que Li Ka-Shing, un milliardaire que je ne connais pas, s'est décidé à m'offrir en échange de cette discussion avec Ozhora et lui, et en 10 minutes, sur la base de mes propos et d'une lubie passagère, il décide d'acheter un club de foot, en France, et de surcroit celui que je supporte, dans cette ville de Bordeaux qui m'a vu grandir... Tout ça pour régler un conflit d'honneur semble-t-il...
Au vu de notre brève discussion, il m'est pour l'instant difficile de cerner pleinement ce personnage. Mon instinct m'indique néanmoins qu'un homme qui a grandi en Chine dans une famille pauvre et qui est arrivé à se construire un empire tel que celui que j'ai pu apercevoir sur Internet hier soir, en cherchant quelques informations sur mon futur hôte, reste probablement un homme à craindre, ce que son charisme et l'attitude de son accolyte me semble confirmer.
En effet, celui-ci paru à ce moment également surpris de la tournure que prenait les événements, Ka-Shing n'ayant visiblement pas décidé de dévoiler par avance l'intégralité de son plan à Ozhora avant cette discussion. Si le rictus de son visage exprimait toute l'inquiétude des évolutions non prévues, il ne se permit aucune question ni aucun commentaire, attendant le moment ou Ka-Shing dévoilerait ses intentions.
D'un ton que je cherche à assurer le plus neutre possible, afin de masquer mon désarroi, je l'interroge en retour :
- Une proposition ?
- Voyez vous, si je suis actuellement un des 10 hommes les plus riches du monde et le citoyen le plus puissant et le plus respecté d'Hong-Kong, c'est en partie du à un principe de base qui a guidé ma vie : "Quand le cœur n'y est pas, les mains ne sont pas habiles" qui signifie que l’homme est un piètre exécutant et un piètre créateur quand la motivation et le plaisir lui font défauts. En clair, je veux dans l'équipe dirigeante de ce club un homme qui soit un supporter avant tout, motivé par la réussite du projet et non par des intérets personnels.Nous avons l'argent mais il nous manque des connaissances de base sur le football français. J'ai fait faire hier des recherches sur vous. Vous avez à 29 ans un parcours d'ingénieur qui occupe actuellement des fonctions d'encadrement dans l'administration française. Vous avez donc déjà eu une expérience de management, et elle semble, à ce qu'on m'a rapporté, réussie. Vous êtes également quelqu'un d'affranchi aux règles de confidentialité. Je n'irai par pas quatre chemin, voulez-vous être de l'aventure?
Estomaqué par la proposition, et sans aucune idée de ce que Ka-Shing entendait par "être de l'aventure", je tournais mon regard sur Ozhora qui paraissait encore plus surpris que moi. Revenant à Ka-Shing, je pus apercevoir sur son visage l'expression d'un homme jubilant de l'effet qu'il venait de provoquer et par la maitrise actuelle qu'il avait de la situation.
Il se leva, se servit un verre de château Latour, et nous regardant tous deux successivement s'adressa à nous :
- Mr Ozhora vous allez vous occuper dès cette nuit de contacter les actionnaires actuels du clubs afin que nous puissions acquérir une majorité des droits sur ce club. Une fois ce problème réglé, vous prendrez les fonctions de Président du Club.
Ozhora sembla hésitant, puis, devant la détermination du ton exprimé par Ka-Shing, répondit simplement :
- Bien Monsieur.
- Mr Tsubie, si vous acceptez de nous rejoindre, je vous demande de nous proposer, à Ozhora et à moi, un projet stratégique sur la manière dont nous devrons organiser et gérer ce club pour qu'il devienne le meilleur d'Europe
- Mais Mr Ka-Shing, je n'ai pas les compétences que vous recherchez et, malgré tout l'intérêt que je porte à votre proposition, je ne suis pas sur d'etre l'homme qu'il vous faut.
- Les compétences qui vous manquent, nous nous les adjoindrons. Je veux seulement connaitre votre motivation pour ce projet. Je vous jugerait ensuite en place... Vous avez une heure pour donner votre décision à Ozhora. Si vous acceptez, je veux votre projet stratégique ce soir à 22 heures dans mon bureau. Et n'oubliez pas d'y joindre un organigramme potentiel dans lequel vous indiquerez la place que vous pourriez occuper.
Sur ces paroles, il bu son verre, se retourna et partit se coucher. Je me retournais vers Ozhora.
- Il ne m'avait rien dit de tout cela, mais l'idée peut-être bonne. Pour autant, il faut que je vous avertisse, vous n'aurez pas beaucoup de droit à l'erreur, et Ka-Shing n'hésitera pas à vous remercier si dans cette opération Al Thani se trouve meilleur que lui.
- Je peux donc tout quitter pour une simple mission de 3 mois.
- C'est une possibilité... La décision vous revient. Pour ma part, je dois aller tout de suite prendre contact avec la France pour cette affaire. Rapellez-moi dans l'heure car sinon, je devrais trouver quelqu'un d'autre pour préparer le projet.
- Bien, je vous recontacte dans l'heure.
De retour dans la limousine qui m'emmène au Mandarin Oriental, je réalise l'incongruité de ma situation. Comme tout supporter, j'ai révé de pouvoir tout plaquer pour hisser mon club favori vers les sommets de la hiérarchie, mais de la à franchir ce cap. En suis-je capable?
10 minutes sont déjà passées quant je pénétre le hall de cet immense hôtel. Le luxe environnant m'éblouit, alors même que les premières lueurs du jour semblent perceptibles à l'extérieur. La réception m'indique la suite qui est la mienne, une suite royale située au dernier étage que je gagne par un ascensceur luxueux.
15 minutes...
Ma femme me saute au cou quand je pénétre dans la suite dans laquelle se trouve encore Chan et Enzo qui ont décidé de patienter avec elle pour attendre mon retour. Elle est dans un état d'excitation folle au vu des vacances qui s'offrent à nous et souhaite me montrer toutes les folies dont la suite est équipée.
Mais Chan vient d'abord à ma rencontre et me remercie d'avoir accepter l'invitation de son grand-père et s'excuse de la rapidité et de l'impatience avec laquelle j'ai été amené dans le bureau de Li. Je la rassure immédiatement, et, en confiance avec les personnes présentes, relate tout l'entretien dans ses moindres détails.
40 minutes...
Le silence règne dans la pièce à la fin de mon récit. Je regarde ma femme, nous échangeons un regard complice, conscient du risque à prendre à 2, de la potentielle perte d'une situation stable et l'engagement dans une vie bien différente, faite de nombreux déplacements et d'une pression médiatique importante. Je sais bien que cela n'est pas son monde, elle qui aspire a une vie simple et heureuse, sans fioritures ni strass. Notre regard nous permet de partager simultanément cette réflexion, les pour et les contres quant soudain, elle pourfend le silence d'un simple :
- Vas-y ! C'est ta chance !
- Tu crois?
- Il faut savoir prendre ce genre de risque !
Un regard vers Enzo et Chan qui assiste à la scène, incrédule de partager un moment aussi important de notre vie et de l'urgence dans laquelle cette décision doit être prise.
- OK, j'appelle!